Voici une planche sur le « Tableau de Loge » dénichée sur le site de « Temples, Chemins et Parvis« 

Le Vénérable Maître : « Frère Expert, ouvrez le Volume de la Loi Sacrée, faites apparaître les Trois Grandes Lumières et tracez le Tableau d’Apprenti. »

Le Frère Expert ouvre le Volume de la Loi Sacrée de préférence au prologue de l’Evangile de Saint Jean et dépose l’Equerre sur le Compas.

Ensuite, il trace ou déroule le Tableau de Loge sur le Pavé Mosaïque entre les trois Piliers.

Les commentaires précédents ont concerné les Trois Grandes Lumières représentant la fonction créatrice du Principe, puis le Pavé Mosaïque qui évoque le processus cosmologique, formateur de la Manifestation Universelle.

 Il nous reste, pour en terminer avec cette séquence du rituel d’Ouvertures des Travaux, à considérer maintenant le Tableau de Loge.

Remarquons tout d’abord qu’il est situé au centre de la Loge, donc dans un lieu où il est visible par tous les frères comme un repère indispensable à ne pas quitter des yeux, et dans un espace consacré dont la surface n’est jamais parcourue lors des circumambulations des Frères se déplaçant dans l’atelier et qui est un reflet du Saint des Saints du Temple de Salomon.

Cette position dans une zone sanctuarisée qui devient le temps d’une Tenue le « centre du monde » lui confère une importance essentielle ; c’est en effet là que l’axe polaire unissant le Ciel et la Terre, et par lequel se manifeste l’action de présence du Grand Architecte, traverse notre plan d’existence.

C’est le caractère sacré du lieu qui permet de comparer le Tableau de Loge aux tapis en peaux de bêtes du Tabernacle et au voile qui recouvrait l’Arche d’Alliance, tels qu’ils sont décrits dans le livre de l’Exode. Il aurait une fonction protectrice vis-à-vis des Frères, leur épargnant un contact direct avec la violence de l’irruption du Sacré dans notre monde et leur évitant l’effroi de la perception du Tout Autre.

La localisation centrale nous rappelle analogiquement que c’est au plus profond de soi-même, dans « la caverne du cœur », que réside le germe spirituel qui, de même nature que le Principe nous y relie et nous rend possible sa Connaissance. A ce propos, une distinction assez claire entre l’exotérisme et l’ésotérisme est que le premier propose de se tourner vers des supports extérieurs sacralisés alors que le second invite à trouver le Sacré dans notre propre intériorité. Dans une bonne complémentarité, le premier représente le symbole de ce que révèle le second ; c’est toute la différence qui existe entre le mot et l’idée ou entre le symbole et ce qu’il évoque.

Si le Pavé Mosaïque, en raison de son aspect, a pu être rapproché des labyrinthes dessinés sur le sol des églises, c’est le Tableau de Loge qui est véritablement l’équivalent de ceux-ci. Exposant les symboles du degré auquel les Frères travaillent, il constitue bien une figuration des moyens, des étapes et du but du cheminement de l’initié, tout comme le labyrinthe représentait le « Chemin de Jérusalem » menant le fidèle au Lieu Saint.

Ainsi, pour ceux qui possèdent l’état de connaissance correspondant au degré considéré, le Tableau de Loge, surmontant la dualité du Pavé Mosaïque, affirme la possibilité d’une réintégration dans l’unité du Principe et figure « la voie qui nous est tracée ».

Il est vraisemblable qu’avant d’être un « tapis de loge » transportable, décoré des symboles du degré, le Tableau de Loge était tracé à la craie sur le sol des salles d’auberge où se réunissaient les premiers maçons spéculatifs puis effacé avec une éponge à la fin de la Tenue.

Actuellement, dans certains ateliers comme le nôtre, le Tableau de Loge est tracé lors de l’ouverture rituelle des Travaux. Cette pratique favorise la mémorisation des symboles par tous les participants et permet à chacun de se les approprier, de les porter avec lui en permanence et en tous lieux. Il en résulte une proximité par laquelle les symboles interpellent et sollicitent celui qui les abrite, l’incitant à la réflexion et lui permettant de n’être jamais seul sur le Chemin.