Le symbole est le langage secret des initiés, il est un segment de l’expérience d’un individu qui s’offre à nous pour ma part. Mais au-delà de sa signification même l’interprétation du symbole doit-elle être régie par des règles ? Y a t il une liberté d’interprétation ?
Voici une planche qui nous rapprochera peut être d’une réponse ?
Source : http://www.amisfideles.ch/pdf/Libre-interpretation.pdf
V:. M:., dignitaires de l’Orient et vous tous mes T:. C:. FF:., voici la deuxième question que je me pose.
« Dans la nuit de nos consciences, il y a une étincelle qu’il nous suffit d’attiser pour la changer en splendide lumière » (Pignatel, Batailles maçonniques)
Le rôle de la Franc-maçonnerie est d’inciter ses adeptes à la recherche de la vérité, de la vraie lumière, de l’absolu.
Comme elle n’exerce aucune pression extérieure, n’impose aucune doctrine, aucun dogme, ne définit aucun programme et ne prétend posséder ni détenir le moindre secret, la Franc- maçonnerie laisse à chacun toute sa personnalité, toute sa liberté, aussi bien dans le domaine de la pensée que dans celui des investigations.
Le langage de la Franc-maçonnerie est avant tout symbolique et l’une des caractéristiques essentielles du langage symbolique, c’est sa polyvalence, cette possibilité d’exprimer plusieurs significations établies sur l’analogie.
« Un symbole est une image sensible employée pour exprimer une idée occulte, mais analogique » a dit A. Mackey, a Lexicon of Freemasonry.
Chacun, disposant de cette liberté totale, peut interpréter les symboles selon ses aptitudes et ses capacités intellectuelles.
– La libre interprétation des symboles en maçonnerie ne risque-t-elle pas de susciter l’arbitraire et la confusion?
– Y a-t-il des directives et des conditions à cette liberté?
La plasticité des symboles est incontestable et leur significations diverses exigent de la réflexion et une étude approfondie.
« L’essence de l’être est dans la gravitation de l’homme vers la connaissance » (Paul Naudon, l’humanisme maçonnique)
Dans le silence et la méditation, à condition de faire preuve d’imagination et d’intelligence, le maçon doit se montrer apte à se détacher de la réalité matérielle immédiate.
Un travail personnel, judicieux, longuement réfléchi et surtout persévérant doit lui permettre de développer son expérience individuelle et d’arriver à déchiffrer le plus correctement possible le message plus ou moins abscons renfermé dans les symboles.
Il observera, comparera, choisira les solutions possibles.
Mais il continuera de chercher, de douter pour découvrir et améliorer constamment ses solutions.
Cette ouverture d’esprit, même sans particularisme étriqué, lui permettra d’acquérir, d’une manière effective, une certaine vérité mais qui ne sera jamais définitive.
Chacun travaillant isolément, recourant seulement à la voie habituelle de l’entendement, s’appuyant exclusivement sur la raison, sans toutefois négliger complètement la voie intuitive, il est clair que la diversité des conceptions, des interprétations est inévitable.
L’ésotérisme des symboles ne se dévoile pas spontanément.
Celui qui croit, d’emblée, détenir la vérité manque de modestie car la fécondité des symboles est telle qu’ils doivent être soumis
continuellement à une exégèse évolutive et ne peuvent être précisés une fois pour toutes.
Affirmer, par exemple, que l’on connaît la lettre G, « c’est se déclarer initié aux mystères de l’Etoile Flamboyante; mais qui ose afficher cette prétention? » (O. Wirth, Le Symbolisme occulte de la Franc-maçonnerie)
Le relatif de la pensée de chacun peut donc aboutir à des divergences sensibles et il est sans doute bon qu’il en soit ainsi.
N’a-t-on pas dit et répété que du « choc des idées jaillit la lumière ! ».
« Heureux qui a traversé les mystères. Il connaît la source et la fin de la vie…» (Pindare)
Mais les divergences dans l’interprétation des symboles n’impliquent pas forcément arbitraire et confusion, car des directives et certaines conditions tempèrent ou orientent cette liberté.
Si la Franc-maçonnerie enseigne à l’adepte le devoir de tailler sa pierre en vue de la poser à la place qu’elle doit occuper, elle ne l’abandonne pas complètement à lui-même.
Elle lui inculque un esprit maçonnique qui doit l’empêcher de tomber dans l’ineptie.
Les idées individuelles aberrantes s’atténueraient et s’effaceraient bien vite car le maçon humble et modeste, tolérant par essence, ne pourrait s’obstiner et maintenir des interprétations erronées.
Cet esprit maçonnique, à lui inculqué par l’histoire, la tradition, l’initiation, tout en lui permettant de conserver et d’assumer sa liberté interprétative, lui rappellera que l’arbitraire et la fantaisie sont source de bévues, d’erreurs et de ridicule.
Et c’est, à ce propos, que les mots atelier, tenue, prennent un sens réel et parfait.
Le travail en loge permet de confronter les pensées fragmentaires, chacun donnant son opinion personnelle, pour aboutir finalement à une vue d’ensemble, à une idée générale plus juste, plus harmonieuse.
De ce travail en commun de penseurs de bonne volonté et tolérants se dégagent des idées plus puissantes et plus exactes satisfaisant tout cerveau réceptif.
Dans cet éclairage de vue, dans ces discussions développées dans une ambiance sereine et fraternelle, la compréhension, le bon sens et la bonne volonté de chacun feront que les opinions divergentes, sinon confuses, s’intégreront dans une unité compréhensible et satisfaisante, sorte d’équilibre issu de la multiplicité et non de l’uniformité.
D’où l’importance de l’assiduité aux tenues et travaux où la cohésion, le coude à coude, la gravité et le sérieux des rites, facilitent pour une large part le développement de la pensée, le renouvellement et l’approfondissement des interprétations symboliques qui aident le maçon à participer à la recherche de la vraie lumière.
Assidus aux tenues et travaux de leur loge, tout en conservant leur liberté d’interprétation et de création, les maçons contribuent à cette marche ascensionnelle et perpétuelle vers la lumière et communient « en cet idéal de perfectionnement, symbolisé par la Beauté, synthèse de la Sagesse et de la Force»
Et la meilleure directive, pour éviter l’arbitraire et la confusion, me paraît être résumée dans cette belle phrase :
« Quand les maçons auront appris en loge à penser juste, leur chaîne d’union intellectuelle fera radier à travers le monde une lumière mystérieuse, qui achèvera d’éclairer les esprits… » (O. Wirth, Le Symbolisme occulte de la Franc-maçonnerie)
J’ai dit V:. M:.
Gu. A. Bo. 13 avril 2007