MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 294
1804 – La Grande Loge Générale Écossaise
L’année 1804 revêt une importance majeure pour ce qui est de la Franc-Maçonnerie française ; car marquée par l’« importation » d’outre-Atlantique d’un rite, dit des « anciens », et son union à l’Ordre maçonnique établi, savoir le Grand Orient de France – une union d’ailleurs rompue avant que d’avoir été pleinement matérialisée.
Énumérons les faits dans l’ordre chronologique :
✦ 29 juin (10 messidor an XII). – Auguste de Grasse-Tilly et sa famille débarquent dans le port de Bordeaux.
✦ 4 juillet. – Arrivée d’Auguste de Grasse-Tilly à Paris.
✦ 8 août. – La loge Saint-Alexandre d’Écosse reprend les travaux qu’elle avait suspendus à l’heure de la Terreur. Elle nomme vénérable maître Godefroid Maurice de La Tour d’Auvergne.
✦ 12 octobre. – Réunion de la loge Saint-Alexandre d’Écosse. « L’orateur de la Respectable Loge se lève et observe que le vœu exprimé par les loges écossaises de la juridiction est de prendre les moyens pour l’établissement d’une Grande Loge pour le rite ancien dans le chef-lieu de cet Empire. »
✦ 17 octobre. – Auguste de Grasse-Tilly réunit un Grand Consistoire du 32e degré. La réunion a pour objet d’examiner « une supplique de la Respectable Mère-Loge Écossaise Saint-Alexandre d’Écosse, tendant à obtenir l’autorisation de convoquer […] tous les membres ayant droit de vote pour la formation d’une Grande Loge du Rit ancien ».
✦ 22 octobre. – Les vénérables et officiers des loges écossaises parisiennes décident de constituer une Grande Loge Générale Écossaise et d’« investir le prince Louis Bonaparte de la dignité de Grand Maître ».
Le Comité général, qui est alors constitué, considère « qu’il est important que le Rit écossais d’Hérédom soit régulièrement et scrupuleusement conservé dans tous les ateliers, les grades du Régime écossais étant les seuls connus dans les orients étrangers et ceux au moyen desquels les francs-maçons de tout l’univers peuvent correspondre et fraterniser, ceux du Rit moderne n’étant admis en aucun pays ».
Le Comité arrête donc « que la Grande Loge Générale Écossaise de France est établie, qu’elle tiendra ses séances à l’orient de Paris, que siégeant conformément et en vertu des pouvoirs et prérogatives qui lui sont toujours accordés par les statuts, instituts, règlements généraux, de la Maçonnerie ancienne ».
Font notamment partie de la GLGE les frères François Christophe Kellermann, André Masséna et François Joseph Lefebvre, le comte de Valence et le comte de Lacépède.
✦ 27 octobre. – La Grande Loge Générale Écossaise tient sa première séance solennelle et décide d’adresser, à l’instar des Gentlemen de Charleston, une circulaire aux loges implantées sur les deux Hémisphères.
Rédigée à Hérodom, orient de Paris, au nom du Grand Architecte de l’Univers, ladite circulaire a pour but d’informer le « Peuple Maçon répandu sur les deux hémisphères, dans toutes les loges et chapitres réguliers » qu’un jour nouveau « reluit pour la Maçonnerie Écossaise en France, depuis trop longtemps persécutée ».
« Dévouée au trône impérial, y est-il écrit, la Grande Loge Générale Écossaise de France a nommé pour Sérénissime Grand Maître son Altesse Impériale le Prince Louis, Grand Connétable de l’Empire. »
© Guy Chassagnard – Auteur de :
- Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016),
- La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
- Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
- La Chronologie de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT 2019),
- Les Annales de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT 2019)
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