Le poème the Thousandth Man (un homme sur mille) fut publié en 1910 par le Frère Rudyard Kipling (1865-1936).
Ce poème est considéré comme d’inspiration maçonnique.
Source : MVMM
LE MILLIEME HOMME
Un homme entre mille, a dit Salomon,
Nous soutiendra plus bravement qu’un Frère.
Cherchons-le vingt ans ; la peine est légère,
Et c’est encore peu, si nous le trouvons.
Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf indécis
Voient toujours en nous ce qu’y voit le monde.
Mais le Millième Homme aime ses amis,
Lorsque tout un peuple à leur porte gronde
Cadeaux et plaisirs, services, promesses…
Ce n’est pas ainsi que nous le prendrons.
Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf jugeront
De nous par la gloire ou par les richesses.
Mais lui… Ô mon fils ! si tu l’as trouvé,
Tu peux sans effroi croiser loin des côtes,
Car le Millième Homme est le seul qui saute
Et coule avec toi, s’il ne t’a sauvé.
Si tu prends sa bourse, il n’y pense guère ;
S’il vide la tienne, il ne t’en veut point.
Et, le lendemain, n’en viendra pas moins
Parler avec toi, sans phrases amères.
Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf faux amis
Ont l’or et l’argent toujours à la bouche.
Mais le Millième Homme, à ces Dieux farouches,
Ne sacrifie pas ceux qu’il a choisis.
Ses droits sont les tiens, tes fautes les siennes,
Ta voix est sa voix, son toit ta maison.
Qu’il ait tort d’ailleurs ou qu’il ait raison,
Je veux, Ô mon fils ! que tu le soutiennes.
Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf plats valets
Fuiront ta disgrâce ou ton ridicule,
Mais le Millième, Homme, avec toi recule,
Jusqu’à la potence, et peut-être après…
Rudyard Kipling
La poésie est l’avenir du monde civilisé.