MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 98
1730 – La Maçonnerie disséquée
L’ouvrage parut à Londres, en 1730, au prix de six pence, sous le titre : La Maçonnerie disséquée : relation universelle et authentique de toutes ses branches, des origines jusqu’au temps présent. Son auteur était un certain Samuel Prichard, « ancien membre d’une Loge constituée ».
La parution du recueil – trente-deux pages –, première divulgation publique des catéchismes maçonniques des trois grades d’apprenti, de compagnon, et de maître maçon fit l’effet d’une bombe au sein de la Grande Loge de Londres.
Un pseudo-maçon, dont on ne savait rien – et dont on ne sait toujours rien –, se permettait ainsi de révéler des secrets jusque là seulement dispensés aux adeptes de la Maçonnerie. Des mesures furent alors prises dans les loges londoniennes en vue de dérouter les profanes trop curieux – inversion des colonnes Jakin et Boaz, modification des mots sacrés, etc., à seule fin d’écarter les profanes des temples.
Comme dans tous les « catéchismes » maçonniques, les différentes parties de l’ouvrage sont composées de questions et de réponses. Si beaucoup d’entre elles se trouvaient déjà dans les Old Charges (Anciens Devoirs), d’autres, qui concernent le grade de maître maçon, sont originales, et permettent de relever les bases de la Maîtrise spéculative, en découvrant la première narration cohérente de la Légende d’Hiram. Conclusion inattendue de l’auteur :
« De toutes les impostures qui sont apparues au cours de l’histoire humaine, aucune n’est aussi ridicule que le secret de la Maçonnerie, qui a amusé le monde, et provoqué toutes sortes d’interprétations. […] Le vieil édifice est si délabré qu’à moins d’être restauré au moyen de quelque secret caché, il sera bientôt anéanti… »
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© Guy Chassagnard – Auteur de : La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
– Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
– Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016).
Je suis satisfait mais vraiment je veux devenir un franc Maçon
Le mythe d’Hiram, même s’il est la plus évidente, n’est pas la seule « invention » de la Maçonnerie des « modernes » par rapport aux anciens devoirs.
Dans le « GADL’U » (Annexe 1), j’ai fait une longue analyse du « Simon & Philippe » (1725), en montrant ce qui provenait des « Old Charges » (Régius, Cooke etc…) et ce qui avait été ajouté par la Grande Loge de Londres (c’est-à-dire Desaguliers).
La Grande Loge reconnaissait elle-même ses « emprunts » aux traditions corporatives, puisqu’à la St-Jean 1721, le GM descendant, George Payne faisait état d’un manuscrit « vieux de 500 ans », qui sera d’ailleurs publié en 1722 comme « Constitutions » (De là à penser que ce manuscrit avait été « fabriqué » à partir d’autres « Old charges », celles-là authentiques, pour « patiner » les constitutions en préparation).
Quand à dire que Pritchard a été la 1ère divulgation, il y a des articles parus en pleine page des journaux de l’époque qui font pareilles divulgations et qui datent de 1724.