Ce numéro propose entre autre un entretien avec Pascal Vesin, prêtre et franc-maçon, ainsi que trois questions posées à 10 anciens grands-maîtres du GODF sur l’identité de l’obédience !
Lire l’éditorial de Samuël Tomei :
Un chiffre rond est souvent prétexte, pour une revue, à faire le point sur soi. C’est pourquoi ce numéro 300 sera consacré à l’identité du Grand Orient de France et, par conséquent, à celle d’Humanisme.
Comme toute autre, cette obédience a sa personnalité propre, mouvante et multiforme et donc difficile à dessiner, sauf, peut-être, en creux : ni secte puisque cet ordre initiatique promeut l’émancipation individuelle et prévoit la rotation rapide de ses « dignitaires » ni religion instituée puisqu’il fait profession d’adogmatisme. Organisation politique ? Malgré la volonté du Grand Orient de s’intéresser à la vie de la Cité et, le cas échéant, de s’y impliquer, « la francmaçonnerie n’a pas à devenir la doublure d’un parti politique (…), elle plane de haut au-dessus des doctrines, des systèmes et des dogmes momentanés et périssables des partis de la politique courante (…), elle ne saurait être ni radicale, ni socialiste ». Cet avertissement du frère Debierre, orateur du convent de 1906, reste valable et ne doit rien ôter pourtant à une ferveur républicaine qu’on surestime hélas souvent dans le monde profane.
De la même manière, ni Osservatore Romano ni Pravda, Humanisme ne fulmine aucune vérité révélée. Prônant la liberté absolue de conscience, le
franc-maçon du Grand Orient de France fait montre d’un esprit critique aiguisé auquel sa revue n’échappe pas et dont les rédacteurs en chef successifs ont tâché de tenir compte. Pour marquer ce trois centième numéro, nous proposons une nouvelle formule : présentation aérée d’articles plus courts, place plus importante accordée à la vie des loges en province et à l’actualité maçonnique internationale. De plus, bientôt, Humanisme sera pourvu d’un site internet, complément nécessaire à une indispensable version papier.
« Indispensable » car seul le tempo d’une revue permet de ne pas céder aux fausses urgences, de discerner les tendances lourdes parmi le tumulte, de remettre un événement dans une perspective longue. On ne peut prétendre transformer le monde en épousant son rythme mais qu’en s’en séparant temporairement pour prendre la mesure des maux qui l’affligent, les désigner par les mots justes et pour tenter des hypothèses, des réponses provisoires donc perfectibles. De ce point de vue, revue des francs-maçons du Grand Orient de France, Humanisme a vocation à être le reflet de leur exigence envers eux-mêmes et, pour reprendre l’expression de Péguy, à constituer une « fédération des consciences ». Noble ambition, presque un pari.
Samuël Tomei
- La revue Humanisme est disponible sur le site de « Conform Edition » au prix de 9 euros !