Voici un article paru sur le site de la Radio Télévision Belge Francophone, RTBF relatif à l’entrée des femmes en franc-maçonnerie :
L’accession des femmes en franc-maçonnerie est une histoire récente et le résultat d’un longcheminement entamé au XVIIe siècle en Angleterre. Elle correspond à l’évolution du statutdes femmes dans la société. Encore largement subordonnées au XVIIIe siècle à l’autoritémasculine, en poussant les portes des loges, c’est la possibilité d’une émancipation fémininequ’elles s’ouvrent…
Laetitia Carlier, conservatrice au musée belge de la franc-maçonnerie, raconte au micro deNicolas Bogaert la lente évolution de la place des femmes au sein de la société franc-maçonne du XVIIIe au XXe siècle.
On raconte qu’Elisabeth Aldworth de Saint-Léger serait la première femme initiée en franc-maçonnerie
La légende raconte que ce serait par une indiscrétion qu’Elisabeth Aldworth serait devenue lapremière femme à entrer en maçonnerie. En effet, l’histoire raconte que son père, « Vénérablemaître », présidait régulièrement une loge maçonnique dans sa propre demeure. Curieuse, lajeune Elisabeth aurait surpris un jour une cérémonie. Ce serait alors pour s’assurer de sonsilence que les membres de la loge l’auraient initiée et intégrée parmi eux.
Ceci n’est évidemment qu’une légende dont il est difficile de vérifier la véracité étant donné lemanque d’archives à ce sujet. Par ailleurs, Laetitia Carlier rappelle qu’on a aujourd’hui la preuveque d’autres femmes en Angleterre ont été initiées au XVIIe et XVIIIe siècle en maçonnerie etqu’on a retrouvé la preuve de l’existence de loges mixtes. Il n’est donc pas certain qu’Elisabethfut réellement la première femme à rentrer en franc-maçonnerie.
L’interdiction des femmes au XVIIIe en Angleterre au sein des loges maçonniques
En 1721, la constitution de James Anderson constitue le premier règlement de la franc-maçonnerie dite « moderne ». Le premier article de cette constitution stipule que pour être franc-maçon: « il faut être libre et probe« . Or, au XVIIIe, les femmes ne sont absolument pas libres. Parconséquent, cet article les exclut formellement de la franc-maçonnerie.
Notons que James Anderson, et ceux qui l’aidèrent à rédiger ce règlement, étaientessentiellement des hommes d’église, autre institution dans laquelle la séparation des genres esttrès strictement établie. Il n’est donc pas étonnant qu’ils aient voulu transposer cette mêmeexigence à la franc-maçonnerie. Il s’agissait là d’une conception politique, sociale etreligieuse caractéristique de l’époque où l’on considérait que les femmes n’avaient aucun rôle àjouer dans le domaine des affaires sociales, devant rester soumises à la tutelle d’un homme. Aucours de leur vie, ces dernières passaient ainsi de l’autorité d’un père à celle d’un mari.
L’avant-gardisme des loges mixtes du XVIIIe dans l’Empire allemand
Au XVIIe siècle, la place des femmes au sein de la franc-maçonnerie est bien différente. Il existedéjà des loges mixtes dont la plus connue est celle de l’ordre des Mopses. Cet ordre émerge vers1740 suite à la bulle promulguée par le pape Clément XII qui condamne la franc-maçonneriecomme société secrète et qui excommunie de l’Eglise tous les francs-maçons catholiques. C’estdonc pour parvenir à continuer à pratiquer la franc-maçonnerie que ces derniers se constituenten ordre.
Or, Laetitia Carlier explique que l’on a retrouvé des gravures qui démontrent que cet ordre étaitbel et bien mixte et paritaire! Il semblerait, en effet, qu’au sein de ses loges, les femmes aient euun droit d’accès à pratiquement tous les offices. Qui plus est, il semblerait que ces offices étaientprésidés en alternance, tous les 6 mois, par un homme et par une femme. Seul le statut de »Grand-maître » restait l’apanage d’un homme. On peut donc parler de l’existence d’une véritableparité au sein de ces loges mixtes dont les offices prenaient, cependant, des tournureshumoristiques, conférant aux rituels un caractère davantage « para maçonnique ».
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