« Démocratie et Franc-Maçonnerie » est l’intitulé d’une planche glanée sur le site incontournable et riche de la Bibilothèque Maçonnique du Net « l’Edifice »
Cette planche je vous invite à la lire et je vous invite à la réflexion tout simplement…
Démocratie et Franc-maçonnerie, sujet inépuisable dont je vais partager une courte approche avec vous. Dans un premier temps, j’évoquerai quelques aspects de la définition de la démocratie, puis j’aborderai l’évocation concrète de celle-ci en Franc-maçonnerie, vous verrez, c’est court, et enfin je parlerai de Démocratie et Franc-maçonnerie du point de vue institutionnel et initiatique. La démocratie, il me semble, se définit essentiellement par rapport à son contraire, la dictature. Il s’agit du système dont les pouvoirs (cratos) émanent du peuple (demos). Dans l’évolution de l’idée démocratique à l’époque moderne, on peut schématiquement distinguer trois phases. La démocratie a d’abord été considérée comme un moyen de la liberté. C’est à ce titre qu’elle s’est introduite dans les institutions sous sa forme exclusivement politique. Elle fut ensuite tenue pour un instrument de la justice, ce qui, outre les changements que cette interprétation entraînait dans l’organisation politique, provoqua son extension aux rapports économiques et sociaux. Enfin, la démocratie tend à assurer le contrôle de la collectivité sur la croissance économique et, à la limite, sur le bon usage de la prospérité.
Ce sont les transformations de la société qui ont provoqué l’enrichissement de l’idée démocratique. Tel type de société s’accommode d’une forme de démocratie qui sera considérée comme insuffisante dans un autre milieu et à une autre époque. D’où il suit que la démocratie n’est pas un schéma abstrait apte à fournir des recettes d’organisation politique et sociale universellement valables. Elle ne peut vivre qu’en fonction du milieu où elle s’enracine et dont elle enregistre les aspirations.
A quels moments, nous, Francs-maçons du Grand Orient, évoquons-nous de manière concrète la démocratie républicaine ? Au rite français et au moment de l’initiation, lors de la rédaction du testament philosophique, nous demandons à l’impétrant de plancher sur les devoirs de l’homme envers lui même, sa famille, la cité et l’humanité. Puis, juste avant la prestation de serment, le Vénérable Maître avertit : Monsieur, l’engagement que vous allez prendre ne contient rien qui puisse blesser la conscience ni porter atteinte à l’obéissance due aux lois. Au rite écossais, le Frère Orateur avertit d’emblée les récipiendaires en ces termes : « Nul n’entre ici que de sa pleine et libre volonté, mais quiconque est admis doit se conformer à nos statuts et à nos règlements, comme dans un pays libre, le citoyen se soumet à la loi. Lors du banquet d’ordre, je citerai la première santé : A la république française, au peuple qui en est le souverain, à la grandeur morale et à la prospérité de la France. Et enfin, bien sur notre devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Cette année cependant, la question de la paix recoupe ma réflexion :
« L’incivisme, fléau de la société contemporaine est une menace pour la démocratie. Comment inciter les citoyens à retrouver à la fois un esprit civique et les moyens d’exercer pleinement leur souveraineté ? » Je ne résiste pas à l’occasion qui m’est offerte d’apporter ma petite pierre, en proposant une analyse d’un événement récent : les manifestations de policiers, et même de gendarmes… La réponse que ces fonctionnaires apporte à l’incivisme est la suivante : On ne veut plus voir les juges relâcher ceux qu’on arrête, on veut des peines incompressibles, on ne veut plus de la loi sur la présomption d’innocence qui nous gâche le boulot, on ne veut pas d’enregistrement des gardes à vue, on veut des peines aggravées quand les victimes sont policières, on ne veut pas d’avocats dès l’arrestation… Bref, davantage de sévérité, davantage de pouvoirs, un accroissement de la force publique, une inégalité devant la loi et une diminution des droits des justiciables. Ils ont leurs raisons : ils connaissent la peur, la mort de collègues et ils sont payés avec parcimonie.
Hors en réalité, alors que ces revendications pourraient laisser entendre le contraire, la justice n’a jamais été aussi sévère, et particulièrement envers les émigrés depuis le 11 septembre, avec des condamnations allant au delà des réquisitoires, et une multiplication des doubles peines. Ce qui est grave dans cette affaire, c’est que les policiers sont en train de faire valoir leur droit à dicter une politique pénale. Or, dans une démocratie, le Droit est au-dessus de tout. Le pouvoir de rendre la justice est supérieur au pouvoir exécutif et législatif, et c’est bien le prix à payer pour éviter la dictature.
La police est là pour exercer une fonction prévue dans le cadre d’institutions qui supposent, précisément, un certain nombre de droits. Or ces droits ne sont plus garantis. Certaines expressions, passées dans le langage courant, en témoignent : chômeurs en fin de droits, zones de non-droit… Et l’on demande à ces fonctionnaires de garantir l’ordre, bien que la justice ne s’exerce pas. Ce n’est pas leur boulot. Lorsque les bassins d’emploi se transforment en océans de chômage, ce n’est ni aux profs ni à la police d’écoper. C’est au pouvoir politique et au législateur qui maintiennent l’impunité et permettent l’enrichissement des auteurs de plans sociaux. Il s’agit ici à mon sens d’une remise en cause fondamentale de la démocratie sociale qui vise l’affranchissement de l’individu à l’égard de toutes les contraintes qui l’oppriment, et sa participation à l’établissement des règles que, dans tous les domaines, il est tenu d’observer. Or, si l’on considère que c’est sa situation économique qui est à l’origine de toutes les formes d’oppression qu’il subit, c’est sur la transformation des structures économiques que la démocratie sociale fera porter son effort. Elle met en cause le statut de la propriété, les conditions du travail et les modes de rémunération, la garantie de l’emploi et toutes les institutions qui, sous le titre général de sécurité sociale, protègent l’individu contre les risques de la vie ou les aléas de la chance. La démocratie dans la loge est bien présente :
La loge est souveraine et a pour principe « un homme libre dans une loge libre ». Toutes les responsabilités sont clairement délimitées et électives. Tous les frères maîtres sont éligibles aux différents plateaux. Le pouvoir des officiers dignitaires est très limité et les décisions sont collégiales. Les statuts et règlements de la loge sont votés par la loge et aucun responsable ne peut les modifier d’autorité. La liberté d expression de chacun est au cœur du dispositif. De par la méthode de « prise de parole », chacun a la possibilité de s’exprimer dans l’espace du Temple. Seules les idées sont contradictoires si nécessaires. Et l’aspect contradictoire de ces prises de parole me semble un élément important de l’aspect démocratique de notre Ordre Personne n est tenu de faire ce que lui refuse sa conscience ni de défendre le point de vue de la majorité. Par contre, il n’y a pas de campagne électorale et de vote au suffrage direct pour l’élection tous les deux ans du nouveau Vénérable. En fait le bureau sortant avalise de fait le nouveau Vénérable qui coopte son nouveau bureau, le tout étant approuvé par la chambre du milieu réunie pour valider un choix qui est tout ce que l’on veut, mais certainement pas démocratique. Cependant on pourrait distinguer les choses un peu différemment en regardant la source des règles (lois) auxquelles un groupe se soumet. Si celles-ci trouvent leur source au sein du groupe elle-même on pourrait qualifier (a défaut d’un autre mot) le système de démocratique. En d’autres termes un système pourrait être aussi qualifie de démocratique (au sens large définit ci-dessus) tant qu’un groupe social n’impose pas ses règles à un autre groupe social. Ou par extension tant que tous ceux qui le désirent pourrait se poser candidat a la gestion. Dans l’institution loi 1901 du Grand Orient, les piliers de l’organisation démocratique semblent en place avec une séparation nette des trois pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. Une restriction cependant, il me semble que le conseil de l’ordre avait fait une tentative de confusion des pouvoirs en tentant d’avoir l’autorisation de suspendre en urgence un frère, tout en transmettant la demande à la chambre suprême de justice maçonnique pour décision définitive. Cette demande a été rejetée, mais je trouve inquiétant le simple fait qu’elle ait pu être formulée. Il me paraît plus difficile par contre d’associer démocratie et initiation, voir démocratie et tradition.
L’initiation est une cooptation et n’est donc pas d’essence démocratique. Cependant, c’est la loge dans son ensemble qui vote l’acceptation des nouveaux membres et dans ce cas de figure, il n’existe aucune différence entre cooptation et élection au suffrage universel. Le seul élément étranger aux exigences habituelles de la démocratie est, pour le profane, le caractère anonyme de ses interlocuteurs. Ceci peut être fort grave lorsqu un frère de l’atelier fait valoir des objections et que le profane ignorant qui l’accuse et ce dont on l’accuse, ne peut se défendre. Le travail des frères enquêteurs doit éclairer l’atelier pour l’établissement de la vérité et permettre ainsi à chacun de juger en conscience et en connaissance de cause.
Puis débute pour le jeune initié un temps de silence, et un droit de vote très partiel. Ce processus n’est pas démocratique qu’à première vue car la grande majorité des apprentis finissent par acquérir la maîtrise. Dès lors ils ne sont pas, ni en tant qu’individus, ni en tant que groupe social fixe, prive de l’accès au pouvoir et ils peuvent donc se considérer comme faisant partie du même groupe que ceux qui érigent les règles
Je considère que la loge, outre l’espace formidable de liberté qu’elle représente, est aussi un lieu où se transmet une tradition et où les anciens sont sensés représenter et interpréter cette tradition. La transmission étant individuelle et chacun étant différent, personne ne chemine à la même vitesse, ni au même niveau de développement. Ceci n’a rien à voir avec la valeur des individus car chacun est aussi essentiel à la construction de l’édifice. Tous les maçons sont des pierres indispensables dans le bâtiment du temple, et s´il y a une pierre faible, les autres doivent la consolider. Il n’y a pas ici d’égalité d’accès à la connaissance, mais respect et attention du désir de progression individuel des frères.
Je ne sais pas qui a dit cette phrase : La démocratie est le régime politique sous lequel l’on peut regarder tout inconnu comme un ami. ». Elle est très optimiste, je n’oublie pas que la bête immonde arrive très souvent au pouvoir de manière démocratique. Platon écrivait d’ailleurs que la démocratie a inévitablement pour successeur la tyrannie à cause des excès de la liberté. Par contre la Franc-maçonnerie est l’institution où je peux regarder tout inconnu comme un ami, et où tout frère connu a été, est ou redeviendra un ami.
J’ai dit
Planche d’un inconnu