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LE PARJURE DU GRAND MAÎTRE

MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.

Chronique 262

1793 – Le parjure du grand maître

« Dans un temps où, assurément personne ne prévoyait notre révolution, je m’étais attaché à la Fran­che Maçonnerie qui offrait une sorte d’image de l’éga­lité, comme je m’étais attaché aux parlements qui m’offraient une sorte d’image de la liberté ; j’ai depuis quitté le fantôme pour la réalité. […] 

« Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient est composé, et que, d’ailleurs, je pense qu’il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commence­ment de son établissement, je ne veux me mêler en rien du Grand Orient ni des assemblées de francs-maçons. »

Venant d’un témoin des événements de la Révolution française, ces propos pourraient paraître ceux d’un notable repenti, en mal de reconnaissance républicaine. Que non ! Ils ont été écrits par un prince du sang qui fut pendant quelque vingt années grand maître de l’Ordre maçonnique français. 

Nous voulons parler ici de Louis Philippe Joseph d’Orléans (1747-1793), arrière petit-fils du Régent et donc cousin de Louis XVI, qu’il venait quelques mois plus tôt de con­damner à mort… 

Car si le duc d’Orléans fut franc-maçon, il fut aussi régicide ; souvenons-nous de son nom républicain, qui ne le préserva d’ailleurs pas d’avoir à monter lui-même à l’échafaud : Citoyen Philippe Égalité

Annoncée le 24 février 1793 par le Journal de Paris, la démission du Grand Maître provoqua une dernière assemblée du Grand Orient de France – avant un sommeil de plusieurs années – au cours de laquelle son glaive fut solen­nellement brisé par le président de séance. 

Élu grand maître en juin 1771, alors qu’il n’était que duc de Chartres, Louis Philippe d’Orléans sera guillotiné le 6 novembre 1793.

© Guy Chassagnard – Auteur de  :

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A.S.: