La nécessité de réfléchir sur ce sujet est liée à la condition du franc-maçon à trois ans. Pourquoi cette caractérisation ?
Je vais donc essayer d’identifier l’importance du chiffre trois dans notre Ordre d’août, et je vais essayer de clarifier pourquoi, après tout, un Apprenti a l’âge de trois ans.
Je commence par remarquer que le chiffre trois a une présence pertinente dans nos vies : le monde dans lequel nous vivons est perçu par nous dans un espace tridimensionnel. Le temps, l’autre accès que nous avons à la réalité, nous offre trois divisions : le passé, le présent et le futur. Notre existence se déroule en trois grandes phases : la naissance, la vie et la mort. Le corps humain est divisé en trois segments ; tête, tronc et membres. La religion catholique présente le dogme du Père, du Fils et du Saint-Esprit de la Sainte Trinité, et dans sa théologie elle divise la vie après la tombe en paradis, purgatoire et enfer. La devise propagée par la Révolution française était triple : Liberté, Égalité et Fraternité.

Trois matériaux ont été utilisés dans la construction du Temple de Salomon : la pierre, qui représente la stabilité ; le bois de cèdre, synonyme de vitalité et l’or comme métaphore de la spiritualité.
Puisque nous avons parlé du Temple de Salomon, examinons maintenant la relation entre le chiffre trois et la franc-maçonnerie :
Nous commencerons par dire que trois degrés fondamentaux forment la Franc-Maçonnerie : Le plus complet est celui de Maître, précédé du degré de Compagnon et le premier degré, où l’on commence, est celui d’Apprenti. Cela se distingue par l’âge – trois ans, par trois pas, par les tambours (trois) et par les acclamations. Admis à l’Art Royal après trois voyages, on le reconnaît à trois choses : ses signes, ses paroles et ses touchers.
Cet Ordre d’Août possède 3 Grandes Lumières, chaque Temple ou Loge possède également 3 Grandes Lumières, 3 Petites Lumières, 3 Joyaux Fixes et 3 Joyaux Mobiles. À savoir:
- Les 3 Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie sont le Livre Sacré, qui gouverne notre foi, et l’Équerre et le Compas, par lesquels nous devons gouverner nos vies et nos actions.
- Dans la Loge, il y a 3 Grandes Lumières – Le Vénérable Maître, le Soleil et la Lune ;
- Les 3 Lumières Mineures – Le Vénérable Maître, le Premier Surveillant et le Deuxième Surveillant. Et pour que la loge soit juste et parfaite, il faut 3 choses : que trois la dirigent ; cinq l’éclairent et sept le rendent juste et parfait.
- Les 3 Joyaux Mobiles qui décorent une Loge sont : l’Équerre, le Niveau et le Fil à Plomb et sont associés aux 3 Petites Lumières. Les trois Joyaux Fixes, parce qu’ils sont exposés dans la Loge pour que les Frères puissent réfléchir sur eux, sont la Pierre Brute, la Pierre Polie ou Cubique et la Planche.
Au centre de la Loge, c’est-à-dire au point où s’exprime la volonté du Ciel sur la Terre, se dressent trois petites colonnes, représentant trois principes distincts mais interdépendants qui forment une unité. Ces colonnes présentent les trois ordres de l’architecture classique, ionique, dorique et corinthien. Positionnés entre eux, ils forment un triangle rectangle dont les côtés sont dans la proportion 3 x 4 x 5, dont la traduction symbolique est la suivante :
Le trois – symbole de l’esprit ; Le quatre – représente la matière ; Le cinq – est le lien entre les deux qui sert de médiateur entre la volonté du Ciel et l’action sur Terre.
La trinité centrale de la Loge Maçonnique du Rite Ecossais Ancien et Accepté – REAA, correspond également aux points cardinaux, aux Joyaux Mobiles de la Loge, à ses trois Petites Lumières et aux trois principes de construction du temple maçonnique ou éthique sociale. Nous dirons donc que :
- La Colonne Ionique située à l’Est symbolise la Sagesse. Elle correspond dans la Loge au Vénérable Maître qui porte l’Equerre, qui correspond historiquement au sage Roi Salomon ;
- La Colonne Dorique , située au Nord Nord-Ouest, symbolise la Force, détenue par le 1er Veilleur qui utilise le niveau et qui correspond historiquement au puissant Roi de Tyr, Hiram ;
- La colonne corinthienne du côté Sud de la Loge symbolise la Beauté, représentée par le 2ème Veilleur tenant le Fil à Plomb, qui correspond à l’artiste Hiram-Abiff, architecte du Temple de Salomon.
Pour que la Sagesse se manifeste, elle doit s’appuyer sur la Force et la Beauté. La Force sans Sagesse et sans Beauté engendre des actes imparfaits et si la Beauté n’est pas soutenue par la Sagesse et la Force, elle est illusoire et superficielle. Ce sont donc à ces messages que renvoient les symboles du Store pour le numéro 3.
Mais il y a plus. Sur le tableau des Apprentis qui décore la Loge à ce degré, sont dessinées 3 fenêtres à travers lesquelles on ne regarde ni de l’intérieur vers l’extérieur, ni de l’extérieur vers l’intérieur. Elles servent plutôt à permettre l’entrée de la lumière qui éclaire les Apprentis sur leur chemin. Il s’agit d’un itinéraire ascendant, représenté également sur le tableau par une échelle à trois marches ; L’échelle de Jacob.
Les trois échelons que requiert cette échelle correspondent aux trois vertus théologales : la Foi, l’Espérance et la Charité, les plus importantes (Bible, 1 Corinthiens 13.13) avec lesquelles l’Apprenti pourra construire son Temple, un temple juste et parfait et monter au ciel par la pratique de la vertu morale.
Pour cela, et parce que comme en haut, ainsi en bas, le Franc-Maçon se rend au Temple pour faire trois choses :
- Surmontez vos passions,
- soumets-toi à ta volonté et
- faire de nouveaux progrès dans la Franc-Maçonnerie.
Un initié est admis dans la loge en frappant trois fois, symbolisant trois mots écrits : Frappez et on vous ouvrira (à la porte du temple) ; cherchez et vous trouverez (la vérité) ; demandez et vous recevrez (la lumière).
De cette façon, vous accédez au Store. C’est le « lieu secret qui sert d’abri aux Maçons pour couvrir leur travail », c’est-à-dire un lieu protégé pour que le travail puisse être vraiment intérieur, comme le travail du Maçon qui doit être concentré à l’intérieur. Le magasin est donc comme un œuf avec un être potentiel, protégé de l’agitation extérieure.
C’est ainsi que, dans la Loge, l’Apprenti peut être initié aux mystères des trois premiers nombres et dispose donc de trois ans.
Le nombre Un, que les kabbalistes désignent Kether, correspond au point à l’intérieur du cercle, est la base de tous les nombres et indivisible, en le multipliant ne produit rien d’autre que lui-même. L’être même ou la conscience unificatrice de toutes choses, étant une existence unique et au-delà de tout doute possible, mais néanmoins incompréhensible.
Pour que l’Un se comprenne, il doit revenir à lui-même, créant une certaine dualité. Voici comment apparaît le chiffre deux. Ce que les kabbalistes appellent Chokmak, sera la manifestation de l’UN sous la forme de la reconnaissance de soi. « Je suis moi » conscience revêtue de connaissance. Ce processus conduit à la Compréhension – Binah, dans laquelle l’Un comprend que « Ceci qui est perçu » n’est pas son être, c’est différent, c’est donc un « non-soi » qui se complète et se traduit en sagesse.
Cette trinité forme maintenant une nouvelle unité, plus complète et plus complexe, non seulement comme la somme de ses parties, mais comme une unité composite, mais même ainsi, encore un premier voyage à l’intérieur de la conscience, qui doit être Rectifié de l’intérieur, sur le chemin de la lumière de la sagesse. Encore une pierre à découvrir.
Tout le symbolisme maçonnique est un accès à cette révélation. Par conséquent, la première image qu’un initié voit lorsque le bandeau est retiré pour la première fois est le triangle de la Lune, du Soleil et du Vénérable Maître, les Lumières de la Loge. Les deux étoiles sont le signe du jour, visible pour l’homme comme preuve du travail de GADU, le Vénérable Maître, représentant sa sagesse sur terre et c’est à l’initié d’avancer sur son chemin, dévoilant pour lui-même ce qui est maintenant devant ses yeux.
Et maintenant, Mes Chers Frères, pour être reconnu, le Maçon doit encore faire trois choses :
« Vous devez vous remettre en question et éviter les jugements de valeur avant de consulter la sagesse des Frères. »
Je vous présente donc le sujet qui m’a interpellé, sans jugement de valeur mais avec des fondements, afin que vous puissiez l’analyser à la lumière de votre sagesse.
RC