Il était une fois une femme qui avait découvert, il y avait de ça très longtemps, que tout au fond d’elle, il y avait un immense vide. Un énorme vide entièrement rempli de solitude.
« Je suis habitée depuis toujours par cette solitude », disait-elle
Et pendant des années elle avait tenté désespérément, courageusement, violemment parfois, de remplir ce vide.
Que d’efforts pour déloger sa solitude, pour la chasser en faisant entrer de force dans son vide plein de personnes.
Tout plein d’hommes surtout. Plein d’activités et aussi plein, plein de choses à faire, toujours plus de choses à faire. Ceux qui la voyaient de l’extérieur croyaient voir une femme forte, solide, pleine de dynamisme.
Ils voyaient , eux, quelqu’un de sûr, de résistant, qui savait s’affirmer. Ils n’hésitaient pas à s’appuyer sur elle, à demander des services à cette femme forte et pleine de ressources.
Personne ne voyait le trou immense, rempli de solitude, qui occupait tout l’intérieur de cette femme.
Un jour, elle rencontra quelqu’un qui possédait cette qualité rare de voir dans les êtres humains non ce qu’ils étaient, non ce qu’ils montraient ou cachaient mais ce qu’ils allaient devenir.
Il voyait en eux ce qui n’était pas éveillé et qui allait se réveiller, ce qui n’était pas né et qui allait naître. Il percevait ce qu’ils allaient découvrir avant même qu’ils le découvrent eux-mêmes, en eux-mêmes.
Et cet homme dit : « je vois plein de possibilités en toi.
Elle se sentait si vide, envahie seulement par son immense solitude, traversée par sa détresse, elle entendit ce jour-là le premier de ses possibles : il lui était possible de remplir son vide avec les possibles de la vie.
Ainsi se termine le conte de la femme qui croyait combler le vide de son existence par plein de rencontres et d’activités.
Extrait de Contes à guérir, Contes à grandir » de Jacques Salomé