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LE DUC DE MONTMORENCY-LUXEMBOURG

MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.

Chronique 213

1773 – Le duc de Montmorency-Luxembourg

Premier « baron de France », en raison des lointaines origines de sa famille, Anne Charles Sigismond de Montmo­ren­­cy (1737-1803) fut d’abord marquis de Royan, puis duc de Châtillon, enfin duc de Piney-Luxembourg. 

Lieutenant en second à onze ans, il fut colonel à vingt-quatre, brigadier à trente-deux, maréchal de camp à quarante-trois. Il quitta la France pour l’Angleterre le 15 juil­let 1789, y abandonnant une fortune considérable, et mourut en exil, au Portugal.

Pendant près de deux décennies, Sigismond de Montmorency-Luxembourg fut un membre dirigeant de l’Ordre maçonnique ; œuvrant en l’absence permanente d’un grand maî­tre indifférent aux affaires maçonniques et aux obligations de sa charge. 

Il avait reçu en 1762 une patente l’auto­risant à constituer en son régiment d’infanterie « Hainaut Infan­terie » une Loge Saint-Jean-de-Montmoren­cy-Luxem­bourg.

Nommé administrateur général en 1771, auprès du duc de Chartres, nouveau grand maître de la Grande Loge de Fran­ce, il œuvra pour la re­naissance de l’obédience et sa transformation, en 1773, en Grand Orient. 

Jusqu’à la Révolution, il dirigea les affaires maçonniques avec fermeté, réduisant d’abord le pouvoir des maîtres de loge parisiens par rapport aux maîtres de loge de province, accroissant ensuite la suprématie de l’Ordre sur l’ensemble des loges particulières. 

Sous la direction du duc de Montmorency-Luxembourg, le Grand Orient de France fut structuré et pourvu de règlements et de statuts précis, des rituels furent élaborés pour chaque grade d’un rite dit « moderne » ; quant aux courants écossais, ils furent sérieusement contrôlés. 

De 1773 à 1787, le nombre des ateliers créés ou reconstitués par le Grand Orient de France devait atteindre… 637.

© Guy Chassagnard – Auteur de  :

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A.S.:

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  • "œuvrant en l’absence permanente d’un grand maî­tre indifférent aux affaires maçonniques et aux obligations de sa charge. " Cette assertion non fondée sur le duc de Chartres, devenu en 1785, duc d'Orléans, fait partie de la tentative d'effacement du rôle de ce Grand Maître dans le redressement de la Franc-Maçonnerie en France après l'incurie du comte de Clermont et de son 1er substitut le banquier Baur.
    La logique de fonctionnement d'une telle organisation veut que le GM s'occupe de la représentation de l'obédience et le substitut des affaires intérieures, mais c'est à l'équipe qu'ils forment que l'on doit le redressement de la FM.
    En outre ce désintérêt supposé du duc pour la FM est inexact. Paul Naudon dans "Le voyage maçonnique du Grand Maître en 1776" affirme que le grand maître prit « une part réelle [...] dans l’œuvre unificatrice du Grand Orient lors de sa création », et en donne pour meilleure preuve « l’efficacité » de sa tournée de 1776, qui aurait contribué de façon décisive à convaincre les ateliers méridionaux hésitant encore entre la Grande Loge maintenue et le Grand Orient de se rallier à celui-ci. Il s'arrêta notamment à Bordeaux et Toulouse, comme le relate l'état du Grand Orient de France. A Bordeaux sa visite fut marquée par la parution d’une brochure de huit pages in-quarto, intitulée "Ode à Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc de Chartres, dans son passage à Bordeaux, Par un Frère des Loges Réunies de l’Orient Aquitain". A Toulouse, l'entretien avec les représentants des Loges de la ville déboucha sur la réconciliation générale des ateliers, déchirés depuis deux ans par une violente querelle à laquelle mit fin le « traité d’union et de paix » conclu le 1er mai sous les auspices du duc de Chartres.
    l visitera plus tard, dans des circonstances comparables, la loge Saint-Germain de Compiègne (22 novembre 1776), la Triple Unité de Fécamp (15 juillet 1779) et les loges de Besançon (29 juin 1780).