Voici une nouvelle contribution de la GLIF (Grande Loge Indépendante de France) :
L’ACACIA MECONNU …, SI, SI !
Notre Très Cher Frère Gérard Lefèvre a écrit …
Que fait l’être humain quand il se passionne pour l’étude et la recherche de la connaissance ? Quel instinct profond le tire vers le haut ou le bas ? Voici deux aspects d’une question qui semble anodine, mais qui cache en réalité un fait d’une importance pour « l’acacia m’est connu ou méconnu ».
« Connaître » n’est pas « savoir ». Savoir c’est apprendre de l’autre. « Connaître » c’est apprendre de soi, dans le rapport avec l’autre.
René Guénon disait de lui qu’il était arbre de dualité, arbre de mort par sa partie enterrée, et arbre de vie par sa partie aérienne, là encore un trait d’union entre le zénith et le nadir, entre l’ombre et la lumière.
Cette connaissance se transmet le plus généralement de façon orale, visuelle, écrite ou manuelle ; on est dans l’apprentissage, nous apprenons des autres et de notre environnement. Pour Albert Einstein, « la principale source de connaissance est l’expérience »
1. Acacia ou Érica ?
Buisson d’éricas.
Dans tous les Mystères antiques, alors que la plante sacrée était un symbole de l’initiation, l’initiation elle-même était le symbole de la résurrection à une vie future et de l’immortalité de l’âme. Dans cette optique, la Franc-maçonnerie aurait-elle substitué l’acacia à l’Érica…
Les Égyptiens avaient, en effet, choisi l’érica, comme plante sacrée. Dans les mystères d’Osiris, une légende raconte qu’Isis, à la recherche du corps de son mari assassiné, l’avait découvert enterré au front d’une colline, près de laquelle une érica (la bruyère), grandissait ; après la récupération du corps et la résurrection du dieu, lorsqu’elle a établi les Mystères pour commémorer sa perte et sa guérison, elle aurait adopté l’érica, comme plante sacrée, en souvenir de l’endroit où les restes mutilés d’Osiris étaient cachés.
Chez les Égyptiens de l’Antiquité, l’acacia est présent dans l’iconographie funéraire ; l’acacia, ished, qui signifie « ce qui donne la félicité », était considéré comme un arbre sacré sur les feuilles duquel Thot et la déesse de l’écriture Seshat étaient réputés transcrire les noms du Pharaon pour lui souhaiter prospérité et longue vie ; son nom hiéroglyphique est shen (Le Chen est un anneau qui représente le concept d’éternité, sans commencement ni fin). Dans le sarcophage de granit d’Aménophis II, on découvrit sur le corps du défunt une branche d’acacia.
Sarcophage d’Aménophis II.
Les Égyptiens l’utilisaient pour fabriquer des secrétaires à papyrus, des malles et des coffres à momies. Le papyrus du Livre des Morts d’Ani, découvert à Thèbes en 1887 par Wallis Budge, contient hymne et litanie à Osiris. La section 5 de la litanie comporte une invocation toute spéciale : « Hommage à toi, ô seigneur de l’Acacia ». Cela permet-il de suggérer que le Hiram de la légende maçonnique serait un avatar symbolique d’Osiris …
2. L’acacia, arbre symbolique de l’Égypte antique.
Bas-relief égyptien représentant un acacia.
Dans l’esprit de l’ancienne Égypte, un bateau n’était pas seulement un objet physique. C’était également une image miroir de la barge de la conscience sur laquelle l’âme flottait à travers la vie. Vu sous cet angle, les bateaux et les cercueils ont quelque chose en commun, et de nombreuses cultures ont mis au point des sépultures figurant des bateaux ou des navires.
Les cinq bateaux découverts près de la pyramide de Khéops (vers 2590 avant J.-C.) étaient faits d’acacia et de cèdre.
Plus important encore, la barge sacrée originale d’Osiris au temple de Thèbes était en acacia.
Cet ancien dieu de la nature « mourait » chaque année lorsque les plantes se flétrissaient, pour ensuite « renaître » au printemps. En surmontant la mort et en atteignant la vie éternelle, Osiris a personnifié la promesse de rédemption dans l’au-delà.
Le but spirituel des anciens Égyptiens était de transcender les limites de la personnalité et de fusionner avec Osiris.
L’acacia était le gardien de cette promesse, car il protégeait la momie d’Osiris pendant que son âme embrassait l’univers. Les inscriptions l’appellent « le solitaire dans l’acacia », et les images inscrites montrent le dieu comme une momie abritée par l’arbre.
Ainsi l’Acacia est un symbole de vie et d’immortalité. Par extension il représente également la renaissance qui suit la mort.
En Égypte, on trouve cet arbre qui n’est pas unique, mais qui était sacré dans l’antiquité. L’Égypte s’est construite sur une civilisation incroyablement ancienne.
Ses chroniques retracent son histoire, sans interruption, depuis la fonte des grands glaciers, il y a 12 000 ans, jusqu’aux derniers pharaons d’origine grecque, les Ptolémée, parmi lesquels la célèbre Cléopâtre.
La société égyptienne possédait une élite d’êtres intériorisés, très spirituels, avec un système complexe de croyances et une représentation de la réalité supérieure à la nôtre, plus efficace, que la science matérialiste qualifierait de magique.
La spiritualité jouait un rôle dominant dans la vie des élites égyptiennes, comme on le voit sur les fresques murales ou sur les fragments de papyrus qui nous sont parvenus. Ces images montrent souvent l’arbre de vie. Certains chercheurs ont voulu y reconnaître l’Acacia nilotica. Cette plante hallucinogène pousse en abondance le long du Nil : ses pouvoirs psychiques ont été glorifiés par les prêtres égyptiens.
Fresque égyptienne représentant un acacia.
L’acacia du Nil est un must de la mythologie égyptienne. Sous sa ramure sont nés les premiers dieux de l’Égypte. Osiris aussi est né sous cet arbre. La légende veut que le dieu Osiris habite l’esprit de tous les acacias.
Les anciens Égyptiens utilisaient l’acacia du Nil pour obtenir l’illumination et parler aux dieux. Leur guide spirituel n’était pas Hathor ni Isis, mais Osiris. Il est ici dans sa fonction de psychopompe (En mythologie, un Dieu psychopompe (en grec ancien : ψυχοπομπός / psukhopompós, signifiant littéralement « guide des âmes ») est un conducteur des âmes des morts (comme un guide ou un passeur), le dieu des enfers et de la renaissance.
Osiris et sa parèdre qui est assis à côté d’Isis président à l’éveil, qui est la vraie renaissance, celle de l’esprit, plus importante que la naissance de la chair.
L’Acacia nilotica contient un principe actif alcaloïde, le Dimethyltryptamine, ou DMT. Cette molécule bien connue des pêcheurs de rêves donne paraît-il des expériences spirituelles intenses. C’est l’alcaloïde de l’ayahuasca, utilisé dans des rituels chamaniques en Amazonie et ailleurs.
L’ayahuasca ou « liane de folie » ou « liane des morts ».
3. Un point de vue inattendu.
Je voulais juste souligner que l’acacia sacré des anciens Égyptiens est très présent dans la Genèse. Les prêtres semblaient apprécier son extase. Du coup, l’affaire de Moïse sur le mont Sinaï prend un relief accru.
Le professeur israélien, Ben Shannon, pense que Moïse était complètement défoncé sur le mont Sinaï quand Yahvé lui a donné les Tables de la Loi. Le prof Shannon n’est sans doute pas très loin de la vérité. Toutes les civilisations anciennes n’ont eu qu’une seule préoccupation, l’éveil. La claire lumière intérieure qui est dit-on le séjour des dieux.
Dans la Bible, le buisson ardent devant Moïse était un Acacia nilotica. Ce qui n’est pas étonnant car on trouve encore cet acacia dans la vallée du Jourdain et le désert du Sinaï, avec trois sous-espèces différentes, contenant toutes du DMT.
Moïse devant le Buisson Ardent.
Pour le judaïsme primitif, l’Acacia est sacré. Il a été utilisé comme un matériau de construction dans tous les temples et de tous temps. L’arche de l’alliance était faite d’Acacia nilotica recouvert de plaques d’or massif.
Comme toutes nos religions actuelles, le judaïsme a été influencé par le DMT et sa connexion au monde des esprits. A la Mecque, avant l’Islam, la déesseAl-Lat ou Allāt était aussi identifiée à l’Acacia nilotica. Sa religion était tout à fait conforme aux croyances égyptiennes, celtes et hébraïques.
L’Acacia est l’analogue de l’aubépine, de la Croix égyptienne et chrétienne, de la lettre hébraïque Vav, qui veut dire « lien ». C’est le symbole du lien qui unit le Visible à l’Invisible, cette vie à la suivante ; c’est le gage de l’immortalité.
René Guénon fait remarquer que beaucoup de plantes symboliques sont des espèces épineuses comme la rose, le chardon, l’acanthe. Pour lui, les épines comme les pointes ou cornes évoquent l’idée d’une élévation et peuvent, dans certains cas, être prises pour figurer des rayons lumineux. À noter en ce sens qu’Al Uzza veut dire acacia, « épine d’Égypte » et que c’est un symbole solaire.
Épines d’acacia.
Comme arbre, l’acacia exprime la symbolique de tous les arbres : la verticalité de l’homme et l’union du ciel et de la terre. Arbre d’une vigoureuse vitalité, l’acacia affirme aussi la puissance expansive de la Vie : les Anciens en ont fait un symbole phallique, manifestant l’énergie d’un dieu créateur. C’est ainsi que les chercheurs expliquent la présence de graines d’acacia dans les chambres funéraires des pharaons.
Le bois d’acacia, très riche en tanins, dur, hydrophobe, imputrescible, résiste aux parasites et aux rongeurs. Dans l’antiquité, les Égyptiens l’utilisaient pour fabriquer des secrétaires à papyrus, des malles et des coffres à momies. L’acacia est lié, à la fois, à la vie et à la mort et, très tôt, on lui a associé des idées de transformation, de métamorphose et d’immortalité. Sur le plan symbolique, on voit apparaître, ici, le sens duel de l’acacia.
A la fin du XIXe siècle, divers auteurs ont affirmé que l’acacia était un arbre sacré. Jules Boucher cite Tiele qui, dans son « Histoire comparée des anciennes religions de l’Égypte et des Peuples sémitiques », indique que des prêtres de l’Égypte ancienne, dans certaines processions, portaient une arche sainte d’où sortait un acacia et sur les flancs de laquelle on pouvait lire : « Osiris s’élance ». Ragon, à propos de l’acacia, écrit qu’il était révéré chez les Arabes anciens, et que, parfois même, il était objet de culte et idolâtré.
L’acacia est effectivement un arbre sacré. Les preuves résultent d’un fait significatif ou s’expriment, en négatif, à partir d’un raisonnement par élimination. Elles font penser à ces empreintes de pied, laissées dans l’argile par des Australopithèques (Primate fossile de la famille des hominidés, connu par des ossements d’Afrique australe et orientale, découverts à partir de 1924), il y a plusieurs millions d’années, que les chercheurs continuent d’interroger et de commenter.
L’acacia évoque aussi le cycle annuel de l’astre solaire, salué par sa floraison en boules jaune d’or, ainsi que le cycle jour-nuit par les feuilles de certaines espèces qui se referment le soir et s’ouvrent au lever du soleil. Ainsi, le drame d’Osiris peut être envisagé comme rite solaire par son cycle de mort-renaissance se référant à la marche apparente du soleil.
Par son essence même, depuis des milliers d’années, l’acacia est promesse d’immortalité, à travers laquelle se relient les pharaons dans l’espoir d’une renaissance attendue.
Dur et léger, le bois d’acacia est qualifié par la Septante (traduction grecque de la Torah) d’imputrescible. Aussi est-il utilisé dans les constructions portuaires fluviales et maritimes, ou pour servir de pieux enfoncés en mer afin d’élever les moules de bouchots, ou encore de piquets de clôture et de vigne.
C’est un excellent combustible et sa belle couleur foncée et ambre en ont fait une espèce recherchée en charpente et ébénisterie. Il est, en quelque sorte, l’acajou du désert. La Bible l’appelle bois de shittim et ne le cite pratiquement que dans le livre de l’Exode, en vingt-six occurrences.
L’Arche d’Alliance.
Exode 25, 10 : « Ils feront une arche de bois d’acacia, sa longueur sera de deux coudées et demie, sa largeur d’une coudée et demie, et sa hauteur d’une coudée et demie. »
Outre le fait qu’on le rencontre abondamment dans la péninsule du Sinaï, c’est sans doute pour des raisons techniques qu’il a été choisi comme matériau du premier Tabernacle destiné à abriter la présence active de Yahvé au milieu de son peuple pendant la traversée du désert.
Il s’agissait d’une Tente spécialement dédiée au culte où reposait l’Arche qui conservait les trois symboles de la libération d’Égypte : le bâton d’Aaron (qui avait fleuri), l’urne (en or) de la manne et les tables de la Loi. Tout y était en acacia : l’Arche d’Alliance, mais également la table des pains de proposition, les barres de transport, les cadres verticaux, les traverses et les piliers, l’autel des holocaustes plaqué d’airain, et celui des parfums.
Aujourd’hui on a un peu perdu de vue les vertus hallucinogènes de l’acacia. Pourtant son culte a survécu, mais de façon purement symbolique, rassurez-vous ! On imagine mal les vénérables tabliers de cuir se rouler des pétards d’acacia du Nil. Quoique …
GLIF 2021
Pour saluer et remercier voici quelques mots :
JE SUIS UN ARBRE
Je prends racine dans la terre
C’est toi qui me nourris mère
Mon tronc grossit
Grandit, grandit, grandit
Mes branches s’écartent à fond
Pour ne par tourner en rond
Pour moi la pluie
N’est pas l’ennui
L’oiseau sur ma branche
Trouve repos et jamais ne dérange
J’abrite les petits êtres dans mes branchages
Mais je crains la foudre et l’orage
Je donne de l’ombre, je donne la vie
Toi aussi prends soin de moi l’ami(e)
Sur le même sol nous tous sommes la forêt
Comme vous cohabitez dans la société
FRATERNITE
Tout le problème vient de la traduction (une fois de plus!). Il est très difficile très certain que les textes originaux parlent d’acacia tel que nous le connaissons. Il pourrait aussi bien s’agir de « cassia » ou cassier, ce que nous nommons vernaculairement « cannelier » ou arbre à cannelle, épice qui rentrait dans le procédé d’embaumement, et donc de ce fait sacrée.