La Tunisie est malheureusement à la Une des actualités en ce moment… Voici une petit exposé de l’histoire et de la présence de la Franc-Maçonnerie réalisée par le Grand Orient Arabe Œcuménique.
Loin de nous offrir une compréhension aux problèmes actuels que vivent les tunisiens, l’article nous éclaire sur la société tunisienne …
Extrait :
I – Une prédominance française
Constat d’évidence, « l’aventure de la Franc-maçonnerie a suivi celle de la France coloniale4 ». La genèse de la franc-maçonnerie, dans la Régence de Tunis, remonte certes à l’ère précoloniale5. Mais le mouvement resta fort modeste avant l’établissement du protectorat (1881). On assista, depuis lors, à un développement lent et progressif d’une franc-maçonnerie locale, rassemblant essentiellement des fonctionnaires et des colons français. La situation a bien évolué vers 1930, date repère, qui marque l’apogée du système colonial et comme contrecoup explicable, le phénomène de rejet national qu’il a suscité. Les loges s’étant multipliées6, implantant la pensée maçonnique, dans des « réseaux coloniaux7 », qui ont pu bénéficier d’un certain soutien auprès des autorités du Protectorat et dont la population cible était essentiellement formés par des Français.
- 4 – Voir l’étude « La Franc-Maçonnerie dans les colonies ». Site du Suprême Conseil Grand (…)
- 5 – Voir Porset (Charles), la Franc-maçonnerie tunisienne et l’héritage révolutionnaire, la (…)
- 6 – Notons que 7 sur 10 loges dépendant de la Grande loge ont été fondés dans les années 1920. (…)
- 7 – Nous empruntons l’expression à l’auteur de l’étude « La Franc-Maçonnerie dans les (…)
- 8 – Texte enregistré le 18 septembre 1907, Sous le numéro 13358, Archives du Grand Orient de (…)
- 9 – Ibid.
- 10 – Nouvelle Carthage, séance du 15 mars 1911. Voir Eric Anduze, op. cit., p. 137.
- 11 – Nouvelle Carthage, séance du 15 octobre 1910. Voir Eric Anduze, op. cit., p. 138.
- 12 – Ibid.
- 13 – Rapport intitulé : « La situation matérielle et normale du Français, en Tunisie », (…)
4Des documents disparates permettent de connaître approximativement les origines des Francs-maçons de Tunis. Coexistant, lors de sa création en 1885, avec deux loges italiennes et une loge anglaise, la loge La Nouvelle Carthage, sous obédience du Grand Orient de France, était formée évidemment de franc-maçons français. Dichotomie entre le discours et les actes, le franc-maçon Nunez, qui dénonce, en 1907, les agissements de la loge La Nouvelle Carthage qui « ne refuse pas officiellement les demandes des profanes non-français mais en pratique (leur ferme la porte8 ». Situation similaire, la loge française « La Volonté », sous l’obédience de la Grande Loge de France, défend, en application de son statut intérieur, « l’entrée à ceux qui ne sont pas français9 ». Ce qui explique l’implication de leurs dirigeants dans la défense des privilèges de la colonie française. Cumulant les statuts de vénérable de la loge La Nouvelle Carthage, celui de chef d’entreprise et de Représentant de la communauté française à La Conférence Consultative de la Tunisie, Duclos réclame, en 1911, « l’institution d’un Conseil Colonial, élu au suffrage universel » et aux membres desquels – exclusivement français – « il serait attribué des pouvoirs délibératifs10 ». Notons, cependant, le souci de Duclos « d’attirer des israélites et des indigènes fort intelligents, animés d’un esprit élevé et tolérant11 ». Mais cette volonté d’ouverture – dans le cadre d’un paternalisme colonial ! – est mise en échec, au sein des francs-maçons, par « l’ostracisme des préjugés de race », que Duclos dénonce12. Cette situation perdure. La loge « Nouvelle Carthage et Salambo réunies » estime, en 1935, quelle « représente les éléments démocratiques de la colonie française », à savoir « le colon et le fonctionnaire…, les artisans du prestige français13 ».
La suite de l’article « La Franc-Maçonnerie en Tunisie«