MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 96
1728 – GODF ou GLDF ?
On ne peut qu’être étonné à la consultation des sceaux actuels de la Grande Loge de France et du Grand Orient de France ; les deux principales obédiences françaises auraient été fondées en… 1728. Qu’en-a-t-il réellement été ?
La réponse est simple et catégorique : ni l’une ni l’autre ne devrait moralement se référer à une année qui ne peut être historiquement considérée que celle d’une Grande Loge tout au plus des maîtres de loge parisiens.
Le fait est si pittoresque, pour ne pas dire saugrenu, qu’il mérite bien d’être présenté dans le détail. Le Grand Orient de France a été créé en 1773, pour remplacer un Ordre maçonnique unique ayant pour nom : Grande Loge de France – qui finalement n’a disparu en titre qu’en 1799.
Par voie de conséquence, le Grand Orient a célébré en 1973 son 200e anniversaire, avec émission officielle d’un timbre poste commémoratif de l’administration postale.
L’actuelle Grande Loge de France, qui avait regroupé, en fin d’année 1894, les loges écossaises dépendant depuis 1804 du Suprême Conseil de France, a fêté de son côté son centième anniversaire en 1994, avec émission officielle d’un timbre poste. Jusque là, tout est clair.
Mais le sceau du Grand Orient, qui arborait le chiffre 1773, a soudain présenté l’année 1736 (généralement admise pour la constitution d’une première obédience nationale en France), puis l’année 1728. Pour ne pas être en reste, la Grande Loge de France a suivi le pas de sa rivale.
Tant et si bien qu’aujourd’hui les sceaux des deux obédiences se réfèrent à la seule année « 1728 » pour asseoir leur propre légitimité. Ceci au risque de cultiver le ridicule qui, même en Franc-Maçonnerie, ne tue jamais.
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© Guy Chassagnard – Auteur de : La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
– Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
– Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016).
Tout a fait d’accord (pour une fois).
Dans mon prochain ouvrage : »1717-1747″ à paraître chez Numérilivre j’ai fait une longue étude sur la légende de 1728 et notamment la création de la Grande Loge par Wharton et Derwentwater pour en conclure que selon toutes probabilités il ne s’était rien passé cette année-là.