L’opportunité pour ce site d’évoquer le sujet directeur de l’ouvrage : la Franc-Maçonnerie. Jean-Luc Rojas, pasteur à Genève, a rédigé l’entrée «franc-maçonnerie» dans l’Encyclopédie du protestantisme. Il présente ce mouvement et montre le rôle important que les protestants y ont joué.
En fin de l’interview de Jean Luc Rojas, un article suit sur le roman « The lost symbol« .
Source : http://www.bonnenouvelle.ch/25-novembre-2009/mouvements-controverses/le-code-franc-macon.html
Le nouveau best-seller de Dan Brown, l’auteur du «Da Vinci Code», se passe à Washington, dans le milieu franc-maçon. Eclairage
Qu’est-ce que la franc-maçonnerie?
Jean-Luc Rojas: Une société de pensée discrète, voire secrète, qui vise à l’évolution de l’homme et de la société par un travail essentiellement symbolique. C’est un minimum sur lequel la plupart des loges pourraient se reconnaître. Certaines mettent l’accent d’avantage sur la dimension sociopolitique. La dimension symbolique y est moins importante. Dans le monde anglo-saxon, la franc-maçonnerie n’est parfois qu’une sorte de club à dimension caritative pas très éloignée des clubs service, mis à part la dimension des symboles.
Vous parlez de symboles?
Oui, les symboles sont puisés dans les métiers de la construction. Ces outils parlent de vertus et de qualités humaines à développer. Ce sont des sujets de réflexion et d’exposés lors des rencontres de francs-maçons. La filiation symbolique remonte aux bâtisseurs de cathédrales, au XIIe siècle. Mais la filiation effective est objet de discussions.
Au XVIIIe siècle, début de la maçonnerie que nous connaissons aujourd’hui, il apparaît que les protestants sont très présents. Pourquoi?
La franc-maçonnerie moderne est née le 21 juin 1717, par la fédération de quatre loges en Grande-Bretagne. Les deux artisans de cette fusion sont pasteurs. Jean-Théophile Désaguliers, anglican ami de Newton, vise à dépasser l’obstacle de la religion dans le but de vivre ensemble au sortir d’un siècle de guerre de religion. L’autre, James Anderson, est un pasteur presbytérien écossais, qui rédige les premières Constitutions maçonniques. Des milieux de Rose-Croix sont aussi importants à l’époque. Ils visent l’intégration de la foi et de la science. La franc-maçonnerie naît dans une période de transition vers la modernité.
La prédominance protestante s’est-elle poursuivie?
Non. D’emblée, l’idée de la franc-maçonnerie moderne était d’accepter tout le monde quelle que soit sa confession. Dans le premier article des Constitutions d’Anderson, les seuls rejetés sont les athées. De sorte à établir une amitié entre personnes de confessions différentes. L’idée était de créer une organisation légale, qui soit un lieu de rencontre et de construction d’un monde nouveau. Un monde qui sort des ténèbres. Il y a une vision utopique là derrière. Le protestantisme avait lui aussi un tel projet. Les maçons vont plus loin, avec un œcuménisme avant l’heure. Reste que dans les pays anglo-saxons, il y a aujourd’hui encore une majorité de protestants dans les loges, avec nombre de pasteurs anglicans et autres.
Les francs-maçons sont dits pourtant d’inspiration laïque, non?
L’image est juste mais partielle. La franc-maçonnerie, à cause de la Révolution française et de la position de l’Eglise catholique, va rapidement se séparer en deux. Une orientation anglo-saxonne va rester chrétienne, conformiste, axée sur le caritatif, proche du clergé protestant et du pouvoir. En Suède, le Grand maître de la Grande loge est le roi. En Angleterre, il s’agit d’un noble proche du roi. Dans le monde latin, depuis une bulle papale de 1738 qui la condamne, la maçonnerie va devenir anticléricale et laïque. Mouvement encore plus marqué au XIXe siècle, après la Révolution. A la révolution l’abbé Barruel publie un pamphlet antimaçonnique, dans lequel il lance l’idée d’un complot maçonnique qui aurait été la cause de la Révolution. Les idéaux de la Révolution française correspondaient certes à des valeurs maçonniques, mais cela faisait partie de l’émergence de la bourgeoisie. Il n’y a pas eu de complot.
Trouve-t-on des pasteurs dans les loges en Suisse?
Oui, mais pas énormément, moins qu’il y a cent ans. Il y en a davantage en France, en Belgique aussi, plus encore dans le monde anglo-saxon. La tendance évangélique actuelle est très antimaçonnique. Pourtant, les pasteurs du réveil, au XIXe siècle à Genève, étaient francs-maçons. Il n’y a pas de position officielle dans nos Eglises et rien n’empêche un pasteur d’être franc-maçon. Pour les fidèles aussi, il y a une totale liberté.
Le secret joue un rôle important chez les francs-maçons, qu’ont-ils donc à cacher?
Il n’y a pas un seul secret maçonnique auquel tout un chacun ne puisse avoir accès. On dénombre près de 70 000 ouvrages sur le sujet. Qui veut chercher peut trouver. Historiquement, le secret était lié au métier. On protège son gagne-pain. Le reste se résume à ce que chacun va découvrir. Le vrai secret, c’est ce qu’il va découvrir en lui-même et sur lui-même. Un autre aspect est celui qui touche l’appartenance: un maçon peut révéler son adhésion mais pas dévoiler un autre. Une pratique liée à des périodes de persécution. Le secret est aussi un outil de marketing. La franc-maçonnerie est attirante parce qu’elle détient un secret. Ce goût du mystère est cultivé par toutes sortes de sociétés. Il est à double tranchant, car il prête le flanc à des théories du complot, difficiles ensuite à désamorcer. Contre l’idée d’un complot, il faut voir la diversité et le manque d’unité des loges. Il s’en crée de nombreuses. Les francs-maçons ont un esprit de chapelle. C’est un milieu très divisé, comme les Eglises et les partis.
Une affinité politique?
Il est interdit de parler de religion et de politique en loge. Historiquement, la franc-maçonnerie est plutôt liée au centre gauche, en France, et touche aussi à la droite républicaine. Elle exclut les extrêmes. L’extrême-droite y voit un complot judéo-maçonnique. L’extrême- gauche un amusement pour bourgeois. En France, la maçonnerie a un aspect assez libertaire. Le maçon est plutôt quelqu’un qui bouffe du curé, comme Georges Brassens, ou Léo Ferré, tous deux maçons. La situation est toute différente aux Etats-Unis, où la franc-maçonnerie a été la première forme de la religion civile. Les signataires de l’acte d’indépendance, à commencer par George Washington, étaient maçons. C’est une pensée déiste, tolérante, libérale, commune au plus grand nombre et sur laquelle construire une Etat aconfessionnel.
- V.Vt
Les francs-maçons à la passion
Dan Brown délaisse son souffre-douleur, l’Eglise catholique, pour louer ses nouveaux amis Avec la sortie du livre «Le symbole perdu» fin novembre, gageons que les francs-maçons vont faire parler d’eux. Dan Brown, l’auteur du «Da Vinci Code», a situé à Washington l’intrigue de son nouveau roman. En une journée pleine de rebondissements, il fait parcourir à ses personnages, à un rythme trépidant, tous les sites maçonniques historiques de la ville. Malgré le mystère et les devinettes dont elle est entourée, l’intrigue est mince, pour ne pas dire transparente. On comprend mal l’inquiétude générale, jusqu’au sommet de la CIA, face au risque d’une révélation de secrets de Polichinelle, qui nous est présenté comme «une crise de sécurité nationale de proportion inimaginable».
L’auteur qui avait montré, dans de précédents ouvrages, sa vision très négative de l’Eglise, catholique en particulier, révèle ici au contraire une fascination quasi hypnotique pour la franc-maçonnerie, une pensée dont il a dit qu’elle représentait «un plan magnifique pour la spiritualité humaine». Sinon, poursuites, suspense, quiz et rébus, un méchant plus que méchant, l’absence complète de bluette et de sentiments, des chapitres courts, un professeur Langdon qui voit des symboles partout, la recette Dan Brown n’a pas changé. Ah si! Le refrain «Les francs-maçons sont mes amis», on ne le connaissait pas encore.
- V.Vt
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Bonjour ,Je voudrai savoir dans quelle Obedience et loge , a été initié notre frere Leo Ferré.