La Première Lettre : Tome 2, Le Compagnon écossais de Jean Claude Mondet
Dans la continuité de l’ouvrage sur l’Apprenti (La Première Lettre : L’Apprenti au Rite Ecossais Ancien et Accepté, Éditions du Rocher, 2005), celui sur le Compagnon comprend trois parties. Les deux premières présentent l’initiation et la symbolique du grade au Rite Ecossais Ancien et Accepté avec, comme direction générale : «À l’Apprenti, l’émotion ; au Compagnon, la réflexion.» La troisième partie montre comment, depuis les premières huttes de branchages, l’aspect sacré de l’acte de construire est né, s’est propagé et s’est transmis à la franc-maçonnerie spéculative par le biais des loges anglaises et écossaises.
Extrait de l’introduction :
Bien souvent, trop souvent et quel que soit le Rite, le grade de Compagnon franc-maçon est un grade mal aimé et mal compris et, par voie de conséquence, un grade délaissé. Si les Loges arrivent à travailler parfois au troisième degré, il est rare qu’elles le fassent au deuxième. Dans l’immense majorité des cas, il n’y a qu’une Tenue annuelle à ce degré, destinée à la cérémonie de réception des nouveaux Compagnons et, fréquemment, les seuls travaux sur la symbolique du grade sont ceux d’«augmentation de salaire» pour le passage à la maîtrise.
Il nous semble toutefois qu’une réaction commence à se dessiner et que de plus en plus de Loges tendent à donner à ce grade la place qu’il mérite, et c’est tant mieux.
Les raisons de cette désaffection sont compréhensibles. Aux origines de la Maçonnerie spéculative, les Loges ne connaissaient que deux degrés, Apprenti et Compagnon, le Maître étant alors celui de la Loge. Puis, vers 1730, le grade de Maître fut créé, essentiellement par dédoublement du grade de Compagnon. Celui-ci fut alors amputé d’une bonne partie de son contenu initiatique et il ne lui est resté que ce qui constituait le prolongement du grade d’Apprenti. Au XVIIIe siècle, les passages de grade étaient extrêmement rapides et l’on pouvait être Maître après un mois, voire une semaine de Maçonnerie. Il était courant de conférer les deux premiers degrés le même jour. On conçoit que leur approfondissement se faisait a posteriori, probablement sans faire trop de différence entre leurs systèmes symboliques.
Au XIXe siècle, la situation changea et les Rituels du Suprême Conseil de France nous montrent l’évolution et la fixation du grade, évolution qui subit l’influence du Grand Orient de France mais marqua une spécificité écossaise. On trouve ces Rituels dans Ordo ab Chao n° 39-40, 1999, publication du Suprême Conseil dont ce numéro est disponible dès le grade de Maître.
On comprend, en lisant ces textes, qu’ils n’aient pas poussé à la pratique assidue du grade. D’une part, certains rituels d’initiation étaient d’une longueur incroyable, et d’autre part le rationalisme, voire le scientisme ambiants conduisaient à des commentaires non seulement moralisateurs, ce qui peut pousser alors à rechercher l’ésotérisme des symboles, mais parfois aussi quasiment scolaires et du niveau de l’école primaire.