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LA FRANC-MACONNERIE ET L’HISTOIRE – TEXTE DE MARC HALEVY


La Franc-maçonnerie et l’Histoire

Marc HalévyPhysicien, philosophe et prospectiviste

Le 22/05/2024

La Franc-maçonnerie est en train de vivre un « passage » essentiel et profond lié à la fin du Paradigme de la Modernité (de 1500 à 2050) et de la civilisation du Messianisme tant religieux qu’idéologique (de 400 à 2050).

La Franc-maçonnerie, comme tout ce qui est humain, n’est pas hors de l’Histoire, mais elle s’est enlisée dans l’Histoire.

En tant que corporation structurée, détentrice de savoirs spéciaux (tant matériels en ce qui concerne la construction d’édifices religieux, que spirituels en ce qui concerne la transcription dans la pierre des messages chrétiens) et dotée de privilèges notamment de « laisser-passer » d’un chantier à l’autre, et de protection de « secrets » propres au « métier » (géométrie, matériaux et leur façonnage, outils, techniques, méthodes, planification, héraldique, symbolique évangélique, etc …) la Franc-maçonnerie (donc l’ensemble de ces maçons virtuoses gratifiés de certaines franchises féodales) est née, dans le nid des monastères romans (clergé régulier) et s’est émancipée avec la construction des églises et cathédrales gothiques (clergé séculier).

Cette Franc-maçonnerie de Métier doit aujourd’hui avoir plus de mille ans d’âge.

L’âge d’or de la Franc-maçonnerie de Métier (dite opérative) sera cette faste période gothique (de 1000 à 1500 environ) et s’amortit avec la montée de la Modernité (à partir de 1450, notamment avec cette rupture énorme que furent l’avènement du protestantisme et le début des centralismes royaux au détriment des autonomies seigneuriales … le tout enclenché par l’ahurissant phénomène des Croisades qui chamboula toutes les structures et règles du paradigme précédent).

Depuis, à l’intérieur même du paradigme de la Modernité, cinq périodes successives d’un siècle environ chacune, transformèrent ladite Modernité pour l’accorder aux modes et besoins du moment.

Ce furent successivement :

  1. L’humanisme du 16ème siècle (Erasme, Pic de la Mirandole, Marsile Ficin, …)
  2. Le rationalisme du 17ème siècle (Bruno, Galilée, Descartes, Spinoza …)
  3. Le philosophisme du 18ème siècle (Hume, Montesquieu, Kant, Newton, …)
  4. Le positivisme du 19ème siècle (Comte, Renan, Mach, Kelsen, …)
  5. Le nihilisme du 20ème siècle (Husserl, Sartre, Derrida, de Beauvoir, …)

Aucune de ces petites révolutions philosophiques n’épargna la Franc-maçonnerie qui, elle aussi, connut cinq déviances par rapport à ses racines régulières prémodernes (telles qu’exprimées dans les premiers exposés des « Anciens Devoirs) :

  1. Le 16ème siècle voit l’effondrement de la « mode » gothique et l’émergence du style « renaissance » où les savoir-faire maçonniques anciens eurent peu de place et ne survécurent, principalement, qu’en Ecosse ; c’est à cet époque que les Loges commencèrent à recruter des esprits curieux et spirituellement marginaux (alchimistes, hermétistes, kabbalistes, …) étrangers au Métier opératif.
  2. Le 17ème siècle écossais met en application la grande réforme maçonnique de William Shaw (membre de la Royal Society), intendant des bâtiments du roi d’Ecosse, et moteur des premières Loges « modernes » de Mary’s Chapel et de Kilwinning, ainsi que l’institution de pratiques communes à toutes les Loges (l’ancêtre, donc, des actuelles « Grandes Loges »), que l’interdiction de tout écrit sur les rites et traditions, et que l’instauration du « Mot du Maçon ».
  3. Avec le début du 18ème siècle, à Londres, dans le giron de la Royal Society dont le secrétaire perpétuel était Desaguliers, certains se souviennent que le Franc-maçon est obligé de pratiquer la religion du pays où il a la liberté de travailler (ce qui place la spiritualité maçonnique au-dessus des religions et qui arrange bien Desaguliers et consorts, excédés par les guerres des religions en Angleterre) ; ils fondent alors le mouvement maçonnique des Moderns avec la « Grande Loge de Londres et Westminster » vers les années 1720 – et certainement en juin 1717 où il ne s’est rien passé !). Anderson en écrit – sous la quasi-dictée de Desaguliers – les Constitutions que l’on connaît et qui soulèvent le tollé dans les Loges régulières traditionnelles d’Ecosse, d’Irlande et de York ; celles-ci fondent la Grande Loge des Ancients qui combattra les Moderns jusqu’à sa victoire dans l’Act of Union en 1813. Mais le mal était fait : l’engouement pour le philosophisme que portaient les Moderns, s’exporta très vite un peu partout en Europe et aux Etats-Unis où se créèrent plein de Grandes Loges plus ou moins non régulières et plus ou moins non traditionnelles. C’est aussi, au 18ème siècle, que, refusant le statut « prolétaire » du maçon, l’élite maçonnique issue de la noblesse et de la haute bourgeoisie, favorisa la prolifération des « hauts-grades » essentiellement chevaleresques.
  4. Avec la fin du 18ème siècle et le début du 19ème, nouveau coup de théâtre, français celui-ci : la « Révolution française » – qui ne fut qu’une « émeute parisienne » contre la faim jusqu’à la prise de pouvoir par les Jacobins de Robespierre, fit fuir la Franc-maçonnerie hors de France vers l’Allemagne et l’Angleterre, entraînant avec elle, une bonne part des élites françaises. Ce que voyant et refusant, Napoléon Bonaparte réinventa une pseudo-Maçonnerie à sa botte et au service de sa politique en reprenant l’ancien nom de « Grand Orient de France » qui, au fil des campagnes et conquêtes napoléoniennes et coloniales, essaima un peu partout dans le monde (notamment en Belgique sous la nom toujours vivotant de « Grand Orient de Belgique »).
  5. Le 20ème siècle, porté par ses idéologies dualistes (gauche conte droite, calotins contre mécréants, progressisme contre conservatisme, tradition contre innovation, etc …) prit conscience de la dualisation délétère de la Franc-maçonnerie mondiale et l’oubli notoire de ses racines prémodernes (les seules qui soient régulières, traditionnelles et porteuses d’une intemporalité spirituelle qui fait l’essence même de toute tradition initiatique et mystique). D’où les divers mouvements de « reconnaissance mutuelle » indispensables pour une remise en ordre de l’Ordre maçonnique (il existe aujourd’hui 220 « obédiences » en France).

Ce 20ème siècle clôt le paradigme de la Modernité et se termine par une période chaotique (qui durera jusque vers 2050) qui manifeste l’effondrement de la Modernité et l’émergence d’un nouveau paradigme profane pour l’humanité. C’est le moment idéal pour tout faire afin que la Franc-maçonnerie régulière et traditionnelle retrouve enfin ses racines intemporelles, initiatiques et mystiques, prémodernes, et se retire enfin des modes et tumultes du monde profane ; qu’elle dépose enfin ses « métaux » sur les parvis.

Il est donc impératif et urgent de dénoncer toutes ces pseudo-maçonneries façonnées par les modes et fantasmes de la Modernité, et de ne plus considérer comme « frères » ou «  »sœurs » les membres de toutes les pseudo-maçonneries créées artificiellement par les cinq délires successifs de la Modernité.

Il s’agit de rendre à la Franc-maçonnerie régulière et traditionnelle toute sa pureté prémoderne et toute sa profondeur intemporelle : Cette Franc-maçonnerie (la seule, donc) n’est pas au service des humains, mais elle doit être et rester au seul service de la construction du Temple de Salomon à la Gloire intemporelle du Grand Architecte de l’Univers, tel que le décrit la Bible, Volume de de la Loi Sacrée.

J’ai dit !


A.S.:

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  • Voilà un grandélan de fraternité ! Comment parfois les meilleurs d'entre nous peuvent dire des conneries !