Le texte “Règlement de restauration de la nature adopté le 12 juillet par le Parlement européen a été fortement affaibli par divers amendements. La Franc-maçonnerie n’a pas pour objet d’exprimer une opinion collective. Mais lorsque la qualité de la vie est en péril et que la vie des générations futures est elle-même en danger, le silence n’est plus de mise.
Une opinion d’Alain Cornet, Grand-Maître du Grand Orient de Belgique, Daniel Menschaert, Grand-Maître de Fédération belge de l’ordre maçonnique mixte international du Droit-Humain, Léon Gengoux, Grand Maître de la Grande Loge de Belgique, Raymonda Verdyck, Grande-Maîtresse de la Grande Loge Féminine de Belgique et Jan Vanherck, Président de la Confédération de Loges Lithos
Les francs-maçons belges appellent à des mesures fortes et rapides pour le climat et la biodiversité !
Mercredi 12 juillet, le Parlement européen a adopté un texte de “Règlement Restauration de la Nature” visant à préserver un minimum le milieu naturel existant et à en restaurer d’autres. La préservation de ces espaces naturels est essentielle pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique et donc garantir la survie de l’humanité. On pourrait s’en féliciter, mais il est inquiétant de constater que la portée du texte, adopté par l’Assemblée, a été fortement fragilisée par de nombreux amendements qui affectent à la fois son efficacité et sa mise en œuvre.
La franc-maçonnerie n’a pas pour objet ou pour but d’exprimer une opinion collective, mais, lorsque le respect des valeurs humaines est en danger, lorsqu’une vie digne pour tous les êtres humains risque de ne plus être assurée, lorsque la qualité de vie des générations futures est profondément accablé, le silence n’est plus de mise.
Agir ici et maintenant
Les francs-maçons travaillent pour atteindre le meilleur développement moral, intellectuel et spirituel pour tous. Ils sont conscients que cela n’est possible que dans le cadre d’une humanité fraternellement organisée entre les êtres humains d’une part et entre ceux-ci et la nature dans son ensemble d’autre part. Agir ici et maintenant pour atteindre cet objectif est essentiel pour la vie future sur notre planète.
Nous considérons donc qu’il est de notre devoir de nous adresser à tous ceux qui ont des décisions à prendre en la matière, au niveau national et européen, afin qu’ils agissent sans tarder et prennent les mesures nécessaires pour assurer aux générations futures une vie digne, sans distinction aucune et indépendamment de où ils habitent.
Notre conscience en tant qu’êtres humains est blessée
Notre conscience d’être humain est frappée par toute hésitation face à la mise en œuvre de politiques de conservation de la nature qui pourraient mettre en péril la survie de l’humanité. C’est pourquoi, suite au débat qui a eu lieu au Parlement européen, nous joignons notre voix à celle de tous ceux qui croient que les enfants d’aujourd’hui et de demain sont notre véritable priorité. Ensemble, avec les citoyens de demain, nous faisons partie de ce que le philosophe François Ost appelle une communauté temporelle. Nous pensons également que nous sommes également responsables envers les autres espèces naturelles. Non seulement que notre propre survie en dépend. La science nous rappelle que nous partageons une histoire commune avec toute la matière de l’univers. Tout ce qui vit participe au mécanisme de régulation des écosystèmes.
Relever un défi existentiel pour l’humanité
Le monde scientifique s’accorde également à affirmer que des mesures drastiques doivent être prises de toute urgence pour enrayer le réchauffement climatique mais aussi la destruction de la biodiversité. Seul un équilibre harmonieux entre l’Homme et son environnement peut assurer la survie de l’humanité.
Nous restons convaincus qu’une grande majorité des députés européens et des membres des gouvernements nationaux sont conscients que ces mesures sont essentielles, à moins qu’elles ne condamnent des pans entiers de la société à tenter de survivre dans des environnements dévastés.
Le monde traverse de nombreuses crises – dont certaines sont précisément induites par la crise climatique – mais elles ne peuvent être un obstacle aux actions à entreprendre pour relever le défi existentiel que l’humanité s’est lancé.
Le progrès ne doit plus être responsable d’une perte de sensibilité
Nous sommes conscients que les décisions sont difficiles à prendre, elles remettent inévitablement en cause nos modes de vie, nos modes de production et de consommation, voire des éléments importants de notre système économique. Les citoyens ne l’accepteront que s’ils voient que leurs représentants leur proposent en même temps une alternative globale et positive, un projet de société fondé sur les principes de fraternité et d’égalité, où la nature serait considérée autrement que comme une ressource inépuisable. Une société où la définition du Progrès ne serait plus responsable d’une perte de sensibilité à l’égard des autres formes de vie car la crise écologique est aussi une crise de sensibilité et une crise du sens de la responsabilité individuelle et collective. De plus, un tel projet de société pourrait être largement débattu dans la société elle-même, les citoyens devenant ainsi coresponsables des décisions à prendre. La démocratie n’en sortira que renforcée et grandi.
Impatient de voir la même chose arriver en France.