La déclaration des cinq Grandes Loges européennes qui retirent avec tristesse leur reconnaissance à la GLNF n’est pas une surprise. Comme nous l’avions annoncé il y a quelques jours d’autres vont suivre. La date choisie pour le faire montre qu’elles ne croient plus aux vertus d’une solution interne quel que soit le résultat d’un vote éventuel, le 23 juin ou plus tard.
En réalité nos Frères suisses, belges, autrichiens, allemands et luxembourgeois considèrent qu’après l’effondrement irrémédiable de ce qui fut pendant longtemps l’obédience régulière de référence en France et la perte d’image qui en a résulté pour la maçonnerie traditionnelle, il est temps de travailler à la recomposition de la Maçonnerie française. C’est aujourd’hui une nécessité absolue.
L’Alliance partageant totalement cette vision a entamé des contacts avec toutes les parties concernées, en Europe et dans le monde, depuis un certain temps déjà. Elle échange avec elles sur le sujet, et travaille à la fixation d’un cadre pour l’avenir. Le cinquième paragraphe de la déclaration exprime d’ailleurs le soutien et la compréhension de nos Frères européens envers ceux qui ont déjà, ou vont quitter la GLNF pour rejoindre la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française.
Le rôle que celle-ci devra jouer est basé sur ses spécificités qui la placent au centre de cette indispensable refondation. En effet, elle n’est pas structurée autour d’un seul Rite, qui serait particulièrement dépendant de son système de Hauts Grades. C’est une des raisons d’être de son système de Maisons de Rites, qui est le garant de cette indépendance obligatoire pour bénéficier de la Régularité et de la Reconnaissance, en offrant une terre d’accueil à des spiritualités diverses dans leur relation au G.A.D.L.U. C’est cette spécificité qui nous différencie des autres obédiences françaises qui reposent sur des conceptions laïque ou mono-rite de la spiritualité.
Parallèlement la retenue, la discrétion et l’absence d’implication politique de certains de nos Frères français rendent le dialogue avec eux tout à fait justifié. Ils sont à notre avis plus prés de nous que les thuriféraires d’une GLNF qui a trahi ses fondamentaux dans un triste mélange des genres. Les Grandes Loges européennes, auxquelles il faut ajouter la Pologne qui vient elle aussi de retirer sa reconnaissance, nous disent ainsi clairement à leur manière qu’il est temps de regarder ailleurs et autrement, sans pouvoir être accusées d’une quelconque instrumentalisation, ni ingérence.
Méconnaitre cet état de fait serait une faute historique, et nous remercions nos Frères européens de l’avoir si bien compris et exprimé.
Mais restons prudents. Cette recomposition du paysage maçonnique ne sera pas instantanée. De la même manière, s’il est vrai que les critères de la reconnaissance doivent rester intangibles, il n’en est pas moins vrai que l’implosion en cours de l’obédience qui en bénéficiait montre bien qu’il va falloir concevoir des barrières adaptées pour éviter de telles dérives à l’avenir. C’est précisément ce que la GL-AMF a tenté de mettre en place dans des statuts qui sont aujourd’hui mis à l’épreuve de la vie associative et maçonnique des Frères qui la rejoignent en masse et la rejoindront demain encore plus nombreux. C’est ce qui en fait depuis sa création un acteur incontournable dans ce débat.
Il doit être clair pour tous les Frères que cette déclaration des Grandes Loges européennes marque la fin d’une époque : celle de la GLNF. Elle ouvre les portes d’un avenir de la franc-maçonnerie française à construire avec toutes les Grandes Loges régulières du monde, dans laquelle la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française aura toute sa place, et pourquoi pas avec d’autres, et sera à la hauteur des exigences que requiert la franc-maçonnerie universelle.
Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française