Le 9 novembre dernier, Libreville a accueilli la troisième assemblée générale de la Grande Loge du Gabon (GLG) depuis la chute d’Ali Bongo Ondimba, ancien président et Grand Maître de l’institution. Bien que physiquement absent, « l’ancien chef de l’État, reclus dans sa résidence de La Sablière, est resté au cœur des discussions, notamment en raison de son titre nouvellement attribué : Grand Maître honoraire », selon Jeune Afrique . Ce titre, inscrit sur le carton d’invitation, illustre une continuité symbolique entre l’ancienne et la nouvelle gouvernance maçonnique au Gabon.
Source : Gabon Mail Infos
Une assemblée aux enjeux politiques et maçonniques
La réunion a rassemblé des figures de haut rang, notamment huit Grands Maîtres africains tels que Sylvère Koyo (Côte d’Ivoire), Pierre Moukoko Mbonjo (Cameroun) ou encore Abdoul Kabèlè Camara (Guinée). Des délégations internationales venues de France, de Turquie, de Russie et d’autres nations ont également marqué de leur présence cet événement. « La participation notable de pays comme la Russie, de plus en plus active dans les cercles maçonniques africains, témoigne des influences géopolitiques croissantes sur ces réseaux », souligne Jeune Afrique .
Cette assemblée de la Grande loge du Gabon a également permis de souligner l’importance des réinstallations successives d’Ali Bongo Ondimba, d’abord en 2015 par Remzi Sanver (Grande Loge de Turquie), puis en 2022 par Jean-Pierre Rollet (Grande Loge Nationale Française). Ces cérémonies, qui ont attiré des délégations des Amériques, d’Afrique et d’Europe, confirmaient à l’époque la centralité du Gabon dans la franc-maçonnerie régionale.
Un nouveau leadership à l’épreuve
L’élection de Jacques-Denis Tsanga à la tête du GLG en octobre 2023 marque un tournant significatif. Historien et ancien ministre, il symbolise la volonté d’une rupture mesurée avec l’ère Bongo. Tsanga a « pris soin d’écarter les frères trop impliqués dans la gestion publique sous la présidence de Bongo », tout en favorisant des figures proches des nouvelles autorités. Ce repositionnement stratégique vise à consolider l’alliance implicite entre la GLG et le pouvoir du président Brice Clotaire Oligui Nguema, lui-même franc-maçon.
Les implications symboliques
Le maintien du titre honorifique d’Ali Bongo Ondimba illustre une certaine continuité dans la reconnaissance de son rôle au sein de la GLG. « Si son éviction politique a transformé les équilibres, sa mémoire reste omniprésente dans l’institution », estime Jeune Afrique . Ce statut met en lumière les liens profonds entre la franc-maçonnerie et la politique gabonaise, où chaque mutation dans l’une semble résonner dans l’autre.
Une franc-maçonnerie sous influences multiples
La participation de puissances étrangères comme la Russie ou la Turquie à ces rencontres montre que la franc-maçonnerie gabonaise est également un espace d’interactions internationales. Ces acteurs, à travers leurs loges respectives, contribuent à redessiner les équilibres maçonniques en Afrique.
En somme, la GLG, sous la direction de Jacques-Denis Tsanga, tente de naviguer entre continuité symbolique et adaptation politique, tout en restant au cœur d’un réseau international dynamique.