Source : Violaine Troffigué, Mythes et légendes
On raconte que Zeus s’éprit un jour d’une jeune princesse phénicienne, fille du roi Agénor, et qui s’appelait Europe. Son admirable beauté éveilla le désir du dieu qui souhaitait à tout prix posséder la jeune femme.
Tandis qu’elle se promenait dans les plaines comme à son habitude, accompagnée des jeunes demoiselles de Tyr et qu’elle s’amusait à composer des bouquets, Zeus fut émerveillé par le charmant tableau qu’offrait la jeune femme. Elle se penchait en riant pour couper la fine tige des fleurs et dégageait tant d’allégresse et de douceur qu’il fut aussitôt piqué par un ardent désir. Un troupeau de vaches passait tranquillement aux abords du champ où les jeunes femmes prenaient un peu de repos. Zeus ne pouvant se montrer aux yeux d’Europe sans risquer de la foudroyer tant sa puissance était colossale, et afin d’éviter la colère de son épouse jalouse, la terrible Héra, il prit la forme d’un majestueux taureau et se mêla au troupeau. Il ne souhaitait pas apeurer sa promise et trottait avec élégance, un regard doux et confiant posé sur la jeune créature. Son corps pourtant robuste ne dégageait rien de sauvage et sa splendeur était telle que la jeune princesse, d’abord intimidée, ne pouvait plus en détacher ses regards. Zeus, sous cette apparence, s’approcha de la belle Europe et s’étendit à ses pieds. Flattée, la jeune femme se mit à caresser les flancs du bel animal et, rassurée par sa douceur, para ses cornes de guirlandes fleuries. Le dieu déguisé était ébloui par tant de bienveillance et voulut témoigner de son affection en l’invitant à le chevaucher.
Il pencha sa tête et plia les genoux, les sabots contre sa poitrine, comme une révérence. La jeune femme, croyant qu’il s’agissait là d’un jeu, monta sur le dos du jeune animal, plus confiante que jamais.
Innocente, elle prenait plaisir à laisser ses pieds nus le long du torse du taureau. Elle resplendissait, tandis qu’il s’éloignait lentement du lieu où les jeunes femmes se reposaient paisiblement.
Puis, s’assurant que sa proie était solidement tenue, il partit au galop, piqué par la fougue, et atteignit le rivage d’un seul bond. Il se mit à fendre les flots avec tant d’ardeur qu’Europe, courbée sur son dos, encerclait son cou de peur d’être engloutie. Le vent faisait battre ses longs cheveux et les voiles de sa robe, et apeurée, elle se cramponnait à l’animal, sans oser émettre un seul cri. Elle ne put se retourner pour voir disparaître au loin ses amies et jamais ne revit son illustre père. Après un long et périlleux périple à travers l’océan, il étendit le corps fébrile de la jeune femme sur le rivage d’une terre inconnue. Épuisée, elle se laissa déposer sur le sable chaud.
Ainsi Zeus ravit la belle Europe pour la mener sur l’île de Crète. Là, elle lui donna deux fils, Minos et Rhadamante, qu’elle éleva avec tendresse. Mais Zeus, dieu suprême, ne pouvait demeurer plus longtemps aux côtés de la douce Europe et décida d’en faire une reine en la donnant pour épouse au roi de Crète, Astérion.