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L’AIGLE À DEUX TÊTES


MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard

En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître. 

Chronique 376

1832 – L’aigle à deux têtes

Un aigle à deux têtes décore tout document émis au nom du Suprême Conseil de France, qui entend être « le seul con­servateur et gardien du Rite écossais ancien et accepté ». Pourquoi ? 

Il est précisé dans l’édition française (1832) des Grandes Cons­titutions de 1786 – dont on ne dira pas assez qu’elles sont apocryphes – que « le Grand Sceau du Suprême Conseil est un grand aigle noir à deux têtes, le bec d’or, les ailes déployées, tenant dans ses ser­res une épée nue ». 

L’aigle, le roi des oiseaux, a un long passé symbolique. Il est le substitut du soleil ou de la divinité (Zeus), l’attribut du pouvoir (César romain), l’emblème de la souveraineté  (Russie, Pologne, Albanie, États-Unis). 

Pseudo-Denys l’Aréopagite affirmait au Ve siècle : « La figure de l’aigle in­dique la royauté, la tendance vers les cimes, le vol rapide, l’agilité, la promptitude, l’ingéniosité à découvrir les nourritures fortifiantes, la vigueur d’un regard tendu librement, directement et sans détour, que la générosité du soleil multiplie. »

L’Empire de Byzance a donné deux têtes à l’aigle, qu’a repris pour emblème le Saint Empire germanique, en raison de son ambivalence : Empire d’Orient mais aussi d’Occident. L’aigle bicéphale a été ensuite adopté par les Chevaliers d’Orient et d’Oc­ci­dent au milieu du XVIIIe siècle. 

Il n’est donc pas anormal qu’il ait été retenu par des maçons écossais qui entendaient placer leur Su­prême Conseil à la fois sur les deux hé­mis­phères et au-dessus de l’Ordre ma­çon­nique tout en­tier – et qui n’ignoraient peut-être pas qu’un(e) aigle figurait encore sur les armes du mar­grave de Brandebourg – devenu roi de Prusse. 

Un souverain promu, sans le savoir et sans le désirer, au rang de « Grand Maître » de la Franc-Maçonnerie universelle.

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© Guy Chassagnard – Auteur de  :

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A.S.: