MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
Chronique 405
1862 – GODF : un Grand Maître désavoué
Nouvelle réponse, trois jours plus tard, soit le 25 mai, du frère Viennet, sommé donc d’intégrer le Suprême Conseil du Grand Orient de France :
« Monsieur le Maréchal, Vous me sommez, pour la troisième fois, de reconnaître votre autorité maçonnique et cette dernière sommation est accompagnée d’un décret qui prétend dissoudre le Suprême Conseil du Rite écossais ancien et accepté…
« Je vous déclare que je ne me rendrai pas à votre appel et que je regarde votre décret comme non avenu…
« L’Empereur seul a le pouvoir de disposer de nous. Si Sa Majesté croit devoir nous dissoudre, je me soumettrai sans protestation…
« Mais comme aucune loi ne nous oblige d’être Maçons, malgré nous, je me permettrai de me soustraire, pour mon compte, à votre domination. »
Le 26 mai, la Grande Loge Centrale, gérant les loges symboliques écossaises, remercie solennellement le Suprême Conseil du 33e degré de la conduite digne et calme qu’il a adoptée, adhère pleinement aux actes résultant des « sommations illégales du Grand Maître du Grand Orient », enfin affirme sa fidélité aux valeurs de l’Écossisme.
Le 3 juin, passant outre à une opposition manifeste du maréchal Magnan, les membres du Grand Orient de France, réunis en assemblée générale, décident quant à eux la suppression du Conseil du Grand Maître – qu’ils remplacent par un Conseil de l’Ordre composé de trente-trois frères.
Le maréchal Magnan a beau s’indigner d’une décision prise en sa défaveur, il ne peut recouvrer sa liberté d’action.
Jusqu’à sa mort, survenue en mai 1865, il ne manifestera plus jamais la velléité d’être Grand Maître de France. Quant au Suprême Conseil de France, il conservera son indépendance.
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En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
© Guy Chassagnard – Auteur de :
- Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016),
- La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
- Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
- La Chronologie de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT 2019),
- Les Annales de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT 2019)
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