Le conflit est la hantise de beaucoup de groupes humains. On le confond souvent avec la discorde et pire encore la violence. Le conflit est inhérent à tout organisme vivant, il provient d’un antagonisme d’intérêts. C’est dire que le conflit est lieu d’expression de la différence de nos besoins. Il est bon d’avoir des conflits! Car chaque être est unique et revendique des besoins différents. Nous savons que la non satisfaction chronique d’un besoin entraîne une altération de la qualité de la vie qui peut aboutir à la mort. Le conflit est signe d’attachement(1) et souvent signe d’amour insuffisamment explicité.
Au risque de choquer certains j’affirme: « cultivons des conflits et apprenons à les résoudre ». Car le conflit est aussi une rencontre des besoins profonds de l’autre, une occasion de l’aimer malgré ses blessures.
Supprimer la télé ou multiplier les postes pour ne pas entrer en conflit en famille, c’est se priver d’une expérience pédagogique essentielle à la socialisation et la vie en commun. Ce n’est pas en déroulant un chemin lisse sans obstacle que l’on se prépare à discerner les embûches de la vie. Apprendre à résoudre le conflit enseigne le respect (regarder à deux fois) pour trouver une issue honorable, ce qui est souvent plus important que la raison du conflit.
La résolution de conflit installe une dynamique qui perdure dans le temps.
La médiation de la parole permet d’élucider le vrai désir de chacun et d’exprimer sa nature profonde. C’est souvent en disant que les choses se clarifient. Progressivement il devient possible de se positionner à partir de nos besoins plutôt que des reproches que l’on fait à l’adversaire. C’est à partir des besoins que naissent les conflits c’est par cette porte qu’ils peuvent aussi être résolus. (2)
Le médiateur devra discerner entre le symptôme, qui est la partie émergente de l’iceberg que l’on voit en surface et qui cache le problème à résoudre et le besoin non satisfait tapi dans la profondeur.
Il existe deux visions du conflit: la plus classique pense qu’il est nuisible « qu’il faut l’éliminer » ce qui passera par « chercher le coupable » peut-être pour l’éliminer! Au moins lutter contre c’est une démarche de destruction où le passé est plus important que l’avenir. L’autre vision aborde le conflit comme une opportunité de croissance qui permet de faire évoluer les relations où plutôt que de « chercher le coupable » on va « chercher des solutions ». C’est une ouverture à la créativité, une démarche de construction où l’on devient co-créateur, l’avenir prenant le pas sur le passé.
« Ne gardez aucune dette envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a parfaitement accompli la Loi. L’amour ne fait rien de mal au prochain. » (Romains 13,8.10)
Source:
(1) Jean Monbourquette « Pardonner pour guérir » éd. Sonothèque-Média, 31510 Sauveterre.
(2) F. Paul-Cavallier « Jouons » la pédagogie de la coopération, éd. Jouvence.