Voici un article publié sur le site de L’Amicale des Anciens de la Légion Etrangère de Montpellier et Environs consacré aux liens entre La Légion étrangère et la Franc-maçonnerie :
Au Légionnaire Gilbert… Ils y viennent pour une raison et y restent pour une autre… (Général Christophe de SAINT CHAMAS).
Parler d’un corps d’armée dans un Temple Maçonnique peut paraître quelque peu incongru ! Et pourtant ! La Légion étrangère, qui inspire tout autant l’admiration que le rejet de nombreux concitoyens, qui suscite des fantasmes et souffre de préjugés et d’ignorances, porte en elle des valeurs qui transcendent les races, les religions et qui, à bien des égards, sont proches des nôtres !
La France a hérité du siècle des Lumières des valeurs qui en font un pays unique au monde. Parmi celles-ci, le sacro-saint droit d’asile qui a été qualifié comme étant le droit, pour les réfugiés persécutés, d’être accueillis sur son sol. La Légion étrangère perpétue ce droit, pratiqué à l’extrême, puisqu’on ne demande pas à celui qui veut s’y engager de justifier son passé ni ses origines. Donner à chacun une deuxième chance est un des principes « sacrés » de la Légion étrangère.
Notre Ordre est bel et bien ancré dans le monde des bâtisseurs. Qu’il s’agisse des constructeurs de temples antiques ou de bâtiments cultuels durant le moyen-âge, la Tradition a été perpétué par des Initiés. Ils se sont appelés Pharaons, Collegia, Guildes, Moines bâtisseurs,… De nos jours, les Maçons, Francs et Acceptés, ne sont plus opératifs. Mais n’existe-t-il pas, en France, des soldats bâtisseurs dont la tradition a été conservée à travers les « Pionniers » de la Légion étrangère ?
Ces hommes, à qui on offre le choix de servir un pays qui va devenir le leur, créent une part de mystère qui fait leur renommée. Créé par Louis-Philippe en 1831, ce corps d’armée, qui a eu pour vocation originelle de protéger et d’étendre l’Empire Colonial, est un brassage humain, formidable condensé d’héroïsme et de courage.
Mais alors, pourquoi parler de ces hommes dans nos Temples ? Une phrase, extraite du rite Émulation peut éclairer peut-être cette question : « En votre qualité de citoyen du monde, je dois vous recommander de vous acquitter de vos devoirs civiques d’une façon exemplaire. …Soumettez-vous franchement aux lois du gouvernement étranger qui vous donnerait provisoirement l’hospitalité ou vous accorderait sa protection… »
Quels sont donc les points communs entre ce corps d’armée et notre Ordre ? Sur quelle mythologie et sur quels rites se fondent ses traditions ? De quelles valeurs supérieures se revendique-t-il ? Telles sont les questions auxquelles ce morceau d’architecture ne prétend pas apporter des réponses mais, humblement, susciter quelques pistes de réflexion.
Un mythe fondateur
Jusqu’en 1863, la Légion étrangère a été considérée comme une armée de fortes têtes vouée à faire la sale besogne de la colonisation ! Le 30 avril 1863, lors de l’expédition française au Mexique, la bataille de Camerone va définitivement changer l’esprit de ces soldats et le regard porté sur eux.
Il s’agit d’un combat qui opposa une compagnie de soixante fantassins de la Légion étrangère, commandée par le capitaine DANJOU et deux sous-lieutenants, à une armée de deux mille mexicains. Assiégés dans une hacienda, ils résistèrent durant 11 heures, tuant 300 ennemis et en blessant 300 autres.
A dix heures du matin, alors que les Français, qui n’ont rien mangé depuis la veille, commencent à souffrir de la soif et de la chaleur, un officier mexicain leur somme de se rendre, ce à quoi le capitaine DANJOU fait répondre : « Nous avons des cartouches et ne nous rendrons pas ! ». Il fait alors jurer à ses hommes de lutter jusqu’au bout. Il tombera à la mi-journée, touché en plein cœur. Neuf heures durant, les Légionnaires vont affronter les troupes mexicaines, sans boire, étouffés par la fumée de l’incendie provoqué par l’ennemi.
En fin d’après-midi, il ne reste en état de combattre que six Légionnaires. Les mexicains somment alors les survivants de se rendre. Le caporal MAINE répond : « Nous nous rendrons si vous nous faites la promesse la plus formelle de relever et de soigner nos blessés ; si vous nous promettez de nous laisser notre fourniment et nos armes. Enfin, nous nous rendrons, si vous vous engagez à dire à qui voudra l’entendre que, jusqu’au bout, nous avons fait notre devoir », ce à quoi l’officier mexicain répond : « On ne refuse rien à des hommes comme vous ! » Les rescapés sont présentés au colonel MILAN, qui s’écrie : « Mais ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons ! » Sur un monument commémoratif, érigé en 1892 au Mexique, figure l’inscription :
« Ils furent ici moins de soixante
Opposés à toute une armée.
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
Abandonna ces soldats Français
Le 30 avril 1863
A leur mémoire la Patrie éleva ce monument ».
Aujourd’hui encore, les militaires mexicains rendent hommage aux soldats français et mexicains tombés ce jour-là en présentant les armes lorsqu’ils passent devant ce monument.
Chaque 30 avril, les héros de ce combat sont honorés dans tous les régiments de la Légion ; à cette occasion est proclamé le récit du combat de Camerone. L’idée du « serment de Camerone » est là pour rappeler le courage et la détermination des Légionnaires ainsi que le respect à la parole donnée accomplie jusqu’au sacrifice suprême. Aujourd’hui, la main du capitaine DANJOU, prothèse de bois provenant d’une amputation antérieure, est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère à Aubagne.
Pour fédérer tous ces hommes il fallait leur donner un passé commun, une histoire commune, quelque chose qui dépasse l’engagement de chaque individu. C’est le fait d’arme de Camerone qui tient ce rôle et constitue un acte fondateur.
Le point essentiel de cette histoire se situe à l’instant même où le capitaine DANJOU, transcendé, fait prêter serment à ses hommes. Ce serment, inattendu et exceptionnel dans de telles circonstances, a été gravé par le sang. Le mythe qui en est issu de fait, est le Légionnaire qui trouve la rédemption dans la mort. Ainsi, on plonge implicitement dans le mythe sacrificiel ; on trouve le Salut à travers le don de sa personne…
Il est important de noter que ce fait d’arme s’est déroulé dans le but de remplir une mission particulière qui consistait à protéger de l’armée mexicaine un important convoi français. Depuis lors, remplir la mission confiée et respecter la parole donnée sont devenu sacrés pour la Légion étrangère. Du reste, l’expression « faire Camerone », toujours usitée dans la Légion, signifie remplir sa mission jusqu’au bout, sans concession, s’il le faut au prix de sa vie.
Des rites
Les traditions au sein de la Légion étrangère sont nombreuses et issues directement de son histoire : du « vert et rouge » au pas lent de ses unités, en passant par les pionniers et Le Boudin (chant de marche de la Légion). Mais contrairement à une idée reçue, elles ne sont pas immuables et vivent avec l’Institution. Elles sont officiellement regroupées au sein d’un « Recueil des traditions de la Légion étrangère » édité par un Comité des Traditions.
La formation des Légionnaires est certes une suite de stages professionnels sophistiqués, mais elle est également émaillée de temps forts qui exigent beaucoup d’abnégation.
Et tout d’abord le changement de nom, pour toute nouvelle recrue, est systématique. Il symbolise la mort de l’homme ancien, permettant de « repartir » sur de nouvelles bases. C’est en quelque sorte une nouvelle naissance. La Légion est le seul lieu où l’on peut « recommencer » sa vie. Mais cette deuxième chance ne blanchit pas le Légionnaire de toute faute qu’il aurait pu commettre avant son admission. Ce n’est qu’au bout de trois ans de service, après qu’il ait prouvé sa bonne moralité et une réelle volonté de s’amender, qu’il peut recouvrer, à sa demande, sa véritable identité.
D’autre part, un des éléments fédérateurs importants dans la Légion est la langue. La majorité des candidats à la Légion ne parlent pas le français. A l’évidence, pour des raisons de sécurité et d’efficacité militaires, tout soldat doit comprendre les ordres qui lui sont donnés en français, et pouvoir communiquer avec ses compagnons. Durant leur formation initiale, chaque légionnaire apprend donc le français, ce qui le lie aux autres de manière encore plus forte puisque sa langue maternelle, si elle n’est bien entendu pas oubliée, n’est plus pratiquée dans les rangs.
Cette formation est ponctuée par une série de « rites », importants pour tout jeune Légionnaire : après un premier stage de sélection, les engagés volontaires retenus reçoivent leur premier contrat d’engagement dans le musée d’Aubagne, où un officier les informe de l’importance de leur futur statut. Ensuite, à l’issue de leur formation, et après avoir prouvé qu’ils en étaient dignes, les nouvelles recrues sont invitées à coiffer pour la première fois leur képi blanc. C’est une cérémonie solennelle durant laquelle ils récitent, en chœur, avec fierté, la tête haute, et dans un français encore hésitant, leur code d’honneur, véritable serment du Légionnaire.
Enfin, la Commémoration annuelle de CAMERONE est un temps fort de la Légion. Le centre de Commandement, situé depuis 1962 à Aubagne, près de Marseille, possède une « voie sacrée » sur laquelle est présentée, puis « élevée », la main du capitaine DANJOU, véritable relique enfermée dans une chasse. Le reste de l’année, ce trophée repose dans une crypte souterraine dans laquelle toute nouvelle recrue est tenue de se recueillir pour honorer tous les Légionnaires morts au combat.
Une mort symbolique, une renaissance sous une autre identité et une autre langue, celle du pays pour lequel on est prêt à donner son sang, une fraternité sans faille et de principe, c’est-à-dire définitive, enfin un rappel périodique et immuable du mythe de CAMERONE ; nous sommes bien en présence de rites pratiqués par des hommes unis dans une cohésion inébranlable.
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A la lecture de ce texte je viens de percevoir mon salaire. Il est vrais que je suis FM:. et fils de légionnaire.
Merci à l'auteur, accolade fraternelle aux autres...