MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 337
1814 – La Maçonnerie des pontons
Les conflits, c’est bien connu, provoquent la capture d’ennemis et la constitution de camps de prisonniers.
Insulaires par nature, marins par conviction, les Britanniques ont fondé, au XVIIIe siècle, une institution particulière : la prison des pontons, entraînant tout naturellement la création d’une Franc-Maçonnerie des pontons – dont nous voulons parler.
Avantages de ce genre d’emprisonnement : la récupération de tous les bâtiments de guerre ou de commerce désarmés, le confinement des prisonniers, la facilité du gardiennage, enfin la quasi impossibilité de s’enfuir.
Cerise sur le gâteau,: il s’agit d’un moyen sûr et peu coûteux de faire perdre à l’ennemi sa dignité d’homme.
Mais il ne faut pas accuser les seuls habitants d’Albion d’avoir fait usage des pontons ; les Français ont emprisonné leurs propres prisonniers à Nantes, sur La Louise, La Thérèse ou La Gloire ; ou dans le port de Rochefort.
La Gloire a ainsi été le tombeau de dizaines de prêtres réfractaires âgés aux heures sombres de la Révolution.
Plusieurs ouvrages ont peint, dans le détail, la vie accablante et dépravée des prisonniers des pontons anglais ; pontons installés pour une grande partie dans les ports de Portsmouth, de Plymouth et de l’embouchure de la Tamise.
On estime que de 1744 à 1814, soit sur une période de 70 ans, plus de 200 000 prisonniers ont été emprisonnés dans les geôles britanniques.
Suite à l’abdication de Napoléon, après la bataille de Waterloo, plusieurs dizaines de milliers de prisonniers français seront libérés des « sépulcres flottants » d’Angleterre et ramenés sur le continent – les loges des pontons ayant été précédemment dissoutes par leurs propres membres.
© Guy Chassagnard – Auteur de :
- Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016),
- La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
- Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
- La Chronologie de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT 2019),
- Les Annales de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT 2019)
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