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LA TENUE DU FRANC-MACON : UN DOUBLE SENS


« La Tenue du Franc-Maçon » voilà encore une planche découverte sur le Net qui m’a interpellé et que je vous livre.

Je qualifie cette planche à double sens car elle revêt non seulement l’habit du franc-maçon mais aussi la conduite du franc-maçon. Un beau parallèle est fait dans ce morceau d’architecture sur la vie du Franc-maçon dans le monde maçonnique et dans le monde profane : pas un double sens mais un quadruple sens finalement.

SOURCE / Tolérance et Fraternité – Orient de Genève Octobre 2007

Thème d’étude de l’Alpina – LA TENUE DU MAÇON


Dans l’idée de « tenue », le Franc-Maçon se trouve confronté à quatre concepts essentiels. Tout d’abord, les réunions rituelles des Francs-Maçons au Temple, sont appelées « Tenues », illustrant tout simplement le fait que la réunion se « tient » à ce moment et en ce lieu précis. Pour participer à cette tenue le Franc-Maçon, va revêtir une « tenue » vestimentaire particulière.
En tenue », le Franc-maçon doit adopter donc une « tenue » convenable, ce qui signifie une attitude, un maintien et une manière d’être corrects. Enfin dans le monde profane, le Franc-Maçon se doit d’avoir une « tenue », donc un comportement irréprochable.
Nous passerons sans nous y arrêter sur la « tenue » = réunion pour ne traiter ici que des trois autres aspects et surtout du comportement en loge et dans le monde profane.
La tenue vestimentaire
Lors des tenues, les Frères doivent être chaussés de noir, vêtus de sombre (gris foncé, bleu marine ou noir). Ils porteront une cravate ou un nœud papillon noir sur une chemise claire (de préférence blanche), auxquels viennent s’ajouter deux des éléments symboliques parmi les plus importants dans notre ordre: le tablier et les gants blancs.
Cette tenue vestimentaire de base, qui est complétée selon les rites et les loges d’accessoires divers, (baudriers, sautoirs, camails, bijoux de loge, couvre chef, épées…) répond évidemment à des notions symboliques… L’uniformité de la vêture des Frères, les dépouille des diverses apparences et appartenances que leur confère leur accoutrement profane et les place en situation d’égalité.
L’importance de l’habillement apparaît dès le début de notre parcours maçonnique à travers la demande rituelle: « Comment étiez vous lors de votre entrée en loge ‘? » et la réponse « Ni nu, ni vêtu et dépouillé de tous métaux. » L’initié qui vient en quelque sorte de subir une purification, outre sa nouvelle tenue sombre, requise pour les tenues, se voit remettre l’essentiel : ce tablier et ces gants évoqués plus haut.
Le tablier, en principe en peau d’agneau mais parfois en tissu, est le signe distinctif le plus visible du Maçon. La blancheur de ce symbole du travail, suggère la pureté, la lumière, la rectitude de nos mœurs et l’égalité entre tous les Frères. Il sensibilise le Franc-Maçon aux valeurs de base de notre ordre et marque pour le nouvel apprenti son appartenance à la fraternité universelle. Il protége symboliquement le Maçon de ses imperfections, ses vices et ses passions.
Les gants indiquent que les mains d’un Franc-Maçon sont pures de tout acte blâmable, tel qu’exigé pour tout travail rituel. Portés pendant toute la durée des travaux en tenue, ils sont retirés au moment de la Chaîne d’Union. Alors toutes les mains des assistants s’unissent; dénudées pour favoriser la circulation de l’énergie de fraternité. Indissociables du tablier en tenueMaçonnique, les gants rappellent les engagements solennellement pris et tous deux ont la même signification quant aux exigences de la purification, prélude à la renaissance spirituelle.
Du maintien lors de la Tenue
On peur affirmer sans grand risque de se tromper, que le fait de revêtir l’habillement traditionnel en vue de la tenue, constitue une préparation intérieure à l’ouverture, et surtout à celle du cœur. En effet, après avoir endossé cette tenue rituelle, on ne se sent plus le même, quelque chose a changé. L’uniformité d’ensemble de l’habillement solennel, porté avec dignité en tenue, dégage une impression d’unité, de calme et de sérénité propice à la qualité des travaux.
De façon subtile, un peu malgré soi, on s’est coupé du monde habituel, le monde profane. On s’exprime autrement. Le langage profane se fait plus discret, puis disparaît. On voit malheureusement encore trop souvent des parvis de Temples qui ressemblent plus à des halls de gare ou de foire. Pendant la tenue les propos n’ont pas toujours la retenue ou la réserve qui sont le résultat de la réflexion et de la modération. La façon de dialoguer des Maçons, qui consiste à ne pas s’adresser directement à un Frère mais à la communauté, devrait, si elle était plus scrupuleusement appliquée, contribuer à maintenir les échanges à la hauteur qui convient.
Le comportement physique lui aussi fait sa mutation, faisant place à une gestuelle spécifique dans le travail. La prise de parole répond à des règles bien précises (variant un peu d’une loge à une autre). Les respecter garantit là aussi des échanges plus fraternels et plus profitables pour tous. La posture enfin, assis sur les colonnes, doit être détendue mais digne et respecter une unité propre à la Loge.

L’unité de l’attitude renforce encore le sentiment d’appartenance à un groupe d’une autre dimension que celle des groupes profanes. On peut parfaitement se tenir assis bien droit les genoux légèrement écartés et les pieds, talons joints à l’équerre, pendant toute la durée d’une tenue, sans en concevoir de fatigue particulière. Bien entendu les Frères les plus âgés ou ayant des difficultés d’ordre physique, adopteront une posture compatible ave leur état. Que dire de ces Frères littéralement avachis sur leur siège ou un bras nonchalamment posé sur le dossier de celui-ci ou encore croisant les jambes, quand ce n’est pas le pied opposé posé sur le genou, etc…? Triste spectacle que l’on voit encore trop souvent dans certains ateliers.
Respectons nos usages, usages auxquels nous avons librement adhéré, afin que le profane ne s’insinue pas dans nos Temples, lieux de résidence du seul sacré.
Tenue dans le monde profane

La Franc-maçonnerie, afin d’édifier le Temple idéal de l’Humanité et plus prosaïquement d’améliorer un peu ce monde où nous vivons, a besoin que ses membres tiennent les promesses qu’ils ont faites à l’égard de leurs semblables, à travers leurs actions dans la vie quotidienne. Tout commence dans la propre famille de chacun d’entre nous, en en respectant chaque composante et en ayant le souci permanent d’éduquer nos enfants dans le respect des valeurs fondamentales de l’humanité que nous avons faites nôtres. Elargissons la famille à la société dans laquelle nous évoluons. En prenant part à la vie des associations diverses (de parents, de donneurs de sang,..), en assistant ceux qui en ont la nécessité (jeunesse, personnes âgées), en s’engageant d’une manière générale dans des activités sociales, qu’elles soient professionnelles, politiques ou culturelles, le Frère impliqué présentera là une attitude résolument Maçonnique. Pour y arriver il est nécessaire de mettre en pratique l’aptitude à l’ouverture et à la compréhension des autres et de leurs problèmes, acquise par notre avancée sur la voie Maçonnique. Exprimons cette capacité par des actes empreints d’abnégation plutôt que par de beaux discours, dans le respect de nos choix moraux et éthiques. Cette aide et cette compassion que nous apportons à nos semblables, ne serait-ce que par l’exemple, inscrivons-la dans une perspective de justice. Le faire est déjà acte de justice. Allons au-delà de nos préjugés, exerçons la charité et offrons notre amour à toute personne, quelle que soit sa condition, son appartenance ethnique ou sa religion. Ne nous laissons pas circonvenir par les idées toute faites et posons-nous les bonnes questions. Evitons d’asséner nos propres vérités et laissons la porte ouverte aux avis d’autrui. En présence de situations conflictuelles, le Franc-Maçon aura à cœur dans la mesure du possible, de par sa capacité de réflexion et de pondération, d’apporter calme et apaisement.
Plus généralement essayons à notre niveau et avec les moyens qui sont les nôtres (et qui ont quelque consistance) de lutter contre l’envahissement de notre société par les valeurs fallacieuses de l’argent et par l’individualisme forcené. Si nous sommes vraiment désireux de combattre l’injustice et faire respecter la dignité humaine, en tous temps, en tous lieux et en toutes circonstances, que chacun de nous commence tout de suite à faire le peu qu’il peut. Ceux qui s’engageront sincèrement sur cette voie, aillant revêtu la « tenue » rituelle ou non, en « tenue » ou dans le monde profane, auront une « tenue » absolument correcte.


Tolérance et Fraternité – Orient de Genève Octobre 2007

A.S.: