Entretien avec le nouveau Grand Maître du Grand Orient de France, Georges Serignac, sur le site Le Point le 19 janvier 2021
« Nous ne sommes pas une citadelle », plaide le nouveau chef du Grand Orient de France
Georges Serignac, élu samedi à la tête du Grand Orient de France (GODF), plaide dans un entretien à l’AFP pour une « ouverture sur l’extérieur » de la principale obédience maçonnique de France, dans un moment charnière de crise sanitaire et d’élaboration d’un « monde d’après ».
« Nous ne sommes pas secrets, nous sommes discrets« . Ce vétérinaire, Parisien de 67 ans, sera pour la durée de son mandat d’un an l’une des « seules personnalité visibles » de cette organisation, qui suscite de nombreux fantasmes et dont les membres ne sont pas censés révéler leur appartenance.
« Nous ne sommes pas un parti politique, ni un syndicat, encore moins une Eglise, nous nous mobilisons avec nos moyens à nous, principalement intellectuels« , complète le nouveau « Grand Maître ».
Sa priorité : « reprendre le travail », ou plutôt « les travaux », ces discussions sociétales et philosophiques au coeur, au même titre que les rituels, des réunions bimensuelles des francs-maçons, qui ont été fortement perturbées par la crise sanitaire.
« Le contact physique est absolument essentiel en maçonnerie, c’est ce qui permet d’une manière mystérieuse, même pour nous, de construire une pensée collective dans laquelle se mêle la dimension initiatique et intellectuelle, que nous appelons +spéculative+ », explique-t-il depuis son nouveau bureau au siège du GODF, rue Cadet dans le IXe arrondissement de Paris, un immense complexe de six étages qui comporte une quarantaine de « temples ».
« Nos +tenues+ (réunions) maçonniques ne peuvent pas se faire autrement, on ne peut pas les remplacer par le dématérialisé, pour nous c’est impossible du fait des rituels », ajoute-t-il, tout en disant « accepter » la nécessité des restrictions sanitaires.
Cette inédite année « en pointillés » s’est conclue pour le GODF par la publication, à l’initiative du précédent Grand Maître Jean-Philippe Hubsch, d’un livre blanc, intitulé « Après ». Cette rare synthèse publique des travaux de près de 1.500 loges de l’obédience, qui revendique quelque 52.800 membres à travers la France, propose des pistes de réflexion sur la société d’après la crise sanitaire. Et elle égratigne, dans certains passages, le gouvernement.