La Revue Trimestrielle « La Chaîne d’Union« , revue d’étude maçonniques, philosophiques et symabolique publiée par le Grand Orient de France d’octobre 2014 consacre un dossier à « L’imaginaire au service du symbolisme-Hommage à Gilbert Durand« .
Gilbert Durand (1er mai 1921 à Chambéry – 7 décembre 2012) est un universitaire français connu pour ses travaux sur l’imaginaire et la mythologie.
Agrégé de philosophie, successivement professeur de philosophie de 1947 à 1956, professeur titulaire et professeur émérite de sociologie et d’anthropologie à Grenoble II, disciple de Gaston Bachelard, d’Henry Corbin et de Carl Gustav Jung, maître de Michel Maffesoli avec qui il fonde, en 1988, les Cahiers de l’imaginaire, Gilbert Durand a été le cofondateur – avec Léon Cellier et Paul Deschamps en 1966 – et le directeur du Centre de recherche sur l’imaginaire1, noyau d’un réseau international de plus d’une soixantaine de laboratoires, et membre du Cercle Eranos et ancien résistant du Vercors.
Sommaire
Editorial : Mens invicta manet – René LE MOAL
Le philosophe Gilbert Durand incarne une pensée qui a profondément renouvelé l’exercice toujours délicat qu’est pour les francs-maçons l’interprétation du symbole. Comme le dit Jean-Jacques Wunenburger, professeur d’université à Lyon (page 29 et s.), Durand a cherché à expliquer, dans son livre majeur « Les structures anthropologiques de l’imaginaire », « les processus psychiques qui, à la jointure du corps et de l’intellect, s’activent par le biais de l’image symbolique. » Il poursuivra sa recherche dans deux autres ouvrages où il « réhabilite les pouvoirs de réflexion des images, à l’encontre d’une tradition intellectualiste qui n’y voyait qu’une expression sensible d’une pensée appauvrie ».
Ce qui a pu être considéré comme une tentative de révolution de la part de ce continuateur de Bachelard et de Jung ne constituait nullement, précise Françoise Bonardel, professeur émérite en Sorbonne (page 39 et s.), une disqualification du rationalisme qui domine la pensée depuis le Siècle des Lumières, mais une mise au jour, une exhumation en quelque sorte, du fondement imaginaire de celui-ci, édifié sur d’autres bases que celles qu’on avait supposées. Le philosophe Malebranche, pour ne citer que lui, avait ravalé l’imagination au rang de « folle du logis. » Le forfait dont Durand accusait le rationalisme, c’est l’iconoclasme – une « désastreuse destruction intellectuelle opérée à la source même de l’imaginaire occidental ». Pas étonnant, dès lors, que le même Durand se sentît particulièrement à l’aise devant les oeuvres d’art peintes.
« Bien qu’initié à la franc-maçonnerie par son ami Henry Corbin, francmaçon lui-même », Gilbert Durand resta à l’écart de toute obédience. Pour Céline Bryon-Portet, universitaire à Toulouse (pages 59 et s.), il n’était pas homme « à se laisser enfermer dans un système, fût-il initiatique ». Est-ce là qu’il faut chercher l’origine de la désaffection dont pâtit encore son apport ? Ou dans la concurrence entre image et raison, que pourtant il n’a jamais voulu opposer ? Pour elle, l’affaire est entendue : « Toute son oeuvre exprime une véritable parenté avec la philosophie des héritiers spirituels du pasteur Anderson. » Une oeuvre qu’on peut consacrer aujourd’hui comme « une formidable entreprise de revalorisation des formes symboliques. »
Ce dossier exceptionnel n’aurait pas été complet sans les articles de Michel Maffesoli, professeur en Sorbonne (pages 51 et s.) et de Jean-Pierre Villain (page 71 et s.). C’est l’honneur et la fierté de
LA CHAÎNE D’UNION, dont le premier numéro parut il y a cent cinquante ans (voir ci-après l’article d’Yves-André Barbette) de pouvoir mobiliser et réunir d’aussi fins connaisseurs d’une pensée dont le nombre de bénéficiaires augmente constamment.
Matière à débats
L’utopie, une invitation à la réflexion rebelle – Michel PALLOT
Les symboles, langage d’initiés ? – Alexandre DORNA
Le REAA, joyau du patrimoine du GODF depuis 1804 – François CAVAIGNAC
La raison maçonnique bute sur la mystique de la croissance… – François COEURMONT
Comment se perdre puis se trouver – Jean-Louis COY
Focus
La Chaine d’union fête ses cent cinquante ans – Yves-André BARBETTE
Dossier : L’imaginaire au service du symbolisme – Hommage à Gilbert Durand
Gilbert Durand : science et expérience de l’imagination symbolique – Jean-Jacques WUNENBURGER
Imaginaire et rationalité – Françoise BONARDEL
Tradition et postmodernité dans l’oeuvre de Gilbert Durand – Michel MAFFESOLI
Gilbert Durand et la franc-maçonnerie – Céline BRYON-PORTET
Trois livres pour comprendre une oeuvre – Jean-Pierre VILLAIN
Paroles de Maîtres
La justice et le doute – Samuel KLEINFINGER
Notes de lecture
Irène MAINGUY & Georges CANSELIET