« Le Journal du Dimanche » du 22 novembre 2009 a titré sa une de la sorte « Dan Brown s’attaque aux Francs-Maçons » : un dossier spécial sur l’auteur, sur son dernier ouvrage, etc… 4 pages consacrées au livre-évènement….Cela n’en finit pas…
A noter également sur le site de l’éditorial une synthèse du dossier : « Dan Brown : Fabricant de best-sellers«
Source : http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Actualite/Dan-Brown-fabricant-de-best-sellers-152131/
Dan Brown, fabricant de best-sellers
Antistar, l’auteur de thrillers le plus lu au monde vit dans son cocon du New Hampshire. Cet ancien prof de littérature et compositeur dem usiques fabrique ses succès comme un artisan.
Exeter, petite ville de 15.000 habitants au cœur du New Hampshire. Son église baptiste, ses restos coquets, ses pavillons proprets. Daniel le libraire approvisionne la pile de bouquins signée d’un autre Daniel, « the famous one » disent les habitants: Dan Brown, l’auteur de l’ultrabest-seller Da Vinci Code et du Symbole perdu (*), sorti en septembre aux Etats-Unis, en librairie en France vendredi. Ce jour-là, le bruit court que la star mondiale devrait faire une apparition dans les rues d’Exeter. Pas de mouvement de foule, pas un objectif de paparazzi à l’horizon, rien ne perturbe cette matinée de novembre dans la paisible cité. Il faut dire qu’il n’y a rien d’exceptionnel à ce que M. Brown descende en ville.
Tout millionnaire et tout ami de Tom Hanks et Ron Howard qu’il soit, l’auteur de thrillers le plus lu au monde n’a pas quitté sa ville natale, ou seulement de quelques kilomètres, histoire de s’isoler un peu. Son brutal succès, qui aurait fait tourner la tête à plus d’un auteur – le Da Vinci Code lui a rapporté 300 millions de dollars –, n’a pas eu raison de l’attachement viscéral qu’il voue à ce coin champêtre. Entre les feuilles roussies par l’automne, l’odeur épicée de la terre humide des chemins qui bordent la forêt, les écureuils gris de son enfance et la frime d’Hollywood, ce « faiseur » de succès n’a pas hésité.
Des chasses au trésor organisées par son père
Les photos dans les magazines people et les soirées mondaines, très peu pour lui. Dan Brown n’est pas papillon de lumière, du genre à se brûler les ailes à Los Angeles. Brown exsude Exeter de tous ses pores. Il a choisi de vivre dans son cocon, tout près de l’hôpital où il est né, il y a quarante-cinq ans. Peut-être est-ce la fameuse discrétion propre aux gens de la Nouvelle-Angleterre? « Ma vie n’a pas changé… » Leitmotiv des rares interviews qu’il accorde aux médias. Brown a troqué sa vieille Volvo contre un modèle Toyota pas du tout tape-à-l’œil, part en vacances à la Barbade lorsque l’hiver se fait trop rude dans le New Hampshire, collectionne les œuvres d’art. Sa seule folie, une maison gothique avec passages secrets et portes mystérieuses, truffée de symboles ésotériques.
Très peu d’exposition, pas de frasques de star, l’écrivain a gagné sa tranquillité. C’est quasi incognito qu’il circule dans les allées du campus de la Phillips Exeter Academy, lycée prestigieux où il a enseigné l’anglais et l’espagnol dans les années 1990. Le genre d’établissement qui mène tout droit à Harvard et Cambridge, les deux universités d’élite situées à une heure de là. Normalement, il faut se serrer la ceinture depuis la naissance de sa progéniture pour qu’elle intègre la Phillips Academy. A moins d’être le fils d’un enseignant du lycée et de grandir sur le campus. Ce fut le cas de Daniel Brown, fils de Richard Brown, professeur de mathématiques et auteur de manuels de la discipline et de Connie, professeure de musique sacrée, qui jouait de l’orgue à l’église. Science et religion dans les gènes, rien d’étonnant à ce que l’œuvre de Brown soit imprégnée d’ésotérisme et de cryptologie.
Ecole du dimanche, camps religieux en été, une demi-heure de télévision par semaine accordée aux trois petits Brown, l’enfance de Daniel fut d’une « stricte douceur ». « Avec mon frère et ma sœur, nous n’étions pas toujours d’accord sur les programmes, donc je marchandais une émission télé contre un service rendu. » Et comme Sophie Neveu, personnage féminin du Da Vinci Code, les enfants Brown participaient à des chasses aux trésors organisées par le père: ils devaient suivre des indices et déchiffrer des codes pour trouver les cadeaux cachés.
« Je suis d’abord allé au collège dans une école publique d’Exeter puis j’ai intégré la Phillips Academy en toute logique. C’est un peu ma deuxième maison », confie-t-il dans une salle de cours située au dernier étage de la grande bibliothèque du campus. Une maison dont il est le bienfaiteur: il a fait un don de 2 millions de dollars notamment pour équiper en hautes technologies les étudiants dans le besoin. Ici, pas d’enseignement magistral, les cours sont donnés autour d’une table. « Maître et élèves sont à égalité », explique le discret Brown.
« Moi, je ne suis pas un héros »
Dans les rayons de la bibliothèque, beaucoup d’œuvres écrites par d’anciens élèves de l’Academy. Il n’y a pas que du Dan Brown. Cela va du livre de cuisine d’un inconnu à John Irving, autre poids lourd littéraire maison. Des originaux de Virginia Woolf sont exposés sous verre, Brown n’y jette pas un œil. Pour lui les livres ne sont pas des sanctuaires, ils doivent vivre, quitte à être maltraités. S’il a digéré à l’école les classiques anglo-saxons – Le Petit Prince de Saint-Exupéry en sus – l’ancien prof de littérature préfère Robert Ludlum, le créateur de la série des Jason Bourne.
Culture d’élite contre culture populaire. Brown a choisi son camp et le revendique. « Je ne suis pas William Faulkner, je ne prétends pas avoir ce talent littéraire. A ceux qui me reprochent de ne pas être un grand styliste, je réponds que mon style est simple, moderne et efficace, ce que mes lecteurs apprécient d’ailleurs. » Bâtisseur d’histoires, architecte obnubilé par la structure plutôt qu’adorateur du mot juste et des belles phrases. Ce qui ne suppose pas moins de travail.
L’homme est une bête de somme. A l’œuvre dès 4 heures du matin, gravity shoes aux pieds, grosse paire de chaussures aux semelles plombées pour se muscler les jambes tout en écrivant, sablier antique sur son bureau pour se souvenir de prendre des pauses. « Le succès ne doit en rien affecter mon travail. Mes personnages s’en moquent de tout l’argent que je gagne. Vous n’êtes pas meilleur écrivain parce que vous êtes plus riche. Je vis en quasi-ermite, je passe toutes mes matinées à écrire. Le reste du temps, je fais du sport, tennis ou golf. »
Un quotidien sans grands bouleversements, « limite ennuyeux », reconnaît-il. C’est pourquoi il se fantasme en Robert Langdon, son double littéraire, professeur d’histoire de l’art et de symbologie. A la question: « Etes-vous Robert Langdon? » Il répond: « Si seulement je pouvais l’être! Il est beaucoup plus courageux que moi. Moi, je ne suis pas un héros. »