Bon donc mon bilan de cet ouvrage : un super diagnostic mais hélas pas beaucoup de remèdes !
90 pages qui contrairement à ce que certains ont émis n’est pas un pamphlet, mais un réel constat de la Franc-Maçonnerie en France. Je ne pense pas non plus que la naissance de la Confédération Maçonnique de France (CMF) ait motivé ou accéléré la rédaction de cet ouvrage. La naissance de la CMF n’est pour moi qu’un symptôme supplémentaire du mal être existant en Franc-Maçonnerie ou alors qu’une spécificité supplémentaire de la Franc-Maçonnerie Française.
Le titre : Les promesses de l’Aube – Contre la guerre des obédiences : finalement cela aurait aussi bien pu s’appeler Contre la guerre des Grands-Maîtres puisqu’il est dit que « Les grandes loges n’ont finalement proliféré qu’en raison de querelles personnelles de leurs dirigeants et des absurdes questions de préséances, de revendication d’ancienneté, qui ont émaillé leur discours officiel depuis des décennies » (p.63)
Quant aux promesses d’un jour nouveau, j’ai des doutes mais espérons, espérons, éspérons !
La table des matières :
- Avant propos
- Introduction
- La Crise de la Régularité
- La Crise obédientielle
- La Crise du contenu
- Quelques repères sur les voies du renouveau
- La Crise de la Régularité
C’est la plus grosse partie du livre (bien les 3/4 du livre) : un véritable cours d’histoire de la Franc-Maçonnerie en générale pour nous expliquer en détail et de manière chronologique la question de la « Régularité » car c’est en grande partie cette question qui divise les francs-maçons d’aujourd’hui (et d’hier aussi) …. »La régularité : un mot que l’on brandit-ou qu’on se jette à la figure-à tout bout de champ, le plus souvent sans vraiment savoir ni d’où il vient exactement, ni ce qu’il signifie inévitablement.C’est aujourd’hui le premier noeud de la crise globale de la franc-maçonnerie en France.« (p.23)
C’est une partie importante car souvent nous méconnaissons trop l’histoire de la franc-maçonnerie donc notre propre histoire. Et souvent, dans nos loges, cette « Régularité » nous apparait un peu trop abstraite.
La CMF y est évoquée avec une mise en garde lorsqu’il est dit que « c’est l’heure du choix« . J’ai d’ailleurs bien aimé cette phrase qui résume ce choix « A défaut de « mourir pour Dantzig », faut il vraiment « rompre pour Bâle » (p.54)
- La Crise obédientielle
C’est le second noeud de la crise maçonnique en France. Selon les auteurs, la question de la régularité ne serait que l’arbre qui cache la forêt : « Si la vrai question que l’on essaie ainsi de résoudre n’était autre que la difficulté posée aujourd’hui par l’existence même du modèle moderne des obédiences maçonniques : des instruments utiles ou la source de tous les problèmes » (p.57)
L’explication passe par un petit rappel historique sur la naissance (et son histoire) de la première « obédience » la Grande Loge de Londres et de Westminster en 1717. Cette première obédience est progressivement devenue « une administration comme les autres ». Et on nous explique que finalement « les Grandes Loges, conçues comme des lieux de pouvoirs, des organismes dotés d’autorité, sont le produit de l’histoire politique et l’Europe, et non celui de l’évolution naturelle des loges de métiers. » (p.61)
L’espoir demeure puisque les auteurs prennent en exemple la Grande Loge d’Ecosse qui « laisse à ses loges la plus grande autonomie et n’intervient qu’à minima, voire pas du tout, dans leur vie quotidienne« . La Grande Loge d’Ecosse dans son fonctionnement est la « preuve que l’on peut être une institution prestigieuse de la tradition maçonnique et se passer d’un appareil obédientiel bureaucratique lourd et envahissant. Un constat qui pourrait faire voir la situation contemporaine sous un jour nouveau. » (p.63)
Ensuite, une phrase qui mettra d’accord bon nombre d’entre-nous « ce sont les appareils obédientiels qui sont à l’origine de tous les conflits internes à la franc-maçonnerie« (p.68)
Il est évoqué la situation d’après-guerre qui a vu le nombre des obédiences « exploser » et le cas de la GLNF qui « résonne comme une mise en garde : si nous n’y prenons garde, nous risquons de finir comme cela« (p.75)
- La Crise du contenu
10 pages consacrées à cette partie qui pourrait se résumer à ces deux questions « que venez vous faire ici ? » et « A quoi sert la franc-maçonnerie aujourd’hui ?«
Le contenu fait défaut et la place du recrutement prévaut : « ce concours est désolant et conduit à une conséquence qu’on pouvait redouter. Même s’il est difficile de le dire, chacun le pressant : le recrutement maçonnique, de nos jours, sous la pression du chiffre, amène dans les loges de nombreux candidats qui, en réalité, se demandent rapidement ce qu’ils y font, ou s’en font une idée particulièrement éloignée des grands principes fondateurs.« (p.84)
Il est vrai qu’une obédience à 50 000 membres fait plus la Une des journaux qu’une obédience à 1000 membres. Il n’y a qu’à voir la dernière élection du Grand Maître du GODF. L’élection du Grand Maître de la GLMF n’a pas fait autant de bruit !
Le constat est amer : « quand une institution, quelle qu’elle soit, perd son sens profond, il ne lui reste plus qu’un raison de vivre : c’est d’exister pour exister«
- Quelques repères sur les voies du renouveau
C’est en quelque sorte les remèdes plausibles aux maux de la Franc-Maçonnerie en France résumés en 5 pages et 4 propositions :
– Vers des obédiences « light » : la fin de la bureaucratie maçonnique
Revenir aux fondamentaux traditionnels avec des loges autonomes. La reconnaissance de la qualité de l’initiation maçonnique de chacun étant primordiale pour les auteurs.
– Mettre un terme à l’hypocrisie maçonnique
Rappel que frères, soeurs nous sommes tous égaux et authentiques qu’il faut « cesser l’hypocrisie qui consiste à « reconnaître » sans jamais rencontrer » (p.89)
– Une maçonnerie ni politique, ni mystique, ni sectaire, ni commémorative
C’est un appel « à la fin d’une franc-maçonnerie profane, voire profanée« . (p.89)
La loge, la tenue maçonnique doivent être un lieu et un moment de tolérance différent de la société profane qui nous entoure.
– Pour une « insurrection initiatique«
J’ai adoré la formule « d’insurrection initiatique » cela sonne comme révolution !
Mais ce n’est pas de révolution dont on nous parle mais de fraternité « une idée toujours neuve, toujours vivante« . Personnellement, je m’attendais à quelque chose de plus percutant !
Voilà non pas ma critique mais ce que j’ai retenu de cet ouvrage que je vous conseille de lire car il est à la fois un livre sur l’histoire de la franc-maçonnerie et sur l’histoire de la source de nos maux : les deux étant intimement liés.
Et pour finir, pour acheter un ouvrage je ne me fis pas aux critiques et beaucoup sont ainsi car un livre c’est une découverte bonne ou mauvaise. C’est une couverture, un auteur, un quatrième de couverture « alléchant », des pages que l’on feuillette, un bon ressentiment, etc…oui une découverte !
Après ce « j’ai lu« , je ne ferai probablement pas parti des « Quality Blogs » mais plutôt du reste et bien je réponds ceci : tant mieux d’ailleurs car je suis moi avec mes défauts et mes qualités et qui plus est j’adore les restes ! 🙂