Ils étaient à la fois moines et frères d’armes : les Templiers. On leur attribue un code d’honneur qui fascine encore aujourd’hui. Ils jouent également un rôle dans le Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA). Si les circonstances historiques ne sont pas faciles à appréhender, ces hommes médiévaux signifient beaucoup sur le plan symbolique et spirituel – et en définitive dans leur application concrète.

Le Rite Écossais Ancien et Accepté et la Légende des Templiers est un article de janvier 2021 du Groupe de Recherche de la Grande Loge Suisse ALPINA

EXTRAITS

Il existe d’innombrables légendes entourant les Templiers médiévaux. La fondation de leur obédience à Jérusalem en 1118 dans le cadre des Croisades est documentée historiquement. Neuf chevaliers français ont prêté serment de chasteté, de pauvreté et d’obéissance au patriarche de Jérusalem. Ils s’engageaient également à protéger les pèlerins entre la côte et les lieux saints. Cela a abouti à une combinaison complètement nouvelle de la religion et de l’armée. Les « pauvres frères du Christ du temple de Jérusalem » se sont développés en une organisation à grande échelle qui a connu un grand succès en termes monétaires, notamment grâce aux privilèges accordés par les papes.

Du bûcher à la saga

Le roi de France Philippe le Beau, lui-même débiteur de l’ordre, répandit des rumeurs selon lesquelles, lors des rituels d’initiation, les Templiers feraient uriner le candidat sur la croix et embrasseraient les fesses d’autres chevaliers. Les protocoles d’interrogatoire retrouvés par Barbara Frale dans le parchemin de Chinon en 2001 semblent plus ou moins le prouver. Dans une action orchestrée, le 13 octobre 1307, Philippe fait arrêter des Templiers dans toute la France. Jacques de Molay, le dernier Grand Maître, fut brûlé vif à Paris en 1314, comme beaucoup de ses frères, après de sévères tortures. C’est là que commence une saga qui a encore un impact aujourd’hui – et cela aussi dans la franc-maçonnerie. On dit que l’Art Royal est issu des rangs des Templiers survivants qui se sont embarqués pour l’Écosse. Le nom de Rosslyn y était et y est toujours associé. Andrew Michael Ramsay a présenté la thèse à Paris en 1737. Il a été suggéré que Jacques de Molay souhaitait que les Templiers établissent la franc-maçonnerie en Écosse.

Le Reichsfreiherr imaginatif

L’homme de loin le plus influent sur ces questions était Karl Gotthelf, Reichsfreiherr von Hund, fondateur de la « Strict Observance ». A partir du milieu du XVIIIe siècle, celle-ci exerce une forte influence sur la maçonnerie européenne, en particulier dans les grades supérieurs. Von Hund a fait passer le mot qu’il avait reçu l’ordination d’un vieil ordre des Templiers qui existait encore en Ecosse et avait été nommé « Heermeister (Grand Maître provincial) de la VIIe Province de l’Ordre » (Allemagne).

C’était le but de Von Hund de transférer le trésor légendaire des Templiers dans la possession des francs-maçons. Il s’est assuré que tous les frères de loge aient des noms grandioses et euphoniques des Templiers. Il a également promis que les francs-maçons recevraient les terres et les revenus locatifs associés.

Beaucoup n’est pas clair

Un regard sobre sur l’histoire est irritant. Le tome I du « Manuel suisse de franc-maçonnerie » déclare : « La manière dont la légende templière est entrée dans la FM reste entourée de mystère. Ni la tradition opérative en Angleterre, ni Désaguliers et Anderson dans la partie historique des Constitutions, ni le Chevalier Andrew Michael Ramsay dans son discours n’y font allusion. »

A propos du REAA il poursuit en disant : « Les degrés supérieurs du REAA et en particulier le 30ème degré donnent à l’Ordre du Temple une place importante. Pour certains frères Ritter, un système templier est apparu en France en 1688. Il a été introduit par Jacques II, roi d’Angleterre, qui s’est enfui en France cette année-là (…).»

Le livre de John J. Robinson « Born in the Blood » jette un peu de lumière sur la question. À l’aide de faits historiques, il crée des liens entre les Templiers qui auraient fui en Grande-Bretagne, les guerres paysannes dans le sud du pays et la fondation de loges aux XVIIe et XVIIIe siècles.

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