Il était une fois deux garçons, l’un s’appelait Luu-Binh, l’autre Duong-Le. Ils étaient liés par une profonde amitié. La famille de Luu-Bing était très riche, alors que Duong-Le vivait dans la misère. A la mort de leurs parents respectifs, Luu-Bing accueillit son ami dans sa maison, et le fit profiter de son aisance. Ils faisaient les mêmes études, partageaient les mêmes loisirs. Duong-Le conscient de sa situation, s’appliquait dans ses études, cherchait à approfondir ses connaissances. Luu-Binh, for de ses richesses se prélassait dans le plaisir et le jeu.
Le jour des concours nationaux, Duong-Le réussit brillamment. Il fut asussitôt nommé gouverneur par le roi, et partit prendre son poste dans une province éloignée. De son côté, Luu-Bing échoua lamentablement. Dépité, il rentra au village et reprit sa vie de débauche. Il s’appauvrit de jour en jour ; il continua néanmoins d’étudier, espérant réussir la prochaine fois.
Mais, à la sesion suivante, il échoua de nouveau. Découragé et ruiné, Luu-Bing quitta son village. Un jour, comme il traversait la province gouvernée par son ami, il se souvint de leur amitié et de la manière dont il avait recueilli Duong-Le. Il se rendit donc au palais du gouverneur et sollicita un entretien. A sa grande surprise, non seulement Duong-Le ne voulut pas le recevoir, mais il le fit chasser par ses gardes.
Luu-Bing s’en alla, la rage au coeur, maudissant l’ingratitude et le manque d’humanité de son ancien ami. Il se promit, sans trop y croire, de réussir les concours afin de surmonter cette humiliation. En regagnant son village, il s’arrêta dans une auberge tenue par une femme. Elle s’appelait Chau-Long et vivait seule. Comme elle lui témoignait de la sympathie, Luu-Binh s’attarda à l’auberge, et finit par y rester avec le consentement de Chau-Long.
Chau-Long poussait avec insistance Luu-Binh à étudier, l’encourageait de ses douces paroles et de sa détermination. Luu-Binh se laissa persuader par ces attentions et se remit sérieusement à préparer son concours. Jamais il n’avait autant travaillé, et bientôt ses progrès furent manifestes. Cela ne l’empêchait pas d’être sensible aux charmes de Chau-Long et il lui fit à plusieurs reprises des avances que Chau-Long repoussa avec douceur, en lui disant qu’il devait avant tout être reçu à ses examens et qu’après il serait toujours temps de penser à l’amour.
Luu-Bing n’avait donc d’autre possibilité que de se consacrer à son concours, tout en nourrissant l’espoir de conquérir Chau-Long, et de prendre sa revanche sur son ancien ami. A la session suivante, effectivement, il réussit brillamment et fut nommé à de hautes fonctions. Le coeur rempli de joie et de fierté, il se dépêcha de retourner à l’auberge pour annoncer la bonne nouvelle. Quelle ne fut pas sa déception de voir l’auberge fermée et de constater que Chau-Long avait disparu. Il la chercha partout en vain.
Son désespoir lui rappela sa revanche et il se présenta au palais du gouverneur en se faisant annoncer en tantque haut dignitaire du royaume.
Duong-Le l’accueillit alors en grande cérémonie et une grande joie. Luu-Binh voulut reprocher son attitude ingrate de la précédente fois et hypocrite d’aujourd’hui. Soudain, il aperçut Chau-Long qui arrivait derrière Duong-Le.
Intrigué, il la pressa de questions, et apprit qu’elle était la seconde femme de Duong-Le, envoyée auprès de lui avec mission de l’aider matériellement et de le pousser sur le chemin de la réussite. C’était laraison pour laquelle elle avait toujours refusé ses avances tout en l’entourant de mille attentions afin qu’il mène à bien ses études. Luu-Binh comprit alors quel était le plan de son ami lorsqu’il l’avait chassé. Emu et rempli de joie, Luu-Binh se réconcilia avec lui. Depuis, ils vécurent en bonne entente comme par le passé, symboles aux yeux du monde entier du vrai sens de l’amitié.