Le travail ne s’arrête jamais
Il existe un très beau symbole qui fut largement utilisé au milieu du XIXe siècle, il s’agit de la ruche. A l’image de l’abeille, le Franc-Maçon trouve toujours le chemin de la lumière, afin de travailler à produire le miel de sa vie, et à le partager en-dehors du temple. La devise que nous trouvions alors sur certains tabliers du XIXe siècle était « le travail vient à bout de tout ». Cela illustre bien la persévérance, dans l’œuvre, qui ne doit jamais s’arrêter pour édifier le Temple de l’Humanité, cette Grande Loge de l’Univers où tous les êtres seront frères. Une grande utopie qui est à l’origine de grandes avancées spirituelles et sociales dans le monde. Comme l’abeille sortant de sa ruche pour aller féconder par le travail, les fleurs de notre labeur. Dans le Livre de Mormon, l’abeille porte un nom particulier, elle s’appelle « déséret » qui est un mot utilisé par le peuple Jarédite. Si l’on s’en réfère à la tradition de ces textes anciens, ce mot serait une survivance de la langue de l’Humanité, parlé avant l’épisode de la confusion des langues, lors de la Tour de Babel. Nous citons ici le passage : Ether 2 ; 3 : Et ils emportèrent aussi déséret, ce qui, par interprétation, est une abeille ; et ainsi, ils emportèrent des essaims d’abeilles, et toutes les espèces de ce qui était à la surface du pays, des semences de toute sorte. Lorsque nous recevons la Lumière jeune impétrant, nous recevons une responsabilité, celle d’être de rester toujours digne de notre serment prêté sur le Volume de la Loi Sacré, ouvert au prologue de l’Evangile selon Saint Jean.
Le travail ne fait que commencer, et il durera toute une vie pour nous préparer à l’initiation suprême, que nous entrevoyons au grade de maître, par le relèvement d’Hiram du tombeau. Lorsque nous arrivons en polissant la pierre brute, et par le maniement du maillet et du ciseau, à l’aulne de la règle à 24 divisions, symbole du travail, au second degré, nous apprenons que la Franc-Maçonnerie glorifie le travail, et nous disons tous cette phrase sublime retentissant d’un seul écho Gloire au Travail. En effet, le travail éloigne de nous nombre de maux, que cela soit l’oisiveté, le fait de se sentir inutile quelquefois dans les conditions actuelles de notre société, et fait de nous des Chevaliers de l’œuvre, c’est-à-dire des Compagnons qui doivent à partir de leurs mains transformer la matière pour réaliser le chef-d’œuvre de leur vie. Ce travail qui permet d’avoir le sentiment du devoir accompli, sentiment illusoire, car le devoir n’est jamais parfaitement accompli, lorsqu’on pense que quelque chose est parfait, il y a toujours une imperfection qu’il faut corriger et ainsi, avancer vers toujours plus de travail nous permettant de nous perfectionner et de faire des compagnons de véritables Maîtres d’œuvre. Comme le montre le Livre de Mormon, le travail éloigne de nous les maux de l’oisiveté, et permets d’édifier une civilisation. Le livre d’Ether chapitre 10 versets 23 et 25 l’illustre bien :
Et ils travaillaient toutes sortes de minerais, et ils faisaient de l’or, et de l’argent, et du fer, et de l’airain, et toutes sortes de métaux ; et ils les tiraient de la terre ; c’est pourquoi, ils entassèrent d’immenses monceaux de terre pour obtenir du minerai d’or, et d’argent, et de fer, et de cuivre. Et ils firent toutes sortes de fins ouvrages…Et ils firent toutes sortes d’outils pour cultiver la terre, à la fois pour labourer et semer, pour moissonner et houer, et aussi pour battre. Le 2ème Néphi chapitre 5 verset 17 dit : Et il arriva que moi, Néphi, je fis en sorte que mon peuple fut industrieux et travaillât de ses mains.
Le travail est l’une des vertus de l’ordre maçonnique, l’Art Royal en est la couronne qui sacre chacun de nous de la satisfaction de l’œuvre accomplie, mais nous devons pas nous reposer sur nos lauriers, et continuer inlassablement à travailler à l’édification du Temple. Lorsque nous sommes exaltés à la maîtrise, nous nous trouvons au seuil d’un autre univers symbolique, un pont entre les loges bleues et la maçonnerie philosophique des Hauts Grades. Nous revivons les souffrances d’Hiram, où les trois coups assénés par les mauvais compagnons ne sont pas sans rappeler les trois condamnations contre l’honneur divin que subit le Christ lors de sa présentation devant les trois mauvais compagnons de cette scène biblique : Caïphe, Anne et Pilate, représentant le fanatisme, la superstition et l’ambition déréglée, trois vices que nous devons combattre sans relâche. Le Maître Hiram a été arrêté, (je ne dirais pas tué, car il reviendra à la vie par le signe de l’Acacia qui poussait sur son tombeau), par trois mauvais compagnons, qui étaient sous l’emprise fanatisme, de l’ignorance et de l’ambition déréglée. Qui sont les antithèses de la tolérance, de la culture et de l’humilité que doivent cultiver les francs-maçons afin de pouvoir progresser sur le chemin de l’initiation. Ces trois tares qui rabaissent la noblesse de l’esprit sont la cause, depuis que la Civilisation existe, des malheurs et des maux de la société. Comme disait Albert Einstein, il suffit juste d’une moelle épinière à celui qui aime défiler au pas de l’oie et non d’un cerveau pour penser, le fanatisme, l’ignorance et l’ambition déréglée ne nécessitent pas beaucoup de pensée, car c’est la négation même de la pensée.
L’homme est alors sous la domination de ses pulsions, de la bête qui est en lui, c’est alors le renversement de l’étoile Flamboyante, qui devient alors l’image du bouc ancestral. Qui dans notre vie n’a pas rencontré ces trois mauvais compagnons, soit en face de lui, soit en lui ? Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il existe une méthode pour faire fuir ces trois mauvais compagnons de soi, c’est l’Art Royal, qui s’obtient par un travail inlassable sur soi, à l’aide de nos outils symboliques. Le travail dans le monde profane éloigne l’oisiveté et les vices, de même en Franc-maçonnerie, le travail nous permet d’avancer toujours plus dans la compréhension du symbolisme, et de nous changer petit à petit, en un homme nouveau. C’est une véritable alchimie spirituelle qui opère en nous, depuis le cabinet de Réflexion quand nous sommes face à la devise V.I.T.R.I.O.L., qui nous invite déjà, avant même d’avoir reçu l’initiation, à l’introspection. La pierre cachée des sages, se retrouve au départ de l’initiation, de la pré-initiation pour être exacte, et nous accompagne tout au long de notre cheminement. Allongés dans le tombeau d’Hiram, nous sommes prêts à renaître à la vie incorruptible, l’acacia étant l’une des rares plantes dont le bois est imputrescible, à la fois symbole d’immortalité et de pérennité en ce monde. Ce tombeau n’est pas un tombeau comme les autres, il n’est point à l’image romantique où au détour d’une ombre portée par un angelot en pleur, on s’attendrait à voir surgir un vampire de la nuit…Ce tombeau d’Hiram n’a pas de réalité physique, matérielle, il est par essence immatériel, ses dimensions sont celle du Cosmos ; du Septentrion au Midi, de l’Orient à l’Occident, du Nadir au Zénith, il est aux dimensions du cœur et de l’âme de chaque franc-maçon qui s’apprête à renaître, à être revêtu du tablier portant les lettres sacrées du Grade. C’est pourquoi le travail du Franc-Maçon ne s’arrête jamais, c’est comparable à un explorateur qui serait dans un monde inconnu, qui avancerait toujours vers l’horizon, ce dernier s’éloignant toujours pensant enfin arriver au but, tout est à refaire. Cette allégorie illustre bien l’adage que nous sommes d’éternels apprentis. Nous avons toujours quelque chose à apprendre, et la vérité, c’est que nous sommes humble face à l’océan de symboles qui est devant nous, et qui sans arrêt nous renvoie à des interrogations constructives.
Nous permettant de nous améliorer toujours. Nous entendons souvent autour de nous dire « nous ne sommes que des hommes avec nos défauts », dire cela, est un constat d’échec quelque part, le travail initiatique s’est donc arrêté, l’initiation ne fait pas de nous des surhommes bien au contraire, elle nous renvoie au mystère de notre nature profonde, qui est peut être celle du petit d’homme perdu dans la forêt recherchant une sortie pour retrouver son chemin. Cette forêt inextricable c’est notre vie avec ses épreuves, le chemin, c’est notre labyrinthe qui nous permet de savoir qu’il existe autre chose que cette forme de réalité contingente. Le franc-maçon doit se tenir à son œuvre, son travail personnel, sur sa pierre brute, qui n’est toujours pas achevé sur la route des épreuves initiatiques qui parsèment son parcours maçonnique. Il crie toujours « Gloire au Travail » face à la tentation quelquefois de baisser les bras face au découragement qui peut assaillir tout adepte de l’Art, et ce cri qui retentit monte au Grand Architecte de l’Univers qui saura à nouveau inspiré son ouvrier pour continuer le chantier. Mes très chers Frères, mes Compagnons en Initiation, c’est avec joie que je me présente devant vous, afin de pouvoir continuer ce labeur, ce travail, pour que l’abeille puisse toujours travailler dans la ruche maçonnique, et produire le meilleur d’elle-même : le miel. Le miel est doux à la gorge, comme la sociabilité entre Frères. Je m’en remets dans les mains du Grand Architecte de l’Univers, afin que je sois un ouvrier qui puisse continuer à travailler sa pierre pour la plus grande gloire de l’œuvre. Le travail du franc-maçon ne s’arrête jamais, cette phrase peut également s’appliquer dans notre enseignement de répandre au-dehors l’œuvre accomplie dans le Temple. Je citerais en exemple l’éducation des enfants dans une famille, une œuvre qui ne s’arrête jamais jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de raison, afin à leur tour d’enseigner et de répandre l’œuvre accomplie au sein de la cellule familiale.
Et maintenant l’abeille va retourner dans la ruche, le nectar est produit, reste maintenant l’appréciation du produit spirituel par les bâtisseurs fraternels de la ruche sous le regard bienveillant du Grand Architecte de l’Univers.
Source : www.ledifice.net