Le site Attac engageait pour la justice sociale et environnementale nous invite à nous plonger dans le tableau de Jean Louis Théodore Géricault « Le radeau de la Méduse« de 1819 en précisant quelques influences maçonniques :
Il est généralement admis que Géricault était franc-maçon mais la preuve de son initiation n’a pas été apportée.
Article « Le radeau de la Méduse ou le naufrage du vieux monde«
Extraits :
Une immersion totale dans l’odyssée macabre
C’est à la scène du sauvetage et de la vérité en marche que Géricault décide de consacrer son œuvre dans une immense composition de 35 mètres carrés, qui sonne comme une invitation immersive à prendre part au drame de cette vibrante humanité. Aucune figure héroïque du passé ne vient ici faire la leçon stoïcienne ou morale du vécu et de l’histoire. Ce sont des victimes écorchées et criantes de douleur qui s’étalent sans fard, dans une sincérité frappante. Et en ce sens, Géricault rompt clairement avec le style classique de la Révolution pour aborder frontalement son temps, tel un reporter avant l’heure.
La composition se distingue par une division horizontale en trois parties égales : le radeau, l’océan et le ciel, comme pour scinder la narration en trois temps différents : l’abandon et la mort sans issue, l’espoir des derniers survivants et le bateau salvateur qui vient à l’horizon. La mer, qui submerge à elle seule les deux tiers du tableau, et engendre une puissante sensation de tension dans le drame qui se déroule sous nos yeux, évoque la violence naturelle de la vie ou tout peut basculer dans une précarité totale. Verticalement, la lecture se déploie dans une forme pyramidale en trois structures de triangles imbriqués qui nous fait penser à la peinture de la Renaissance et du Baroque mais aussi aux symboles de justice et de connaissance de la franc-maçonnerie, que Géricault fréquente dans des cercles politiques influents et profondément réformateurs. L’une de ses pyramides est clairement dessinée par les cordes du gréement qui rendent captifs les hommes dans leur destin et leur embarcation. Au pied du mât, les malheureux semblent pétrifiés d’horreur, mains jointes sur le visage ou regards révulsés, exaltés de folie. L’autre élément de tension est constitué par le groupe d’hommes vu de dos qui agitent leurs loques comme des étendards dans un ciel de ténèbres. Dans un ultime élan de lucidité et de force, ils trouvent à se hisser et crier pour tenter de faire signe à l’Argus qui sillonne au large. Ces deux moments de détresse et d’espoir mélangés font écho au premier plan sinistre des corps abîmés et rongés par la mort. Ils sont peints grandeur nature comme pour mieux restituer l’âpreté du drame et rendre la couleur de la chair ou sa putréfaction encore plus réaliste. Au centre se trouve un homme inanimé dont la main se cramponne à un reste d’espar de la Méduse perdue. Sur lui veille un homme noir dont le regard nous guide vers un amas d’humains contorsionnés et plus ou moins démembrés par les pratiques de survie cannibale. Côté gauche, un doyen épuisé, couvert d’une cape vermillon semble veiller, horrifié, sur les agonisants et leur dernière dignité, abandonné à l’immensité de l’oubli. La mer a tout emporté du radeau disloqué, si ce n’est quelques barriques de vin et une hache, témoins de l’odieux massacre.