Dans les milieux anti-maçonniques, on sous-entend que les francs-maçons usent de ces abréviations pour communiquer entre-eux à des fins bien entendu « peu louables ».
On nous a même surnommé à ce titre « les Frères 3 points » : cette appellation provient du mystificateur Léo TAXIL qui a publié en 1885 un livre intitulé « Les Frères trois points : révélations complètes sur la Franc Maçonnerie.
L’utilisation de ces trois points s’est largement répandue à partir du XVIIIè siècle. Ceux-ci avaient deux fonctions principales : servir d’abréviation dans les signatures et signifier l’aspect confidentiel d’un document.
Mais que les pro du complot soient rassurés, ce n’est plus cas aujourd’hui !
Aujourd’hui, c’est plus par Tradition que par désir de confidentialité que la plupart des obédiences maçonniques françaises continuent de les utiliser. A noter que la Franc-Maçonnerie anglo-saxonne ne s’en sert pas (sauf dans quelque Hauts Grades), et d’ailleurs la Grande Loge Nationale Française non plus.
Le système maçonnique se caractérise par l’utilisation intensive des initiales et des abréviations en utilisant les fameux trois points. Dans l’écriture maçonnique, ces fameux trois points sont soit en forme de triangle, soit alignés.
En Maçonnerie, abréviation est une comme figure de style, c’esta à dire que l’on écrit ou l’on imprime les premières lettres du mot. Lorsqu’il s’agit d’un mot maçonnique, ou d’un mot profane utilisé dans un sens maçonnique, les lettres sont suivies de trois points traditionnels.
Cette figure serait peut-être issue du « delta lumineux », ou triangle que se trouve sur le mur Est de la Loge, derrière et au-dessus de l’estrade du maître de cérémonie appelé Vénérable.
Mais, il n’en demeure pas moins que l’origine de cette triponctuation demeure mystérieuse :
Le premier document maçonnique portant la triponctuation maçonnique serait le registre de la loge Sincérité à l’Orient de Besançon, du 3 décembre 1764, avec une signature dite maçonnique.
Certains affirment que l’abréviation « triponctué » part de la circulaire du 12 août 1774, adressée aux loges par le Grand Orient de France pour annoncer la prise de possession de son nouveau local
Ce qui rejoint à peu près, les dires de Philippe Benhamou dans « Franc-maçonnerie illustrée pour les nuls » pour qui le langage codé des « frères 3 points » fut introduit en 1775 pour préserver le secret des manuscrits maçonniques.
On peut dire en résumé que la triponctuation s’est introduite vers 1760 ou 1765 dans les manuscrits maçonniques qui ne devaient pas être livrés à la publicité, que, en même temps qu’elle devenait, d’un des éléments de la signature, une abréviation, elle s’est fixée, sans doute pour des raisons d’ordre symbolique, en forme triangulaire et qu’à partir de 1775, elle s’est introduite dans l’imprimé. L’usage en a ensuite fixé les caractéristiques .
Consulter également les articles :
– Abréviations Maçonniques sur GADLU.INFO
– Police d’écriture maçonnique et alphabet maçonnique sur GADLU.INFO
Sources :
– Mémento du franc-maçon : Aux rites : français, écossais ancien & accepté, écossais rectifié – Guy Chassagnard
– La formation maçonnique – Christian Guigue
– Dictionnaire de la franc-maçonnerie – Daniel Ligou
– Franc-maçonnerie illustrée pour les nuls – Philippe Benhamou, Christopher Hodapp
le lien en fin d’article « Police d’écriture maçonnique et alphabet maçonnique sur GADLU.INFO » renvoie vers une erreur 404 😉
La première utilisation imprimée que je connaisse de la triponctuation est à la « Lyre maçonne » dédiée au Marquis de Gages en 1768 (M.·. le M.·. de G.·.), voir
http://mvmm.org/c/docs/gageslyre.html
et (par exemple)
https://books.google.be/books?id=Wd7WH9vOo8sC&hl=fr&pg=PA162
En 1764, le 18ème jour de la 3ème semaine de mai, sur le Livre des registres de la respectable loge de la Concorde à l’Orient de Beaucaire, la triponctuation apparaît déjà pour abréger des mots (p. 7, https://archives-pierresvives.herault.fr/ark:/37279/vtaa740c6ab547f24cf).
Tjs aussi excellente de précisions.Merci et au plaisir de se recroiser,Mamzelle.Bises
Et les frères la gratouille ? ? ?
J’attends un article d’urgence ….
Bonjour. André Kervella dans son ouvrage « Aux origines de la franc-maçonnerie, 1689-1750, p. 41, aux Éditions du Prieuré, 1996 (2-909672-87-5) signale un René Le Corre, de Brest, qui introduit, entre 1699 et 1701, de façon progressive, derrière sa signature deux parallèles encadrant trois points en ligne. À partir de 1701, cette tri-ponctuation devint quasi systématique. (Note 27). Or, toujours selon Kervella, les Le Corre « circulent entre des familles dont plusieurs membres se retrouveront bientôt dans les loges ». Certes, les points sont en lignes et non en triangle, cependant on peut, sans doute, dès cette date associer tri-ponctuation et franc-maçonnerie.
J’en profite pour recommander la lecture de Kervella, dont les ouvrages sont fort discutés, je ne l’ignore pas, mais dont la lecture est, à tout le moins, stimulante.
Bien à vous,
Marc Lannadère
Bonjour, j’ai eu la chance extraordinaire d’avoir en mains les planches d’archive de la L. La Bonne Foi à l’OR. de Montauban datées de 1772 à 1782. Au début, à cause de l’écriture cursive penchée, les 3 points font plutôt penser à une Equerre :. Quelquefois les 3 points sont en triangle pointe en bas, parfois absents. Dans les dernières planches,ils semblent se stabiliser sous la forme habituelle.
Frat. pour faire avancer le Schmilblick ;-))