Madonna, Ariana Grande, Gwyneth Paltrow, Tom Cruise… En plus d’être des stars d’envergure internationale, ces quatre individus sont ou ont été adeptes de la kabbale. De quoi s’agit-il ?
Au départ, la kabbale est une tradition mystique fondamentale du judaïsme. Rien de très affriolant, au contraire.
Un article du Magazine Ça M’Intéresse : C’est quoi la kabbale ?
Elle aurait été créée en Espagne au cours du XIIIe siècle, avec le Zohar, le « livre de la splendeur ». Selon les kabbalistes, Adam lui-même l’aurait transmise de génération en génération. Cependant, la kabbale est entourée d’une aura de mystère. Dans le Littré, elle est décrite comme une « science prétendue pour commercer avec les êtres surnaturels ». En théorie, elle s’étudie longtemps, car elle exige de revenir plusieurs fois sur les mêmes choses, et de préférence en petit groupe.
La kabbale et le judaïsme
Décrire et expliquer la kabbale n’est pas évident. Selon la tradition, il ne faut pas chercher à l’étudier avant ses 40 ans. Étant considérée comme une mystique, la kabbale a pour but de mener l’humain à un contact direct et concret avec Dieu. Selon l’auteur Roland Goetschel, le terme « kabbale » a commencé à revêtir un sens ésotérique à partir du Moyen Âge. « La Kabbale est encore un ésotérisme en tant qu’elle traite des sujets les plus profondément cachés et les plus essentiels concernant l’homme, le monde et Dieu. », écrit-il en 2002 dans l’introduction de son « Que sais-je ? » dédié à ce sujet. Bien que liée au judaïsme, la kabbale s’est ouverte aux non-juifs, notamment dans les années 2000. Un de ses aspects concrets, par exemple, est la numérologie. Freud se serait inspiré de la kabbale, de même que Jung qui y aurait puisé sa théorie sur les synchronicités.
La kabbale version Hollywood
Les kabbalistes ont développé des thèmes qui résonnent aujourd’hui de façon très contemporaine, par exemple en décrivant le chant et la danse comme des outils de guérison, ou en accordant une grande importance à la méditation et aux états de conscience modifiés. Plusieurs centres de la kabbale ont ouvert dans le monde, dont un à Paris. Le premier est né à Los Angeles, sous l’impulsion de Philip S Berg, ancien agent d’assurance autoproclamé rabbin. Ces centres proposent des cours, des ouvrages et des vidéos censés provoquer des changements positifs dans la vie des adeptes. Cette kabbale version Hollywood s’apparente donc plus à une méthode de développement personnel. Régulièrement sous le feu des critiques, ces centres ont parfois été soupçonnés d’escroquerie ou de dérives sectaires. D’ailleurs, ils ne sont pas reconnus par le Consistoire juif.
Étymologie
Le mot « kabbale » (Qabalah en hébreu) signifie « réception » au sens le plus général, le terme est parfois interprété comme « tradition ». Le kabbaliste est donc celui qui a reçu (de l’hébreu קיבל Qibel) la tradition. Le mot kabbale ne désigne pas un dogme, mais un courant à l’intérieur du judaïsme et un état d’esprit.
Charles Mopsik rappelle la différence orthographique entre cabale et kabbale :
« La première graphie a été consacrée en français depuis plusieurs siècles alors que la seconde, importée de l’allemand, a été employée en France dans le but de distinguer la « Cabale » des occultistes et autres mystériosophes douteux de la « Kabbale » de la tradition juive authentique. Cette distinction graphique est devenue inutile depuis que « Kabbale » a été adoptée par les occultistes précités. »
Que dit l’encyclo
La Kabbale (de l’hébreu קבלה Qabbala « réception », forme anglicisée écrite plutôt Cabbale ou Qabale en français) est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la prétendue « Loi orale et secrète » donnée par YHWH à Moïse sur le mont Sinaï, en même temps que la « Loi écrite et publique » (la Torah). Elle trouve sa source dans les courants mystiques du judaïsme synagogal antique.
Le Baal Hasoulam (Yehouda Ashlag), kabbaliste du xxe siècle, en donne la définition suivante : « Cette sagesse n’est ni plus ni moins que l’ordre des racines, descendant à la manière d’une cause et de sa conséquence, selon des règles fixes et déterminées, s’unissant au nom d’un but unique et exalté, décrit par le nom « révélation de Sa Divinité à Ses Créatures en ce monde » ». Georges Lahy définit la kabbale comme « la dimension interne de la Torah, correspondant au sod (la connaissance secrète) des quatre niveaux de l’intérieur de la Torah (connus sous le nom de pardès) » : Peshat, Remez, Drash, Sod (Kabbale).
Selon ses adhérents, la compréhension intime et la maîtrise de la Kabbale rapprochent spirituellement l’homme de Dieu, ce qui confère à l’homme un plus grand discernement sur l’œuvre de la Création par Dieu. Outre des prophéties messianiques, la Kabbale peut ainsi se définir comme un ensemble de spéculations métaphysiques sur Dieu, l’homme et l’univers, prenant racine dans les traditions ésotériques du judaïsme.
Le thème du kabbalisme a été en outre repris par nombre de nouveaux mouvements religieux, dont le Centre de la Kabbale qui connaît depuis les années 1980 une certaine notoriété auprès des personnalités du show-business, dont la très emblématique Madonna, mais qui est dénoncé comme une pure imposture par la majorité des rabbins kabbalistes.
Description selon l’encyclo
Toutes les religions ont un volet mystique ou ésotérique — accès direct à Dieu sans prêtre ou sans église constituée — mais la Kabbale utilise une approche par la voie mystique et la voie de la connaissance.
La Kabbale se voudrait être un outil d’aide à la compréhension du monde en ce sens qu’elle inciterait à modifier notre perception du monde (ce que nous appelons « la réalité » malgré la subjectivité de notre perception). Pour ce faire, la Kabbale met à disposition de ses adeptes un diagramme synthétique : l’Arbre de vie ou des Sephiroth, et autres clés de lecture pour de multiples ouvrages, ainsi qu’un foisonnement de concepts (degrés de signification, contraction, etc.).
Elle propose ses réponses aux questions essentielles concernant l’origine de l’univers, le rôle de l’homme et son devenir. Elle se voudrait à la fois un outil de travail sur soi et un moyen d’appréhender d’autres systèmes de pensée.
La Kabbale, en tant que phénomène, est souvent comprise comme la mystique de la merkabah ; ainsi Scholem commence-t-il son énonciation de la Kabbale dans Les Grands Courants de la Mystique Juive par Hénoch et son cycle, par la mystique qui se développe autour de la vision d’Ézéchiel nommée « littérature des Palais » ou hekhalot, la « mystique de la merkabah ». Cette mystique se présente comme accès, en un voyage ascensionnel et intérieur, au cœur même du divin, au jardin de la science du Livre, au Sod, quatrième terme du Pardès. Elle tire son origine du judaïsme synagogal.