Dans une conversation récente avec une franc-maçonne de longue date, elle a mentionné que les gens ne comprennent pas la signification d’être franc-maçon et ce que la franc-maçonnerie fait vraiment dans le monde. Plus profondément dans la conversation, elle parlait de la tendance actuelle de tout ce brouhaha du « voyage personnel ». Beaucoup de gens rejoignent la franc-maçonnerie pour trouver un moyen d’atteindre l’illumination, d’élargir leur conscience ou de devenir une meilleure personne. Lorsque les gens rejoignent la franc-maçonnerie, ils veulent trouver quelque chose – un éveil spirituel, un sens, un but, des secrets, un chemin vers un trésor secret, du pouvoir, parfois même un partenaire commercial. Certaines personnes veulent s’inscrire pour trouver un partenaire ou devenir riches. Oui, il y a toutes sortes de choses que les gens recherchent. Pourtant, ce n’est pas pour cela que la franc-maçonnerie existe. Les principes, les rituels et les symboles de la franc-maçonnerie ne parlent pas de ces voyages personnels.
La Franc-Maçonnerie n’existe pas pour l’individu. Elle existe pour l’individu collectif. En d’autres termes, la Franc-Maçonnerie ne se soucie pas de votre parcours personnel. Votre chemin personnel et la raison pour laquelle vous rejoignez la Franc-Maçonnerie n’ont aucune importance. Vraiment. Cela n’a aucune importance.
Le but de la Franc-Maçonnerie n’est pas de perfectionner l’humain. Une pierre ne suffit pas à faire un temple. Le but de la Franc-Maçonnerie est de « perfectionner l’humanité ». Pour perfectionner l’humanité, elle a besoin d’un groupe d’individus disposés à travailler et à respecter ses principes. Les principes de la Franc-Maçonnerie ne sont pas ceux d’un individu, d’une religion ou d’une philosophie en particulier. Ces principes sont de nature morale et éthique ; la moralité et le comportement éthique sont destinés au collectif et affectent le collectif. La religion, la politique, l’obéissance civile – ce sont des préférences qui affectent l’individu. Il y a une raison pour laquelle les préférences individuelles sont tenues à l’écart de la Loge ; l’ego et le désir individuels n’ont pas de place « spéciale » au sein de la Franc-Maçonnerie.
J’entends maintenant le bruissement dans les colonnes : « Non, attendez un peu. On nous demande notre avis et nos pensées. Nous sommes censés exprimer nos pensées individuelles et développer nos propres idées et notre force d’esprit. » C’est vrai. Cependant, on nous demande dans un contexte d’opinion à partager avec l’ensemble, de discussion et de débat sain, qui à son tour illumine l’esprit. Un esprit coincé dans le dogme ou un comportement rigide trouve un chemin difficile dans la franc-maçonnerie. Le dogme et la rigidité sont l’ego qui parle à travers la personnalité. Ce n’est pas le collectif qui agit à travers l’individu, mais l’individu qui essaie d’agir à travers le collectif.
Un autre franc-maçon que je connais aime dire que « la franc-maçonnerie est un chemin individuel dans un contexte de groupe ». En discutant de cette idée, il a pensé que je criais au scandale. En fait, ce n’est pas le cas. Ce que je dis, c’est que le chemin individuel n’a pas d’effet sur la franc-maçonnerie. Il s’agit d’un ensemble fixe de repères et de rituels avec des principes directeurs que l’individu peut interpréter et appliquer à sa propre vie. La vie de l’individu et le but de son adhésion au groupe ne s’imposent pas à la franc-maçonnerie.
Cela ne veut pas dire que les francs-maçons doivent être des automates et suivre aveuglément les dirigeants. Absolument pas. En fait, c’est tout le contraire : ils doivent se sentir suffisamment à l’aise dans leur individualité pour la partager avec l’ensemble, en prenant ce qui fonctionne pour eux et en rejetant, sans pour autant rejeter, le reste. Pourtant, en fin de compte, ils œuvrent pour le bien du collectif, qui à son tour œuvre pour le bien de l’humanité.
Le franc-maçon a parfois du mal à se considérer comme faisant partie de quelque chose de plus grand. Peut-être que cela devient plus facile à mesure que l’on progresse dans la franc-maçonnerie, lorsque le message est répété à maintes reprises sur l’humanité, et non sur l’individu. Nous ne pouvons pas nous séparer de notre statut d’individus – c’est physiquement, émotionnellement et mentalement impossible. Cependant, nous pouvons nous considérer comme faisant partie de la société dans son ensemble, en sortant notre esprit et nos émotions de notre propre zone de confort et en faisant ce qui est nécessaire pour le bien commun – la Loge, le groupe, peu importe.
J’ai été frappée par une publicité récente pour une émission de télévision populaire. L’émission parlait des policiers et de leur dévouement envers leur ville, leur pays et leur communauté, au point de risquer leur vie pour toutes ces raisons. Nous ne pouvons pas tous faire du travail de policier, être pompier, médecin ou infirmier. Ces gens ont un dévouement profond qui va au-delà d’un travail de 9 à 17 heures. Nous applaudissons ces gens parce qu’ils sauvent réellement des vies – malgré le danger, la douleur ou même leur propre mort.
Mais qui peut dire que la franc-maçonnerie est différente ? C’est une déclaration audacieuse, bien sûr. Mais que se passerait-il si les francs-maçons, par le biais de leur Loge ou de leur Ordre, s’efforçaient de faire du monde un endroit plus instruit, plus réfléchi, plus dévoué et plus ambitieux ? Si cet effort d’éducation produisait un médecin de plus là où il n’y en avait peut-être pas auparavant, n’avons-nous pas rendu l’humanité meilleure ? Que se passerait-il si le travail d’un Ordre créait une maison d’édition et que l’un de ces livres incitait un jeune lecteur à poursuivre une carrière scientifique, et qu’ils créaient un remède à une maladie dévastatrice ? Que se passerait-il si une Loge organisait une campagne de sensibilisation auprès de ses membres plus âgés et qu’ils parvenaient à apporter une lumière vive à leurs jours qui s’éteignent ? Que se passerait-il si leur famille s’en rendait compte et reconnaissait la compassion, et créait à son tour une fondation pour aider d’autres personnes atteintes de la même maladie ?
Bien sûr, l’individu peut faire toutes ces choses. En fait, ces exemples sont tous accomplis par des individus qui travaillent avec un esprit collectif, un cœur collectif et une intention collective. La Loge est une entité d’individus mais elle aussi est « un esprit unique ». C’est un collectif individuel, comme un cerveau rempli de neurones en activité. Ce n’est pas le Borg, il n’y a pas d’assimilation ou de manque d’individualité ; c’est un melting-pot. C’est un ensemble de pierres vivantes, toutes en voie de perfectionnement pour créer quelque chose de plus grand qu’elles-mêmes. Nous ne sommes pas des pierres isolées. Il n’y a aucun but à cela. C’est dans le groupe, le collectif, que nous pouvons construire cet endroit qui « abrite l’humanité » et offre un lieu d’avancement à toute la race humaine.