Claude Darche avait rejoint GADLU.INFO pour une chronique toute en beauté et symbolisme !

Claude Darche nous contait dans cette chronique : Le Second Surveillant , l instruction maçonnique et le fil à plomb par Claude Darche !

Nous pensons bien à toi

Le Second Surveillant , l’instruction maçonnique et le fil à plomb

Je relie instruction maçonnique et fil à plomb , ils vont, me semble-t-il de pair . Perpendiculaire et fil à plomb correspondent au même outil : la perpendiculaire. La perperdiculaire  n’est que l’abstraction du fil à plomb( « perpendiculum » en latin signifie fil à plomb ) . L’intéressant dans cet outil est qu’il n’est jamais manié par aucun des officiers, et encore moins par l’apprenti, à aucun moment du rituel, à l’exception du Vénérable Maître qui l’utilise lors de la consécration d’un Temple.

Le fil à plomb est le bijou du second surveillant , il y a correspondance entre le symbole et la fonction . Le fil à plomb descend à la verticale, il permet de descendre profond en soi, d’aller à l’essentiel, il permet au   second surveillant d’éveiller le cœur de l’apprenti, son intelligence, son intuition, et de veiller à la pureté de sa réalisation initiatique.

La perpendiculaire évoque également la rectitude, la qualité de ce qui est droit, de ce qui se tient . Le second surveillant, comme tous les maîtres de son atelier ,mais, lui ,plus particulièrement se doit d’être un homme de tenue , c’est un homme debout, à la verticale, un homme de devoir . Chaque officier en prêtant serment et en acceptant sa charge jure d’accomplir son devoir, devoir qui doit passer avant toute chose. Il ne prête pas seulement serment devant sa loge, devant le Vénérable Maître, il prête serment devant le Grand Architecte, L’Universel, l’Egrégore qui n’appartient qu’à la loge, qui la forme et la constitue. Le fil à plomb permet au deuxième Surveillant d’engager l’apprenti à descendre en lui-même, à ne pas craindre d’explorer les ombres et les recoins cachés de son âme et de son cœur. Qui ne descend en lui-même ne se trouvera jamais, qui ne sait pas se regarder ne saura pas s’aimer ni aimer les autres. Le deuxième surveillant se doit d’être attentif lorsque l’apprenti entreprendra cette descente en lui-même, descente qui peut s’avérer vertigineuse, périlleuse, réveiller de vieilles angoisses, et ouvrir de nouveaux bonheurs.

Comme le dit le serment du second surveillant ; il ne faut point s’arrêter à l’aspect extérieur des choses et des êtres … A bas les apparences, à bas le paraître, vive l’être et l’homme nouveau . Pour atteindre cet homme nouveau, je dirai même pour l’apercevoir tout simplement, faire une esquisse de l’apprenti en devenir, il lui faudra pénétrer le sens caché des symboles. Symboles qui resteront longtemps pour l’apprenti lettre morte ! que se cache-t-il sous le fil à plomb, le compas, l’équerre, le maillet ?

Apprendre à laisser parler son cœur n’est pas chose facile dans notre société, lire et voir, écouter et entendre, goûter et sentir … Le second surveillant, s’il conseille quelques lectures , quelques bons livres de référence, apprend au tout jeune apprenti qu’il n’est pas là pour accumuler des connaissances, se remplir de citations et de pensées produites par autrui, si bon maçon soit-il. Il est en Maçonnerie, il a été initié pour trouver par lui-même et en lui-même la signification du symbole, sa propre lecture et vision du symbole , cela se mûrit, se travaille, se réfléchit, se pense, se rêve, s’interprète, se vit et continue à se vivre tout au long de l’existence . C’est même parfois, dans notre quotidien, dans notre vie professionnelle ou autre, que nous allons le mieux comprendre un symbole, que tout à coup, la lumière éclairera notre esprit et nous permettra d’envisager le fil à plomb et se vertigineuse descente comme un bienfait salutaire.

En explorant notre conscience ,on explore par là-même la conscience humaine totale- pas seulement la nôtre – parce que chacun d’entre nous est le monde et quand nous observons notre propre conscience, c’est la conscience de l’humanité que nous observons, ce n’est pas quelque chose de personnel et d’égocentrique.

Tout homme éprouve le besoin de s’évader de la sphère étroite de son moi, de son environnement, de sa vie, de son espace et de son temps et c’est en ce sens qu’il est l’être du voyage, l’être du cheminement, et même si le voyage ne l’amène pas vers un ailleurs, mais s’il lui permet seulement de se découvrir lui-même dans sa vérité, de se voir autrement et de voir le monde et les autres autrement, comme le dit Proust « le seul véritable voyage, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux « .

Tout homme est un étranger, tout homme est un être séparé, séparé du monde, des autres, de parce qu’il est séparé de lui-même. Les symboles par leur force et leur puissance d’unification vont permettre à l’apprenti à se rassembler en lui-même, au centre de son propre univers et d’apercevoir, encore infime, la Lumière.

Educateur responsable , conseiller fraternel qui aide à dégrossir la pierre brute , tout est dit !

Éduquer et conseiller avec fraternité… S’agit-il de prendre l’apprenti par la main et de lui montrer le chemin, s’agit-il d’être un ami qui oriente, éveille, conseille, bref en quoi consiste cette éducation ? Selon le Petit Robert, Education dans son sens général est une forme d’apprentissage          dans       lequel       la connaissance , les compétences et les habitudes d’un groupe de personnes sont transférés d’une génération à l’autre à travers l’enseignement, la formation ou la recherche.

Toute expérience qui a un effet structurant sur la façon dont on pense, ressent, vit, peut être considéré comme éducatif.

Le second Surveillant se doit d’être un Frère ou une Sœur instruit dans l’Art des outils, connaissant parfaitement la symbolique de son grade et celle des autres grades jusqu’à la maîtrise, le fonctionnement de la loge, mais également celle de son obédience. Peu à peu l’apprenti prendra conscience qu’il fait partie non seulement d’une structure, la loge, appartenant elle-même à une plus grosse structure, l’obédience, ce qui n’est pas, reconnaissons-le sa préoccupation immédiat de notre Elève. Il est cependant bon de lui en toucher un mot, voire même plusieurs, le fait d’appartenir à telle ou telle Obédience n’est pas anodin et les positions, décisions que prend l’Obédience concernent tous les Maçons qui la composent .

Le terme « Frère « ou «  Sœur »  a également son importance. Le second surveillant est un frère en humanité, un Frère qui reconnaît un autre Frère plus jeune dans son parcours, mais un Frère, un être qui, comme lui, cherche, est en questionnement.

Je suis Franc-Maçon parce qu’un jour j’ai décidé de le devenir. Il s’agit donc d’une démarche réfléchie, mûrement réfléchie (ne dit- on pas que le Franc Maçon est un homme libre et de bonnes mœurs, dans une loge libre ?). Cette démarche « libre » est cependant fondée sur un pari. J’ai le conviction, à tort ou à raison, que la franc-maçonnerie est un lieu où on se cultive, un lieu où on cultive ce que les philosophes anciens appelaient la vertu, c’est-à-dire que nous apprenons à vivre avec les autres, dans la différence et la tolérance. Remettons-nous en mémoire les Constitutions d’Anderson qui, depuis 1723,sont la Charte de l’Ordre maçonnique , et qui déclarent entre autres que « la Maçonnerie est le Centre de l’Union et le moyen de nouer une amitié sincère entre des personnes qui n’auraient pu ( sans elle ) que rester perpétuellement étrangères les unes aux autres « . Dans tous les cas, le lien de solidarité qui unit ces personnes met en évidence un sentiment de devoir moral, l’acceptation de règles de conduite considérées comme bonnes par l’ensemble du groupe. L’un des aspects de la Fraternité est qu’il s’agit d’un lien de sang, réel ou symbolique, entre des individus . .

Pour conclure cette planche, je vous invite à relire cette pensée de  Don Juan Matus , dans «  l’Appel du Chemin « :

« Pour moi n’existent que les voyages

Sur les chemins qui ont un cœur,

Tous les chemins qui ont un cœur,

C’est là que je voyage, et le seul défi qui compte

C’est d’aller jusqu’au bout,

Et j’avance en regardant à perdre haleine . »

Quel beau programme pour tous ceux qui éveillent l’âme et le cœur de tout homme ou de toute femme !

Claude Darche

Claude Darche, née le 15 juillet 1958 à Saint-Cloud, est une auteur d’ouvrages concernant l’ésotérisme et la franc-maçonnerie. Elle fut grand maître de la Grande Loge féminine de Memphis-Misraïm de 2002 à 2006. Aujourd’hui, elle se consacre à ses domaines de prédilection : le symbolisme du tarot, l’intelligence, intuitive, les phénomènes de synchronicité, le coaching. Elle est membre du comité scientifique du Musée de la franc-maçonnerie.

Sites de Claude Darche : 

• www.claudedarche-intuition.com
• www.claude-darche.com

Bibliographie de Claude Darche :

• Les poèmes de l’île, éditions Saint Germain des Près, 1973
• Ouvertures, poèmes publiés aux éditions Saint Germain des Prés, 1978
• Initiation Pratique au Tarot, éditions Dangles, 1992
• Le Grand Livre des Tarots, éditions Solar, 1993
• La Pratique du Tarot de Marseille, Éditions du Rocher, 1994
• Le Grand Livre de l’Astrologie, Éditions Solar, 1995
• Libérez votre intuition, Éditions du Rocher, 1995
• La Maîtrise du Tarot de Marseille, Éditions du Rocher, 1997
• Le Tarot, Voie de l’Amour, Éditions du Rocher, 2000
• Initiation Pratique au Tarot Égyptien, Éditions Dangles, 2002
• Le Tarot de Mademoiselle Lenormand, Éditions Dangles, 2003
• L’Oracle de Belline, Éditions Dangles, 2004
• Images du Patrimoine Maçonnique, Tome II, Les Hommes, Detrad, 2004
• Le vade-mecum de l’Apprenti, Dervy, 2006
• Le vade-mecum du Compagnon, Dervy 2007
• Le vade-mecum du Maître, Dervy 2008
• Tarot, outil de développement intérieur, Éditions Dangles, 2008
• Le vade-mecum des Hauts Grades, Éditions Dervy, 2009
• Le Tarot divinatoire, Éditions Eyrolles, 2009
• Développer son intuition, Éditions Eyrolles, 2009
• Le vade-mecum des Ordres de Sagesse du Rite Français, Dervy, 2011
• Méditations dans le Temple, Dervy, 2012
• Femme de Lumière, roman initiatique, Ed du Désir, novembre 2014
• Le vade-mecum du Second Surveillant, Dervy, 2014