Ce colloque se déroule au siège de l’obédience : 9 rue Pinel à Paris (13°)
Le Forum Civil de Barcelone des 29 novembre au 1 décembre 1995 ; confirma que « le dialogue et le respect entre les cultures et les religions sont une contribution nécessaire au rapprochement des peuples (de la Méditerranée) ». La Conférence de Bologne de l’année suivante insista de nouveau sur « la dimension immatérielle du patrimoine méditerranéen (les traditions, l’écrit, l’audiovisuel) ». Mais la communauté internationale fit une « lecture sécuritaire » du processus de Barcelone, reléguant la question de la civilisation méditerranéenne au second plan. Si l’on en croit Giuseppe Sacco dans un récent article de la revue « Commentaire », il y a urgence à renvoyer dos à dos les deux idéologies réductrices qui contribuent largement à occulter le concept civilisationnel de Méditerranée. Pour ce chercheur italien, deux projets réducteurs se font face actuellement :
d’abord la volonté des intégristes de refondation du Califat autour des stratégies de Ben Laden qui nie la diversité culturelle méditerranéenne ;
ensuite la théorie du « choc des civilisations », autour des thèses de Huntington constituant un prétendu antagonisme entre le Nord et le Sud ; là encore il s’agit d’une négation de la puissance intégratrice et civilisationnelle de la Méditerranée définie comme Mare Nostrum. L’oubli de l’idée unitaire de Méditerranée (héritée du Mare Nostrum romain) a donc renforcé le contresens sur l’idée d’Europe réduite au seul Occident. Ce contresens accentue sans doute le préjugé selon lequel l’Orient serait l’opposé de l’Occident. Cette opposition factice se cristallise dans une opposition irréductible entre chrétienté et Islam. Ce contresens réduisant l’Europe à l’Occident, occulte le grand principe intégrateur hérité du Mare Nostrum romain qui insiste sur le commun et fructueux dialogue Orient/Occident. Paul Valéry proposait, dès 1933, la création d’un Centre Universitaire Méditerranéen. Ce Centre Universitaire Méditerranéen aurait analysé cette matrice civilisationnelle qu’est la Méditerranée, elle-même matrice de l’idée d’Europe, véritable dialectique vivante de l’Orient et de l’Occident, au sens d’une quête de l’universel et d’une humanité commune. Beau projet qui pourrait être repris, mutatis mutandis, pour faire quelque chose de l’Union de la Méditerranée, quelque chose qui ne soit plus la recherche de réponses à la question « Comment vais-je faire pour me protéger de mes voisins ? » mais plutôt de répondre à la question « Comment faire pour construire de l’entente et de la coopération avec mes voisins ». La fonction de la Méditerranée, au-delà des stéréotypes et des réductions, est de faire dialoguer les cultures au sein d’une appartenance commune à la Méditerranée, « machine à fabriquer de la civilisation » pour reprendre la formule de Valéry. Nous devons occuper ce lieu intermédiaire entre le politique et l’institutionnel en pensant les outils de médiation philosophique capables d’« orienter l’avenir », pour reprendre la formule de la Charte de la Communauté des peuples de la Méditerranée. Le projet de « prospérité partagée », de paix et d’hospitalité culturelle ne sera possible que si nous osons reconnaître notre dette à l’égard de ce Mare Nostrum, véritable matrice de l’Europe ; cette Europe qui dès lors qu’elle n’est plus réduite à l’Occident, doit presque tout à la Méditerranée.
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