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LA FRANC-MACONNERIE FRANCAISE ET LA 1° GUERRE MONDIALE


La Première Guerre Mondiale rompit la fraternité universelle qui était la fierté de la Franc-maçonnerie. Que futil du pacifisme ? Comment la franc-maçonnerie française agit-elle face à ce conflit ? Quelles relations maintintelle avec le reste des obédiences étrangères?

« La Maçonnerie française et la première guerre mondiale » par André Combes? Directeur de l’IDERM (Institut d’Etudes et de Recherche maçonnique), rédacteur en chef de Chroniques d’Histoire maçonnique, membre du comité de rédaction d’Humanisme.

Introduction
Le Grand Orient de France (GODF) réunit 460 loges en 1914, avec des effectifs stables depuis 1908, d’environ 31.000 membres. Son président Georges Corneau, un radical, est directeur du journal Le Petit Ardennais. La Grande Loge de France (GLDF) compte 144 loges et 8.400 membres, sous le maillet de Gustave Mesureur, ancien ministre, directeur de l’assistance publique de la Seine. Le Droit Humain, qui traverse des heures difficiles est une petite obédience mais la seule à demander que le droit de vote soit immédiatement accordé aux femmes. Quelles relations établirent les obédiences françaises avec leurs homologues? Comment vécurent-elles ce conflit ?

Avant la guerre
En 1913, année préélectorale, le GODF ne prend pas position sur le projet de loi portant, du fait des tensions internationales, le service militaire de deux à trois ans. Il adresse le 18 mars 1913, une circulaire dénonçant « les excitations chauvines d’où qu’elles viennent », mais aussi fait appel « au patriotisme et à la sagesse du Parlement » concluant cependant que le service de trois ans ne saurait être admis que s’il est absolument prouvé qu’il est indispensable. Bien que les élections législatives soient gagnées par la gauche, le retour aux deux ans est ajourné. Le nouveau Président du Conseil, René Viviani, républicain socialiste est maçon, à la différence de ses prédécesseurs.

Pendant les guerres des Balkans (1912-1913), le Conseil de l’Ordre reste neutre mais soutient divers organismes pacifistes : La Paix par le Droit, la Société d’arbitrage entre les Nations, la Ligue internationale de la Paix et de la Liberté, L’Union interparlementaire, à l’origine de la conférence de La Haye. Il adhère en décembre 1912 au Bureau international de la Paix siégeant à Berne créé en 1891 pour coordonner les actions des sociétés pacifistes.
Un des thèmes récurrents dans les exposés en loge de 1912 à Juillet 1914 est celui du rapprochement franco-allemand. La Maçonnerie germanique est très différente de la française. Elle comprend huit obédiences dont les Grands Maîtres adoptent des décisions communes au cours de rencontres périodiques. Les trois obédiences prussiennes qui regroupent 40.000 membres sont protestantes, monarchistes et nationalistes. A leur côté, les cinq obédiences « humanitaires » sont plus libérales, mais ne comptent que 18.000 adhérents.Le courant socialiste ne s’y est pas implanté.

Les relations avec le GODF avaient été rompues à la suite de l’accusation de crimes de guerres portées en 1870 contre le roi de Prusse et son fils, tous deux maçons, puis par l’annexion de l’Alsace-Lorraine et sa conséquence, la fermeture des loges du GODF. Les premiers rapprochements s’esquissent au cours de congrès maçonniques internationaux, d’abord avec la GLDF puis plus difficilement avec le GODF. Trois obédiences, sises à Hambourg, Bayreuth et Francfort, signent des traités d’amitié avec lui. Des manifestations internationales périodiques puis annuelles ont facilité ce rapprochement. Elles se tiennent à Luxembourg en 1912 puis à La Haye en 1913. Un rendez-vous est pris pour le 16 août 1914 à Francfort.

La question des relations diplomatiques entre les deux pays est renvoyée par le convent de 1913 au Conseil de l’Ordre Un rapport est présenté par André Lebey lors de sa séance du 6 avril 1913. Il souligne que par principe un franc-maçon veut la paix mais que le « chauvinisme accentué » progresse en Allemagne, note que des Alsaciens ne souhaitent pas un nouveau carnage, que le Reich n’a pas pu assimiler l’Alsace-Lorraine et qu’elle pourrait devenir la terre du rapprochement, un trait d’union entre les deux pays si l’Allemagne lui accordait l’autonomie par une constitution indépendante. Il souligne que l’alliance russe a été nouée dans un but pacifiste et qu’une entente de la France, de l’Angleterre et de l’Allemagne assurerait la paix du monde. Ce texte est soumis à l’étude des loges par le Conseil au cours de sa séance du 1er juillet 1914 mais la menace de guerre se précise au cours de ce mois. Le GODF rend hommage le 1er août au citoyen Jaurès assassiné par un nationaliste et invite tous les maçons à assister à ses obsèques.

Le 2 août, le GODF et la GLDF envoient un télégramme commun au Gouvernement pour le remercier d’avoir tenté tout ce qui était compatible avec la dignité nationale dans l’intérêt de la paix mondiale. La Franc-maçonnerie française veut encore espérer que les efforts diplomatiques du Gouvernement de la République aboutiront à une solution pacifique ;

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« La Maçonnerie française et la première guerre mondiale »

Tenue de loge de soldats allemands dans un temple français et devant le buste de la Marianne maçonnique de Paul Lecreux à Saint-Quentin occupé entre 1914 et 1918.

A.S.: