Faudra-t-il que le mur s’écroule pour qu’on prenne enfin de véritables décisions ? : Voici une « philo-fable » extraite du livre de Michel Piquemal « Les philo-fables » qui pourrait bien s’apparenter au devenir de la Franc-Maçonnerie !
Le mur mitoyen
Dans la ville de Bagdad, le palais de Moulay Idriss était tout proche du palais de Moulay Hassan. Un seul mur les séparait. Mais les deux hommes ne s’aimaient pas. C’est peu de dire qu’ils ne s’aimaient pas, disons même qu’ils se détestaient.
Or, un jour, un maçon s’aperçut que, sous le mur mitoyen, des termites avaient formé une colonie. Il alla trouver Moulay Idriss et lui expliqua que s’il ne faisait rien, le mur risquait non seulement de s’écrouler, mais aussi de faire effondrer la toiture de son palais. Car les termites qui nichent sous la terre se nourrissent des murs de torchis et des boiseries.
– Ce n’est pas seulement mon mur à moi, répliqua Moulay Idriss, c’est aussi le mur de Moulay Hassan. Va donc le trouver ! C’est à lui de payer !
Le maçon se rendit donc chez Moulay Hassan. Mais celui-ci, qui était aussi avare que son voisin, lui rétorqua :
– Pourquoi viens-tu me voir, moi ? Pourquoi ne vas-tu pas trouver ce coquin de Moulay Idriss ?
Le maçon dut bien avouer que c’était déjà chose faite, mais sans succès… ce qui mit Moulay Hassan en fureur :
– Comment ! Ce vieil avare cousu d’or ne veut pas payer ! Eh bien, je ne paierai pas non plus.
La querelle prit de l’importance. Les deux hommes s’insultèrent, s’obstinèrent à refuser de faire les travaux. Et au bout du compte, le mur s’écroula et les deux palais avec lui.
(Michel Piquemal)
« En lisant cette fable, on a l’impression de se retrouver dans une de ces conférences internationales où se joue le sort de la planète. Chaque pays est bien conscient que les choses sont d’une gravité extrême, mais aucun ne veut faire un effort, aucun ne veut ralentir ses activités et prendre des mesures afin de moins polluer. Chaque État juge que c’est d’abord aux autres de faire un effort ! Les pays les plus riches font la morale aux pays les plus pauvres : ils exigent que ceux-ci se développent sans pollution, alors qu’eux-mêmes ont acquis leurs richesses grâce aux industries polluantes et rechignent à changer leur mode de vie. Faudra-t-il que le mur s’écroule pour qu’on prenne enfin de véritables décisions ? »