Cet article intitulé « Même les frères surfent » fait état de l’extériorisation des loges maçonniques au travers de leur site de loge.
Site de la loge Conscience : www.gadlu64.org
Source : http://www.sudouest.com/bearn/actualite/pau/article/840573/mil/5610693.html
On l’avait déjà remarqué au fil des initiatives qui se sont multipliées dans les loges paloises : la franc-maçonnerie, réputée secrète, a décidé de s’ouvrir. Pour preuve, l’initiative de la loge Conscience, affiliée à la Grande Loge de France (GLDF, troisième obédience après les « poids lourds » que sont le Grand Orient et la Grande Loge nationale de France, GLNF).
Depuis le mois de juillet, un peu en catimini au départ, Conscience a lancé son site Internet (1). La chose n’est pas nouvelle. Mais au fil de la navigation sur ce site qui présente longuement la démarche des francs-maçons de la Grande Loge de France, on se rend compte qu’un contact par e-mail permet de dialoguer avec des « frères », comme ils s’appellent entre eux, voire de faire la démarche de postuler pour devenir l’un d’eux…
Cooptation
Si l’expérience n’est pas tout à fait inédite, elle est en tout cas plutôt rare, comme le confirment les membres de la loge Conscience, à l’origine de l’initiative. Car, jusqu’à présent, à la GLDF comme dans les autres loges, l’entrée dans le monde des francs-maçons se faisait par cooptation. « C’est toujours le cas, à 80 %, reconnaît un des membres de la loge. Mais, à 20 %, nous recrutons désormais via Internet. »
Les raisons de cette ouverture sont simples. Il y a d’abord la moyenne d’âge des frères de la loge. « Beaucoup d’entre nous dépassent la cinquantaine et nous voulions attirer de plus jeunes, ce qui n’est pas toujours évident par cooptation. C’est pour cela que nous nous sommes tourné vers Internet », dit l’un des créateurs du site. Un autre insiste aussi : « nous ne sommes ni une religion, ni une science, ni une philosophie, ni une secte. Nos réunions sont surtout axées sur le développement personnel, autour de valeurs comme l’humanisme, la fraternité et la spiritualité. Nous ne traitons pas forcément de sujets de société, qui semblent plus faciles d’accès ».
Il ne faut cependant pas croire qu’une simple inscription sur Internet permettra d’intégrer le saint des saints, à savoir ces salles de réunions chargées de symboles maçonniques dans lesquelles les membres de Conscience se réunissent, dans le temple qu’ils occupent à Lescar. « Nous avons des filtres. Chaque candidat est interrogé sur ses motivations. On évite ainsi les simples curieux, les affairistes et les politiciens en campagne. Nous n’avons d’ailleurs aucun objectif chiffré de recrutement. » Toujours est-il que, selon le frère webmaster, le lancement du site sans trop de publicité a déjà permis de nouer des liens avec des profanes en quête de sens ou de symbolisme maçonniques.
Parfum de mystère
Un petit tour sur les liens du site montre d’ailleurs que d’autres obédiences se sont déjà mises sur Internet. A se demander si les nouvelles technologies ne vont pas enlever cette auréole de mystère qui nimbe depuis des décennies l’univers maçonnique… « Nous ne sommes pas secrets, nous sommes discrets », insiste un membre de la loge Conscience, fondée en 1992. « Mais nous n’en sommes pas à boire du sang dans des crânes », lance un autre, en référence au best-seller de Dan Brown, « Le symbole perdu », qui surfe justement sur le parfum sulfureux qui entoure la franc-maçonnerie dans l’imagerie populaire.
C’est sans doute aussi pour cela que la loge Conscience a invité Alain Graesel, ancien grand maître de la GLDF au théâtre Saint-Louis de Pau, vendredi à 20 h 30, pour une conférence intitulée « Franc-maçonnerie, vérités et mensonges ».
(1) www.gadlu64.org. Par l’acronyme « Gadlu », il faut comprendre « Grand architecte de l’univers », auquel se réfèrent les francs-maçons.