Le Soleil est un symbole très fort, tellement fort qu’il a tendance à occulter les autres astres, les étoiles bien entendu, et même la Lune, sauf peut-être quand le Soleil a rendez-vous avec la Lune.
Quand on pense à l’importance de l’astre Soleil dans la tradition la plus ancienne, il apparaît immédiatement en splendeur avec l’Egypte. Le Soleil y était le Dieu principal, Râ, si ce n’est le Dieu unique quand un pharaon a imaginé instaurer le monothéisme.
Source : « Soleil, élément essentiel de la construction du temple » – Site Delta Lumineux
Dans l’antiquité, le soleil a bien entendu été divinisé, comme d’ailleurs tous les astres. N’oublions pas que dans l’écriture la plus ancienne, l’écriture sumérienne, le signe Aster représentait les étoiles, mais aussi indiquait, quand il était joint à un nom, que celui-ci était une divinité.
Il a été intuitivement évident, que le Soleil devait symboliser une puissance divine de premier plan, car le Soleil est à la base de la vie. Il est apporteur de la lumière, de la vie. Il peut aussi engendrer la mort, comme il peut générer la sécheresse et la désertification.
Symboliquement, mais aussi physiquement, le Soleil éclaire, réchauffe mais aussi aveugle et calcine.
Aussi, dans la tradition la plus ancienne, le Soleil est associé à l’élément Feu, qui est également le symbole de l’Esprit, pour le moins symbole de la plus haute spiritualité.
Le Soleil est également dans plusieurs traditions antiques, associé à l’aigle. Car l’aigle est le roi du firmament, il est capable de monter haut dans le ciel, au plus près du soleil. Il n’est pas aveuglé par le soleil. Il possède la perception directe de la lumière.
C’est aussi pourquoi, l’aigle, symbole associé au soleil et à l’élément Feu, est l’animal associé à Jean l’évangéliste, l’évangéliste de l’esprit, l’apôtre bien-aimé de Jésus, celui qui a reçu la Parole directement, sans intermédiaire.
Dans la cosmogonie mésopotamienne, la divinité Soleil, Shamash, qui d’ailleurs était une déesse (alors que La Lune était masculin), était vue comme le garant de la justice.
Tout comme le soleil disperse les ténèbres, Shamash expose en pleine lumière le mal et l’injustice.
Dans la mentalité mésopotamienne, cette fonction de justice a été mise en relation avec celle de guérison, vue comme la libération de l’emprise de maux injustement subis, ou encore avec la divination, Shamash éclairant les messages divins. Cela lui vaut d’être célébré dans de nombreux hymnes et prières qui figurent parmi les plus belles pièces de la littérature mésopotamienne.
Il représente donc la lumière du soleil qui illumine la Terre chaque jour, ce que célèbre un passage du grand hymne qui lui est dédié, daté de la seconde moitié du IIe millénaire av. J.C. et considéré comme un des chefs-d’oeuvre de la littérature akkadienne :
« Ton lever glorieux illumine l’existence des hommes :
Tous se retournent vers Ton éclat merveilleux !
Tel un immense flamboiement, Tu illumines le Monde …
Lorsque tu apparais, Shamash, les peuples se prosternent ;
Tous les gens, de partout, s’inclinent devant Toi !
Tu resplendis dans les ténèbres, et Tu tiens les rênes du Ciel !
Ta gloire a recouvert les monts les plus lointains,
Ton éclat a rempli la face de la Terre !
Juché sur les Montagnes, Tu inspectes le Monde :
Du Ciel, Tu tiens à bout de bras tous les pays.
Tu as en mains tout ce qu’a produit Ea, le Roi sage :
Tu prends soin de tous les habitants de la Terre,
Tu fais paître tous les êtres vivants sans exception !
Ici-haut et là-dessous, leur Berger unique, c’est Toi !
Tu ne cesses de traverser ponctuellement les cieux,
Chaque jour, tu parcours la Terre interminable …
Tu passes sans arrêt la Mer, large et immense,
Dont les dieux célestes, eux-mêmes, ignorent le tréfonds,
Mais tes rayons, Shamash, descendent dans l’Abîme
Et les monstres marins contemplent ta lumière ! »
Grand Hymne à Shamash, traduction de J. Bottéro .
Cet hymne est très instructif pour indiquer comment d’une perception première, naturelle de l’astre, on peut lui conférer une symbolique spirituelle divine, voir à travers la manifestation naturelle, le sens de la manifestation divine. N’est-ce pas ce que l’on recherche dans la science des astres, l’astrologie ? Les mésopotamiens, les sages (les mages) qui étudiaient et ont noté toutes les manifestations naturelles pendant des siècles, ont accumulé un savoir sur les mouvements des astres, des planètes, des étoiles et des constellations. Ils ont parfaitement perçu que ce qui est éternel dans le monde, c’est précisément le firmament. Les étoiles, les astres sont de fait, naturellement, la manifestation des dieux. Quand les astres ne sont pas les dieux eux-mêmes, le firmament est un livre ouvert permettant de lire les messages divins. Et le premier astre à donner des indications essentielles pour un peuple cultivateur est le soleil qui voyage de façon immuable dans le ciel, présidant le jour mais aussi indiquant les saisons. La Lune qui préside la nuit, sert aussi à l’élaboration du calendrier agraire. C’est en ce sens que la Bible considère le Soleil et la Lune. Mais pour le livre du monothéisme, le Soleil, comme la Lune et les autres astres, ne pouvaient pas représenter plus que ça, et en aucun cas être une représentation même symbolique de la divinité. L’astrologie comme la magie ou l’idolâtrie, ont été bannie de l’univers biblique.
Heureusement la Tradition antique, la connaissance de la symbolique des astres a pu se transmettre par les voies plus occultes comme la Kabbale ou l’hermétisme, mais aussi des moines savants. Au moyen-âge et surtout à la Renaissance, l’astrologie était un des sept arts libéraux.
C’est ainsi que naturellement les francs-maçons opératifs ont pu placer le soleil dans les murs et les ornements des cathédrales. Mais, fait remarquable, toujours en association avec la Lune. Les deux astres sont inséparables. Est-ce parce que le Soleil, symbole puissant de la Lumière, ne pouvait être seul car il aurait risqué de prendre la place de Dieu le père ? Le Soleil ne doit-il pas être placé en association avec la Lune pour précisément bien signifier que l’astre représente le jour comme la Lune représente la nuit, et que l’on ne peut voir qu’une seule dimension de la création sans son opposée, de même qu’une pièce de monnaie existe par ses deux faces qui s’opposent factuellement, mais se complètent pour composer la pièce.
C’est le principe de la dualité qui se conjugue pour générer le nombre trois mais aussi retourne au Un primordial. Nous retrouvons là bien entendu, le symbole de la Trinité.
C’est pourquoi les francs-maçons spéculatifs ont très vite adopté une représentation du principe suprême de l’Etre (le grand architecte de l’univers que les premiers francs-maçons désignaient explicitement comme Dieu le père) par un Delta (rayonnant ou lumineux avec souvent au milieu un œil ou le tétragramme, comme cela se faisait dans les églises catholiques ou protestantes indifféremment), avec de part et d’autre la Lune et le Soleil.
Il était clair que cette triade Delta, Soleil et Lune, représentait la Trinité. Le Delta symbolise sans ambiguïté, le Père. Le Soleil peut de fait, représenter aussi bien le Fils que le Saint-Esprit. Jésus-Christ est d’ailleurs souvent associé au Soleil. Mais on peut aussi voir dans le Soleil, représentant l’élément Feu, le symbole du Saint-Esprit. Et la Lune représentant l’élément Eau, pourrait symboliser Jésus, qui baptise. On voit aussi l’église comme le corps du Christ, et qui baptise. L’église est également le réceptacle de l’Esprit. La Lune réfléchit la Lumière crue du Soleil pour la rendre accessible aux humains, de même que Jésus a transmis la parole du Père et l’a rendue intelligible aux hommes.
Pour ce qui est de la place du Soleil du côté du midi (Sud-Est), c’est une évidence puisque le périple du soleil (dans l’hémisphère Nord) est du côté du midi. La Lune est alors du côté du septentrion (Nord-Est), même si son périple est également du côté du midi ! Sa position est d’être à l’opposé du Soleil pour réfléchir la Lumière solaire. Son croissant lumineux est représenté bien entendu face au Soleil.
Le périple quotidien du Soleil rythme évidemment les travaux en loge. On dit bien que le Soleil est au midi quand les travaux sont ouverts au premier degré. La Lumière, manifestation de l’Etre, l’Esprit (ou Saint-Esprit) est au zénith quand elle éclaire les travaux de la loge.
A ce stade, peut-être est-il utile de revenir à la table d’émeraude d’Hermès le Trimégiste.
Hermès y énonce 12 principes pour expliquer la quintessence de la création. Le premier principe est très souvent cité dans notre enceinte : « Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».
Et chose remarquable, le principe 4 de la Table d’émeraude évoque la Lune et le Soleil :
« Le Soleil est le Père, la Lune est la Mère, le Vent l’a porté dans son ventre, et la Terre est sa nourrice »
On retrouve les 4 éléments FEU – EAU – AIR – TERRE.
Il ne faut pas interpréter que le Soleil serait le Père de la Trinité chrétienne. C’est en fait le père de l’Esprit. C’est le fécondeur (le Feu). Et pour que l’Esprit soit reçu par l’initié, il doit être enfanté par la Lune (l’Eau). Puis il est transmis aux hommes par le Verbe, la Tradition, la Culture, le Langage (le Vent) et c’est l’homme (humus, Adam, la Terre) qui va le faire vivre, le nourrir, l’élever. La loge et chacun des frères constituent la Terre. La Parole qui circule dans le Temple constitue le Vent. Et le Soleil et la Lune sont à l’Orient, manifestation du Principe suprême de l’Etre représenté par le Delta rayonnant.
En astrologie, le symbole du Soleil est représenté par un cercle avec un point au milieu. C’est aussi le symbole du « Un, le Tout », qui lui-même peut être représenté par un serpent qui se mord la queue. On peut trouver une analogie avec le fait que dans la Genèse, ce soit un serpent qui suggéra à l’homme de manger le fruit de l’arbre de la connaissance, prenant ainsi conscience d’être, accédant à l’Esprit, à la Lumière mais aussi conscience d’être mortel. Nous retrouvons le symbolisme du Soleil, apporteur de la vie mais aussi de la mort. La vie humaine peut également être représentée par le cycle solaire, avec un passage dans les ténèbres après la mort et l’espoir d’une renaissance à l’orient, une renaissance de l’esprit comme le phénix qui renaît de ses cendres. Le phénix était d’ailleurs associé symboliquement au Soleil.
Le Soleil est l’Esprit, manifestation du Principe Supérieur de l’Etre, apporteur de la Lumière. L’initié à la recherche de la Lumière peut être un réceptacle de l’Esprit et peut accéder à une part d’éternité par une prise de conscience d’Etre. En ce sens, éveillé, il devient éternel. Mais il est aussi mortel. Et malheureusement il est aussi imparfait, et ne peut qu’intuitivement et fugacement pressentir l’éternel. Demeure l’espérance et la foi que le Soleil une fois couché et passé dans les ténèbres, reviendra plus radieux que jamais le lendemain matin. L’Esprit manifesté de l’Etre suprême qui apparaît dans l’être mortel qui accède ainsi à l’éternité, peut renaître. L’esprit fécondé par le Soleil, enfanté par la Lune, semé par le Vent, et qui doit être soigné et élevé par l’humble initié mortel pour à nouveau féconder Adam.