MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 140
1743 – Le comte de Clermont, grand maître
Comte de Clermont en Argonne, Louis de Bourbon-Condé (1709-1771) entra très jeune dans les ordres ; il était le neuvième enfant de Mademoiselle de Nantes, fille légitimée de Louis XIV. Ce qui lui valut d’être nommé abbé commendataire des abbayes de Chaalis et de Saint-Germain-des-Prés, dont il provoqua la ruine par des actions dispendieuses.
Il fut également membre de l’Académie française et « Grand Maître de toutes les loges régulières de France ».
L’admission du comte de Clermont à l’Académie française mérite qu’on lui consacre quelques lignes, car elle illustre parfaitement sa personnalité et son besoin d’honneurs : depuis son origine, en 1635, l’Académie française imposait aux postulants qu’ils fissent une demande préalable d’appartenance ; le comte de Clermont substitua à la règle en usage un remerciement anticipé, pour avoir été désigné… alors qu’il n’y avait eu aucun vote le concernant, ni même aucune envie déclarée de le recevoir.
Compte tenu de son rang de prince du sang, il ne resta aux membres de l’honorable assemblée qu’à l’introniser, à contre cœur sans doute. Lors de sa réception, il exigea de ses nouveaux confrères qu’on lui donnât du « Monseigneur » ; n’ayant pu obtenir d’être reçu selon son souhait il décida de ne pas prononcer de discours de réception.
Suite à une dispense papale, le comte de Clermont fut un temps maréchal de camp, ainsi que gouverneur général des provinces de Champagne et Brie. De nature libertine, avant tout, il fréquenta plusieurs danseuses de l’Opéra ; ce qui lui valut d’être père à deux reprises.
Grand maître des francs-maçons, il sut, en fin de compte, créer la plus grande confusion dans la confrérie dont il avait la charge.
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© Guy Chassagnard – Auteur de :
- La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
- –Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
- –Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016).
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Reprise du commentaire précédent avec les mots qui manquent
La Franc-Maçonnerie française depuis les années 1730 était dominée par la haute aristocratie “frondeuse” et anti-absolutiste: Antin, Villeroy, Aumont et surtout le Prince de Conti qui avaient vu dans la FM anglaise un vecteur d’introduction d’une monarchie parlementaire. Louis XV qui avait senti le danger a imposé son ridicule et vaniteux comte de Clermont contre le Prince de Conti, premier opposant à la monarchie de droit divin. Le Comte de Clermont a laissé effectivement la Maçonnerie se fourvoyer sur les sentiers de l’ésotérisme, loin de la revendication politique des débuts de la FM.
C’est le neveu du prince de Conti, Louis-Philippe, duc de Chartres puis d’Orléans qui avec la création du GODF a renoué la FM française avec son rôle anti-absolutiste. Il était un des premiers opposants à Louis XVI et un animateurs reconnu
de la Révolution libérale de 1789-1791, sabordée par la fuite à Varennes.
La Franc-Maçonnerie française depuis les années 1730 était dominée par la haute aristocratie « frondeuse » et anti-absolutiste: Antin, Villeroy, Aumont et le Prince de Conti qui avaient vu dans la FM anglaise un vecteur d’introduction d’une monarchie parlementaire. Louis XV qui avait vu le danger a imposé son ridicule comte de Clermont contre le Prince de Conti, premier opposant à la monarchie de droit divin. Le Comte de Clermont a effectivement a fourvoyé la Maçonnerie sur les sentiers, loin de la revendication politique des débuts de la FM.
C’est le neveu du prince de Conti, Louis-Philippe, duc de Chartres puis d’Orléans qui avec la création du GODF a renoué la FM française avec son rôle anti-absolutiste. Il était un des premiers opposants à Louis XVI et un animateurs reconnus de la Révolution libérale de 1789-1791.