« G.F. », un lecteur de GADLU.INFO nous offre cette planche sportive 🙂 : Le Rugby…Sport Maçonnique
Comme tout fait historique, il existe une part de légende. Il faut toujours un fait d’arme assez romantique afin que la Tradition se repose sur des belles racines pour mieux s’élever et propager son histoire. Comme en Franc-Maçonnerie où la légende se mêle à l’histoire.
Pour beaucoup, la légende du Rugby a pris le pas sur la réalité. Voici les deux lectures.
- La légende
Le Rugby fut créé au Collège de la ville de Rugby. Ceci est un fait. Mais la légende intervient lors d’un match de Folk football (une variante de la soule locale), joué sur la pelouse de ce collège en novembre 1823. Un certain William Webb Ellis ne parvenait pas à marquer un but. Alors dans un geste d’improvisation, il décide sur un coup de tête de brutaliser ce jeu en prenant à pleines mains ce ballon alors qu’il lui était interdit de le faire. Le jeune Ellis décide de s’affranchir des règles établies avec humour, en courant à grandes enjambées vers le but adverse en tenant cette vessie porcine à pleine mains.
Sous le regard interloqué de ses camarades, content de lui, Ellis plonge la balle dans le but convoité en réclamant un point supplémentaire pour son équipe. Un geste transgressif, en dehors du cadre légal qui aurait pu en rester là et finir dans l’oubli des « fautes de jeu ». Mais l’arbitre et professeur releva ce manquement à la règle avec ironie et félicita son jeune élève en lui exclamant un certain « good try ». En français « bien essayé », ce qui donnera aujourd’hui encore l’appellation « essai » d’un ballon aplatit dans l’en-but adverse.
La partie aurait pu reprendre comme si de rien n’était. Les camarades en auraient rigolé durant quelques minutes puis auraient mis cet épisode sans intérêt de côté et l’oublier le reste de leur vie. Le professeur aurait simplement pu hocher de la tête avec autorité en se disant à voix basse : « ah ces jeunes ». Ce ballon pris en main aurait dû logiquement être une simple erreur sans grande conséquence. Et pourtant, ce « bien essayé » est devenue une des phrases les plus répétées le weekend.
Bien entendu, cette histoire est un brin romancée et nous participons tous à la légende. Une statue à la gloire de l’étudiant anglais a été érigée au Collège Rugby, l’équipe existe toujours et la pelouse est vénérée par tous les amateurs de Rugby qui viennent de tout le globe, tel un pèlerinage. Comment ne pas faire le parallèle avec la Franc-Maçonnerie ? Quand l’histoire se confond avec la légende, où les opératifs se joignent aux spéculatifs. Des secrets antiques, aux mystères égyptiens, des Assas de Jérusalem, aux Templiers. Des premières loges de constructeurs de Cathédrales de France, aux premiers maçons spéculatifs d’Ecosse et ceux sortis d’un pub de Londres entre aristocrates, pour finir sur les barricades du Faubourg-Saint Antoine sous le soleil révolutionnaire parisien. Le Rugby détient sa part de de rêve, de mythologie et il en faut pour s’enraciner. L’Homme a besoin de croire, de rêve et d’espoir. Quoi de mieux qu’un joli conte pour se donner la force de vivre. Mais de temps en temps, l’histoire réelle détient en elle l’essence même du courage et d’humanité. Parmi ces histoires, celle de la naissance du Rugby devrait être une référence par les temps qui courent.
Voici l’histoire de la naissance du Rugby. Pensé et orchestré, ce sport fut structuré par une seule personne, un Maçon, dans le seul but d’humaniser et de fraterniser ces jeunes en perdition. Voici son histoire.
- L’histoire
Cette réalité historique montre une tout autre face de la création du Rugby que celle de William Webb Ellis. Une histoire où la Franc-Maçonnerie n’y peut-être pas pour rien dans cette aventure. C’est l’histoire d’un homme. Bien plus âgé que notre Webb Ellis, qui d’ailleurs pour clôturer, est enterré à Menton pour ceux qui souhaiteraient lui rendre visite.
Cet homme donc, est beaucoup moins feu follet que son compatriote. Contrairement à l’étudiant, il ne se laisse pas aller au hasard et encore moins à l’improvisation. Cet homme est le proviseur du Collège de la ville de Rugby. Bien plus mature et plus construit que ses semblables, que ce soit aussi bien sur le plan intellectuel que sur le plan spirituel. Cet homme s’appelle Sir Thomas Arnold.
Sir Thomas Arnold est proviseur de l’établissement du Collège Rugby. Il excellait en tant qu’élève dans les matières dites « d’humanités » et d’Histoire. Devenu professeur de cette dernière matière, cet anglais avait la réputation d’être un homme de grande foi religieuse et d’une forte qualité morale. Il a la particularité d’être un homme d’église érastien et farouche opposant à la doctrine anglicane, T. Arnold était aussi un franc-maçon reconnu.
Dans une Angleterre aussi vaillante sur mer et sur les fronts de tous les continents. Elle fut aussi inégale entre ses citoyens et génératrice de violence en son sein, sur ses propres terres, jusque dans les collèges où les établissements furent débordés par les comportements agressifs de ses élèves, remplis de ressentiments, de haines et de perdition. Ces jeunes élèves pour la plus-part orphelins ou abandonnés à eux-mêmes, sont lâchés dans les bizutages humiliant comme seuls préparatifs à un destin promis à l’enfer d’une société difficile et dure. A cette incompréhension d’exister se rajoute des failles affectives en défaillant la confiance en soi. Ce monde pris au chaos se voit accueillir des individus en mal de vivre supplémentaire.
Acculés par cette horde de gamins infréquentables et en faisant le constat que cette société, par l’intermédiaire de son éducation, ne faisait qu’empirer la situation issue d’un système déjà propice à la criminalité, Sir Thomas Arnold puisa dans ces valeurs dites d’humanités. Et essaya de trouver une solution originale pour parer cette endémie.
Depuis toujours, ramasser ces enfants est un fardeau. Mal élevés, voyous en puissance, les proviseurs se contentent d’osciller entre fermer les yeux ou user du bâton pour corriger péniblement ces têtes blondes. Fatigués et abandonnés par l’establishment de l’époque, les proviseurs n’espèrent plus qu’une chose : se débarrasser de ces garnements le plus vite possible. « Qu’ils se débrouillent par eux-mêmes en ville » avec pour seule récompense, un coup de pied aux fesses en guise d’éducation. N’ayant rien appris des autres, du monde et d’eux-mêmes, il fallait faire quelque chose pour ces élèves. Les aider, oui mais comment ? Une aide, mais qui puisse servir à quelque chose, une aide à long terme et non un pansement éphémère. Une aide sur laquelle ces enfants pourront s’appuyer le jour où ils ne seront plus collégiens, durant toute une vie, quand ils deviendront des adultes et des citoyens. Une aide précise, encadrée et entrainante, où ces enfants pourront comprendre un peu plus d’eux-mêmes et se saisir à leur tour de quelques principes clairs, de quelques valeurs et principes indéfectibles pour leur propre survie et cultiver cet homme du futur en devenir en eux-mêmes. Etre en quelque sorte des germes de ce qu’il y a de mieux à aspirer : des hommes libres. Imbibé d’un tiers de houblon, d’un tiers de panache et d’un dernier remplie d’une haute idée de la civilisation, Sir Thomas Arnold décide de renverser les us et coutumes de l’époque en transgressant les convenances de l’époque. Rempli d’humanité, il pense à un projet qui puisse regrouper ces jeunes afin de cadenasser cette violence et de leur donner envie de s’approprier un but, afin s’élever collectivement et de se réaliser individuellement.
Ce dosage aussi raffiné qu’une cuve de vin, demande un mariage entre la transmission et l’engagement. Sir Arnold inventa alors : le Rugby. Un jeu. Une éducation ludique, basée sur l’engagement, le combat et la solidarité. Il inculquera la Fraternité avec les siens, ne jamais abandonner une partie et un partenaire, et ne jamais se comporter en voyou avec l’adversaire. Le Rugby fut né dans la tête d’un homme. Il donnera alors à toute une génération, puis la suivante et encore la suivante jusqu’à aujourd’hui encore, la possibilité d’acquérir des valeurs essentielles pour fonder la cohésion d’un groupe de jeunes gens. Quand rien ne va, il existe encore le Pré pour s’inventer et trouver la chose la plus importante qui soit dans la vie : la confiance en soi et recevoir celle des autres.
Comment ne pas se dévouer, quand à terre le visage dans la boue, on reconnaît son équipier comme un Frère, qui vient prendre des coups à votre place ? Comment ne pas vouloir le protéger l’action suivante, quand c’est lui qui se trouve à se faire piétiner par l’équipe adverse ? Comment ne pas y voir les valeurs maçonniques dans ce combat sans intérêt dans la marche du monde ? L’amour des autres à recevoir, l’amour de soi à donner, l’acte.
C’est bien ce dont nous sommes capables de mieux sur cette Terre. Alors, au milieu de cette désolation de gamins perdus et destinés au banditisme, à la brutalité et à l’ignorance, voici venu dans la tête d’un proviseur idéaliste, l’idée d’un nouveau sport. Un sport qui aurait quelque chose en plus : un état d’esprit. Un truc en plus qui façonne dans l’inconscient de ces jeunes un cadre. Un pré sur lequel on trace quelques les lignes droites et claires. Une fois franchies avec ses crampons aux pieds, voici le gamin entré dans un temple, dans un monde « sacré » à sa façon et en rien spirituel, mais le voici débarrassé de ses métaux, de ses soucis de « profane » le voici libre d’interpréter son comportement selon les règles qui lui seront imposées. Voici en quelque sorte, une école de la vie, une école qui apprend la Liberté, celle de vivre selon un cadre et ses règles civiques et morales et avec les autres. Voici pourquoi et comment Sir Thomas Arnold inventa le Rugby.
Un sport aux principes maçonniques. Il y a de la spiritualité au sens large et permet au gamin de devenir un homme meilleur que celui qu’il n’a été la veille. C’est ça la véritable noblesse, celle façon Hemingway. Voici comment le Rugby a permis de sauver la vie de quelques gamins, transformés en citoyens en grandes personnes. Ce n’est plus l’anarchie et le bizutage des aînés qui fait la loi du plus fort mais le rugby. A partir de cette date, le sport devient une forme éducative propre.
Dans une Angleterre Victorienne, ce petit pays devait administrer des millions de citoyens et de tout horizon. Il fallait de l’ordre, une hiérarchie. La Franc-Maçonnerie n’est-elle pas une méthode en elle-même ? N’est-elle pas aussi un moyen de réunir les différences dans une même quête d’harmonie ? Faut-il y voir un lien entre les débuts de la Franc-Maçonnerie spéculative et l’émergence des sports collectifs codés, structurés, avec ses pratiques imprimés et reliés dans des manuels ? Sûrement. Comment ne pas voir un parallèle entre la Franc-Maçonnerie et le Rugby, surtout quand nous apprenons que ce fameux proviseur fut lui-même maçon. En partant du réel, de la réalité du terrain fait de bizutages agressifs, de violence, où petits et frêles se faisaient tabasser et humilier par leurs aînés. Il fallait changer la société de l’intérieur, à la racine.
En modifiant totalement le système actuel, ce proviseur visionnaire demanda à ses élèves bien plus que d’être obéissants, de rester sages et d’écouter sans rien comprendre. Il leur demanda d’être de véritables « assistants » à leur édifice. Les aînés ne pouvaient plus frapper comme bon leur semble les plus jeunes, mais d’assumer le devoir qui leur a été confié qui est de les intégrer du mieux que possible. Les places furent distribuées et comment ne pas y voir une véritable confiance adressée à ces jeunes, qui aujourd’hui, manquent cruellement de cet état d’esprit. La confiance d’un professeur vaut bien plus qu’une simple note, l’exemplarité et le sentiment d’appartenir à un groupe prévaut tous les discours.
Voilà que les élèves du collège Rugby s’approprièrent les codes et coutumes de ce sport, à tel point qu’après leurs études, ils partirent diffuser la pratique de ce sport dans divers collèges de la région, puis du pays, et enfin dans les lointaines contrées de l’empire britannique. Ce qu’a toujours encouragé leur mentor, car à travers le Rugby ce n’est pas qu’un simple sport qui fut diffusé, mais les valeurs chrétiennes, humanistes et franc-maçonnes de la fraternité. « Ne jamais s’asservir, se servir, mais servir ».
Comment ne pas voir dans une équipe en mouvement, où chacun de ses membres tient une place, une participation à « l’égrégore ». Cette magie humaine et particulière qui donne à l’ensemble de ces individus quelque chose du genre de « l’ensemble », de « l’équipe », de « l’éveil ». Quand peau contre peau, sueur contre sueur, on ne laisse jamais tomber personne sur le pré.
Comment ne pas voir un lien entre les troisièmes mi-temps de ce sport particulièrement arrosés et les agapes célébrées après les tenues maçonniques ?
Après l’Histoire, voici peut-être quelques réflexions analogiques et symbolistes sur les chiffres et expressions du monde du Rugby.
Le chiffre 15 du rugby renvoie d’après Herrero à la capacité du jeu en triangle des lignes arrière. Le 10, chiffre parfait, celui des dix commandements, de l’être suprême, des dix doigts de l’homme, le 10 est au rugby le chiffre de l’ouvreur, où toutes les clés du jeu passe.
La première ligne.
Composée de trois membres : deux « piliers » entourent le talonneur. Ce dernier les bras en croix, se sacrifie en enfonçant sa tête dans la meule. Les deux piliers devront le soutenir. Le pilier droit, le numéro « 3 », est la pierre angulaire de l’édifice de la mêlée. C’est lui qui stabilise ou fait écrouler la construction. Tout est structure architecturale au Rugby. « Placage en cathédrale », « mêlée effondrée », « construction des lignes », « harmoniser », « équilibre », l’ovalie est codé de manière à ce que le jeu se déroule selon certaines règles. Dans l’obscurité il peut également révéler le caractère sournois. Le ballon accouche de la terre comme la Terre elle-même accouche dans la genèse après la douleur. La douleur au rugby, c’est l’affrontement de la dualité, une équipe contre une autre, mais à la fin, ce sont des haies d’honneur qui sont érigées pour tous les joueurs.
Le médecin, le demi de mêlée, sort le ballon de la mêlée et envoie le cadeau aux siens. Devenu aussi précieux qu’une connaissance, ce ballon se partage de joueurs en joueurs, chacun apporte sa pierre, de main en main et au fur à mesure de la vitesse devenue de plus en plus folle, ce ne sont plus de mains en mains, mais de cœur en cœur que le ballon est porté. Il est coincé à la poitrine pour être sûr de ne pas le perdre avant de le mettre à l’abri.
Le ballon ne fait plus qu’un avec le cœur, le sien, en harmonie avec ceux des autres, on garde le souffle coupé, en apnée en espérant aplatir en Terre promise. Celle derrière les poteaux, faite de petites brindilles vertes épargnées des combats ou est-ce que la Terre promise n’est pas finalement le bonheur de partagé un bon moment avec les siens et ses adversaires d’un jour ?
GF