L’amour existe-t-il encore ?
Ça fait un petit moment déjà que cette question pour le moins existentielle et fondamentale me trotte dans l’esprit…
Lorsque j’étais plus jeune jusque il n’y a pas si longtemps en fait, pour être honnête, j’ai cru que le « vrai » amour existait… Celui qui fait qu’on est prêt à tout, celui qui met en avant les plus belles qualités, les plus belles valeurs. Celui qui ne les met pas en péril pour des broutilles. Une confiance sans faille, un couple indestructible et éternel. Qui se remet vaille que vaille de toutes les entraves, de toutes les embûches…
Est-ce que ça existe encore ? Est-ce seulement du fantasme ? Du domaine du conte de fées, des idéaux trop grands pour nous ?
Se peut-il que les couples rêvés durant mon jeune âge, heureux jusqu’à la fin des temps, pour schématiser, n’existent que dans les histoires du XVIIème siècle encore lues à nos enfants pour les endormir ?
On grandit tous avec cette image au cœur, ces idéaux sinon de perfection, tout au moins d’amour partagé, de respect, de confiance et de valeurs inattaquables.
Qu’est ce qui fait que cela devient si impossible sur le long terme ?
Que les promesses faites librement finissent foulées au pied au fond d’un caniveau où coulent toutes les amertumes partagées ?
Autour de moi, il n’y a encore que mes parents qui durent, certes au prix de remises en question perpétuelles, de cris, de disputes sans cesse répétées, mais ils sont là, infaillibles, toujours ensemble.
Mes oncles, tantes, tous changent de vie, se rendent compte après 30 ans que la vie qu’ils menaient n’était qu’une pauvre façade, ils tombent « amoureux », retrouvent des gens de leur passé, découvrent une vie jusque là oubliée, qui n’est pas sans leur rappeler certainement les idéaux de leur adolescence, et renoncent à tout ce qui a forgé leur passé.
Je ne dis pas que c’est un mal, d’ailleurs, selon les cas c’est même un bien, car leurs enfants ont baigné dans ce faux amour durant la majorité de leur vie et les voilà incapable de reconnaître l’amour, d’y croire et de s’engager.
Quel est ce mal de notre époque, où tout est sans cesse remis en question sous prétexte de souffrance, de recherche de bonheur ? Pourquoi en faisons-nous un dû de la vie de ce bonheur tant recherché ? Est-ce un dû ? Est-ce un but ? Existe-t-il seulement ?
L’homme est-il seulement fait de mensonges, de duperies, de tromperies, de désirs inavouables, de moralité tronquée, qu’il essaie vainement de cacher aux gens qu’il aime ?
J’ai des amis autour de moi. Casés, heureux (semble-t-il) en ménage… Et ils draguent, flirtent, jouent dangereusement au chat et à la souris, toujours avec une souris bien facile à attraper. Et une fois attrapée, le jeu se trouvant dénué d’intérêt, recherchent une autre souris et continuent leur danse de façon incessante. Parfois ils concrétisent un temps, puis renoncent et recommencent… Comme une recherche effrénée de quelque chose qu’ils ne veulent pas au bout du compte. Une question d’égo… essentiellement.
Mais égo et couple est-ce alors compatible ?
Je suis perdue dans ce monde « d’adulte ». Tous mes rêves sont déchus et aplatis, tout ce qui me mettait la tête dans les étoiles quelques années plus tôt est tombé… Je ne reconnais plus ce monde. Fait du contraste, des contradictions entre « moi » et « nous ». Entre la réalité et la supposition. Entre « l’amour » et « les couples »…
Se peut-il finalement que l’amour ne soit pas si enviable, pas si merveilleux ? Qu’il soit juste un absolu tangible dans les débuts et qui se dilue de façon incontrôlable au fur et à mesure que les années passent, subissant toutes les entorses au règlement qu’on voulait si rigide au départ ?
Puis les années passant, les promesses se font moins évidentes, le moi reprend le dessus, et on se met à feindre, à jouer, à mentir, trahir, tromper, tout en essayant de maintenir envers l’autre une image toujours stable, en faisant croire qu’on est toujours le même ou la même alors que la révolution intérieure est réelle mais ténue, étouffée ?
Je ne comprends plus.
Mon cœur a été bousillé alors qu’il croyait au firmament, à l’éternité de l’amour unique, qu’il croyait naïvement pouvoir se remettre de tout par « amour »…
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Ce cœur n’est qu’un morceau de chair qui bat maladroitement… Qui croit encore à son rêve devenu cauchemar. Mais les cauchemars ne durent pas… Un rêve voilé, un maigre espoir finalement que tout existe encore, que quelque chose « dans le genre » est encore possible…
Qui regarde les autres, tous les autres qui croisent son chemin et qui évoluent dans la même désillusion…
Qu’en est-il de ce grand rêve ?
Peut-être qu’au fond il ne demande qu’à renaître, peut-être que je suis prêt à redevenir aussi naïf qu’avant devant l’amour et que je me repais des mauvais exemples alentour comme une mise en garde néfaste…
« N’y retombe pas, mon amie, ou vois ce qui t’attend ! »…
Je suis perdu entre ce que je rêvais, ce que j’ai cru sincèrement vivre, entre ce qu’il a résulté de nous à la fin, le cauchemar que j’ai vécu éveillé, en suppliant de me réveiller enfin… Je suis perdue entre mes aspirations et la réalité, ma réalité, celle que j’ai vécu les dernières années…
Je sais qu’amour et souffrance sont liés, je sais que l’un n’est pas sans l’autre, qu’il y a des crises à traverser tout au long de la vie… Mais quel doit être le partage entre les deux ? Quand reconnaît-on que ça va trop loin ? Jusqu’à quelle limite est-ce supportable ?
Toutes mes références volent en éclat. Aujourd’hui, je suis perdue, je suis désillusionnée, mais quelque part, tout au fond, à peine palpable existe le fait que je veux y croire encore… Un jour… Peut-être… Ce grand rêve renaîtra…
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Bonsoir à tous, dans un monde où tout est mouvement, où tout branle avec le temps, où rien ne dure, Schopenhauer éclaire et donne à méditer sur ce sujet... BBB
J'y ai cru, moi aussi. Mais la vie est un combat, je ne suis pas un soldat, chaque combat m'a épuisé, j'ai divorcé car le lien ne tenait que par mon seul sens de responsabilité. Célibataire depuis plus de vingt ans, je n'ai eu que des aventures passagères, celles qui cassent lorsqu'on se rend compte de l'inconstance.
Je me suis fait la même réflexion il y a encore peu. Célibataire depuis quelques temps déjà, je me pose souvent cette question, parfois redondante, souvent sans trouver de réponse. Ma manière de vivre est-elle un frein à, si ce n'est une possibilité, ma capacité à être en couple. Et puis, introspectivement, je me suis mis à différencier les souvenirs que j'avais de mes vies passées, celles où j'ai vécu en couple. Au fond, n'attendais-je pas de l'autre qu'il m'apporte la part de bonheur que je n'arrivais pas alors à trouver moi-même? Ou cette femme qui accompagnait mes jours et mes nuits n'était-elle là que pour tromper l'illusion d'une solitude intérieure inavouée? Avais-je finalement peur de me retrouver seul face à moi-même, d'être incapable de construire mon propre bonheur, pour me servir de l'autre comme d'une béquille, d'une infirmière, de l'autre moitié d'un bonheur que je n'arrivais pas à trouver en moi?
Le temps a passé depuis, et j'ai appris à combler certains vides, alors que d'autres se créaient. Là où s'est aujourd'hui installé un sentiment de liberté jouissif dont je tires égoïstement les ficelles, où je mène ma vie comme je l'entend, sans n'avoir de compte à rendre à personne, si ce n'est à moi-même, cette liberté donc a creusé celui de l'affection, et dans mon coeur règne aujourd'hui un froid glacial, où la liberté dont je tire toute la quintessence laisse place à l'amertume de ne pouvoir partager ce que je vis en solitaire.
Vivre en couple, c'est faire des concessions, c'est faire le choix de vivre à deux et pour deux, de penser à deux. Être célibataire, c'est être libre comme le vent qui souffle. Mais qui souffle dans un désert, sans polliniser aucun arbre, aucun fleur, sans permettre à aucun oiseau de planer.
Aimer ce n'est pas tout accepter car l'amour rend aveugle.
Aimer c'est donner du temps pour comprendre sa propre vie et celle des autres.
Amour et FRATERNITE