Daniel KELLER, Grand Maître du Grand Orient de France, est signataire de l’appel lancé par le magazine Marianne le 1erjuillet 2015 en faveur de la Grèce : « Sauver la Grèce, c’est sauver l’Europe ».
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« Marianne » lance un appel, signé par une quarantaine de personnalités politiques et intellectuelles, à l’attention des gouvernements et des dirigeants des institutions européennes. Car si nous n’y prenons pas garde, il faudra peut-être bientôt ramasser deux cadavres : celui de la Grèce mais aussi celui de l’idée européenne. Lisez-le, signez-le et partagez-le.
THANASSIS STAVRAKIS/AP/SIPA
La Grèce : onze millions d’habitants, 2 % du PIB européen, 4,8 millions de chèvres, une destination de vacances rêvée… Et, depuis le week-end dernier : l’objet d’une vive émotion, d’une solidarité. À table en famille, dans les discussions impromptues au kiosque à journaux, dans les digressions de machine à café : on parle des Grecs et, souvent, on soutient les Grecs. On les soutient contre une Europe qui persiste et signe dans une politique d’airain, qui n’a jusqu’à maintenant pas porté ses fruits et qui semble devenue sourde à l’expression des peuples.
La France a connu cela en 2005. Consultés par la voie d’un référendum, les citoyens avaient rejeté le traité constitutionnel européen. Et pourtant, à Bruxelles, on avait fait peu de cas de cette expression souveraine. C’était il y a dix ans. Depuis, nous n’avons cessé d’en payer le prix. Quelle est la part de ce passage en force dans l’étiolement de l’idée européenne, dans nos niveaux d’abstention électorale historiques ou dans la désaffection amère à l’égard nos représentants politiques ?
Aujourd’hui, avec le cas grec, l’Europe est devant son heure de vérité : elle ne se relèverait pas d’un tel déni de démocratie. C’est ce que ressentent beaucoup d’Européens, quoi qu’ils pensent de la responsabilité des dirigeants grecs et de la nécessité de mettre en place des réformes structurelles. C’est une émotion qui transcende les clivages, et les signataires de notre appel le prouvent.
Bien sûr, nous avons essuyé quelques refus – certains, qui sont pour la fin de l’euro, trouvaient notre texte « petit bras » ; d’autres l’approuvaient en off mais ne voulaient pas publiquement s’éloigner de la ligne du parti… Mais beaucoup, donc, ont répondu présent : ils ne pensent la même chose ni d’Alexis Tsipras, ni de l’euro, ni des politiques économiques à mener, mais tous se retrouvent autour de la défense de l’expression démocratique sans laquelle il n’y aura plus d’idéal européen.
Anne Rosencher
L’appel de « Marianne »
SAUVER LA GRÈCE, C’EST SAUVER L’EUROPE
Qu’on y prenne garde : au-delà du cas grec, de la responsabilité des dirigeants de ce pays et de la nécessité d’y mettre en place des solutions structurelles, c’est l’idéal européen même qui est aujourd’hui en question.
Si les opinions retiennent de cette crise que l’expression démocratique d’un peuple ne compte pour rien et que des institutions aveugles sont seules habilitées à imposer, par-dessus la tête du citoyen, des solutions quasiment non négociables même si elles ont échoué dans le passé, l’image de l’Europe n’y survivra pas. Et il faudra ramasser deux cadavres : celui de la Grèce et celui de l’idée européenne…