MONOGRAPHIES: RÉGULARITÉ-RECONNAISSANCE
Les relations internationales ont longtemps été dominées par les puissances maçonniques anglo-saxonnes, qui se veulent les dispensatrices de la régularité maçonnique.
À ce titre, elles s’arrogent le droit d’édicter les règles qui gouvernent la régularité et la reconnaissance des Suprêmes Conseils, déclarant irrégulières les Juridictions qu’elles ne veulent pas reconnaître.
Cette volonté d’hégémonie, contraire aux dispositions des Grandes Constitutions de 1786 qui établissent l’égalité des Suprêmes Conseils dans le monde (leurs pouvoirs émanant de la même source), provoque les désordres que nous connaissons aujourd’hui en brisant l’unité du Rite Écossais Ancien et Accepté dans le monde.
Or, la régularité ne doit pas être confondue avec la reconnaissance, les deux termes n’étant pas synonymes. La confusion entretenue par les Juridictions anglo-saxonnes et celles qui leur sont inféodées n’est pas innocente puisque l’irrégularité est le motif invoqué pour justifier la mise à l’écart des Suprêmes Conseils n’ayant point ou plus leur faveur.
Pour dissiper cette confusion, rappelons que la régularité est liée au respect de la Tradition et notamment à la référence au Grand Architecte de l’Univers, à la présence de la Bible pendant les travaux, à l’observance des textes fondateurs du Rite et à la pratique scrupuleuse des rituels, alors que la reconnaissance résulte de règles, le plus souvent administratives, qui conditionnent les relations extérieures et les inter-visites.
La régularité découlant par nature d’une adhésion intime aux valeurs de la Tradition, aucune autorité maçonnique dans le monde ne peut la concéder ou la retirer à une Obédience ou à une Juridiction, alors que les règles de la reconnaissance fluctuent en raison de considérations le plus souvent politiques.
Les fractures apparues, ici et là, au détriment de l’unité du Rite Écossais Ancien et Accepté et de son universalisme, ont été aggravées par la méconnaissance de son histoire, par le désintérêt de ses sources authentiques et par une interprétation erronée – ou le non-respect – des textes fondateurs, que ces fractures soient la conséquence de la volonté d’hégémonie évoquée précédemment ou qu’elles aient été entraînées par une dérive des pratiques rituelles.
Fort d’être toujours resté fidèle depuis 1804 aux principes tutélaires de l’Ordre écossais et aux Constitutions du Rite, le Suprême Conseil de France, vice-doyen des Suprêmes Conseils du monde et doyen de ceux d’Europe, a proposé, il y a quelques années, aux Suprêmes Conseils avec lesquels il était en relation et attachés comme lui à la stricte observance du Rite, de se réunir périodiquement afin de débattre des problèmes engendrés par la situation présente. Il s’agissait, à l’occasion de Rencontres internationales, d’approfondir les éléments fondamentaux du Rite par une recherche commune fondée sur son histoire, son organisation et ses pratiques rituelles et d’étudier les initiatives à prendre pour assurer la diffusion de ses valeurs essentielles.
Une première Rencontre eut lieu à Paris, sous son égide, les 28 et 29 septembre 1996.
Elle aboutit à l’adoption, à l’unanimité des participants, d’une résolution réaffirmant les critères de la régularité, à savoir : – l’invocation et la glorification du Grand Architecte de l’Univers, – la présence du Volume de la loi sacrée ouvert sur l’autel des serments,ce volume étant la Bible par référence aux rituels, – la référence aux textes fondateurs (Constitutions et Règlements de 1762 et Grandes Constitutions de 1786) tels qu’adoptés par tous les Suprêmes Conseils du monde. – l’usage des devises « Ordo ab Chao » et « Deus Meumque Jus », – le respect de la démarche initiatique.
L’initiative prise par le Suprême Conseil de France a créé un courant favorable au rassemblement des Suprêmes Conseils fidèles aux valeurs traditionnelles du Rite Écossais Ancien et Accepté, qu’ils soient reconnus ou non par les Juridictions américaines et leurs alliés. L’accord intervenu à Paris a marqué une étape importante vers un retour à l’unité du Rite dans le monde.
Le nombre croissant de Suprêmes Conseils présents lors des Rencontres internationales qui ont suivi (Rencontres ouvertes à tous les Suprêmes Conseils à condition qu’ils répondent aux critères de la régularité) démontre, en accord avec la position du Suprême Conseil de France, que la stricte observance du Rite Écossais Ancien et Accepté est le ciment de cette unité.
Source : plaquette éditée en 2004 par le Suprême Conseil de France lors de la célébration de son Deuxième Centenaire.